Centrafrique : la Hongrie rejoint l’opération militaire européenne

Jeudi 20 Février 2014 - 13:00

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Le gouvernement hongrois a donné son accord pour participer à l’opération européenne en Centrafrique (Eufor RCA). Budapest va envoyer un contingent d’officiers militaires à Bangui, a annoncé mercredi soir le Journal officiel du pays

« L’armée hongroise participera à l’effort européen avec six officiers (12 en période de relais) en Centrafrique jusqu’au 31 décembre 2014 », a annoncé le Journal officiel. « La participation de la Hongrie est fondée sur ses obligations en tant que membre de l’Union européenne, en guise de contribution au renforcement de la politique commune de défense et de sécurité », indique le Journal.

L’engagement de Budapest intervient après que l’Union européenne a fait part de son intention de déployer un millier de soldats en Centrafrique pour aider à rétablir l’ordre dans ce pays plongé dans le chaos. Le chiffre le plus couramment cité pour cette opération militaire européenne était au départ de 500 hommes. La France, qui intervient sur place avec 1 600 soldats, envisage de dépêcher 400 hommes supplémentaires, portant à 2 000 le nombre de soldats présents sur place.

Pour l’heure, la situation se détériore chaque jour à Bangui et dans les régions : les miliciens anti-balaka multiplient les exactions contre les civils musulmans, qui continuent à fuir en masse vers le Tchad et le Cameroun.

Les atrocités perpétrées en Centrafrique n’ont pas laissé insensible la haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Navi Pillay, qui a rappelé aux dirigeants placés en position d’autorité qu’ils avaient des obligations légales. Elle a précisé qu’ils pourraient avoir à rendre personnellement des comptes pour les graves violations des droits de l’homme commises du fait de leurs actions ou de leurs omissions.

« Je tiens à rappeler à tous les dirigeants occupant des positions importantes, qu’ils appartiennent aux anti-balaka, aux ex-Séléka ou à l’ancienne armée FACA, qu’ils ont des obligations claires découlant du droit international. Ils ont l’obligation de ne pas commettre, ordonner, inciter ou être à l’origine de violations du droit international, et d’empêcher leurs subordonnés de commettre de telles violations », a déclaré Navi Pillay. « Les personnes qui commettent des violations des droits de l’homme après en avoir reçu l’instruction ou l’ordre pourraient aussi voir leur responsabilité pénale individuelle directement engagée pour leurs actions ou omissions. », a-t-elle ajouté.

Les éléments anti-balaka prennent délibérément pour cible la population musulmane de la capitale. Ces attaques, qualifiées parfois d’« opérations de nettoyage » par des éléments anti-balaka, sont généralisées. Elles incluent des meurtres, des viols, des pillages et la destruction de maisons appartenant à des musulmans.

« Bien que quelques groupes d’ex-Séléka en tenue civile continuent à prendre pour cible des civils chrétiens à Bangui, la plupart des violations des droits de l’homme en cours sont le fait d’éléments anti-balaka qui semblent être chaque jour plus organisés », a fait savoir Navi Pillay, ajoutant que ces violations pourraient constituer des crimes contre l’humanité. Et de poursuivre : « Le degré de destruction est catastrophique. Les portes, les cadres des fenêtres, les toits des maisons sont brûlés ou enlevés. Même les murs sont réduits à l’état de ruines, avec l’intention manifeste de décourager les musulmans de revenir. »

La haut-commissaire a assuré que son équipe travaillait actuellement avec le ministère de la Justice pour garantir que les enquêteurs et procureurs puissent reprendre leurs activités et s’assurer que les personnes responsables de crimes et violations des droits de l’homme rendent des comptes.

Nestor N'Gampoula