Centrafrique : la situation reste préoccupante

Jeudi 6 Février 2014 - 14:44

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Le nombre de réfugiés centrafricains au Cameroun et en RD Congo continue de grimper malgré les différents appels au calme et l’élection de la nouvelle présidente de transition, Catherine Samba-Panza. La situation sécuritaire est toujours instable  

Le Parlement français se prononcera par un vote le 26 février sur la prolongation de l’intervention française en Centrafrique au-delà du début du mois d’avril avant de suspendre pendant cinq semaines ses travaux pour cause d’élections municipales. Avant le vote, une délégation de l’Assemblée nationale se rendra en Centrafrique, où interviennent des troupes françaises depuis le 5 décembre 2013, à travers l’Opération Sangaris, pour restaurer la sécurité dans le pays.

En effet, la constitution française, dans son article 35, stipule que, sur les interventions à l’étranger, lorsque leur durée excède quatre mois, le gouvernement soumet sa prolongation au Parlement et en cas de désaccord entre les députés et les sénateurs, le gouvernement peut demander à l’Assemblée de décider en dernier ressort.

La présence de 1.600 militaires français de la force Sangaris et de 5.000 soldats de la Misca, la force de l’Union africaine (UA), n’ont pas brisé le cercle de la violence, des attaques et des représailles, causant des dizaines de milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés et de réfugiés.

La plupart des hommes de la Séléka qui avaient fui Bangui après la prestation de serment de la présidente de transition, Catherine Samba-Panza, sont en train de se regrouper dans le nord du pays, où ils viennent de lancer une nouvelle vague d’attaques contre des civils. Le colonel de la Séléka, Ahmat Abdelkérim Bahar, a expliqué qu’ils sont partis de Bangui parce qu’ils avaient trois forces contre eux : « les anti-balaka, l’ancienne armée) et les Français qui voulaient [les] désarmer. Nous ne voulions pas donner nos armes aux Français, nous avons donc franchi la frontière pour les donner aux Tchadiens ».

Catherine Samba-Panza s’est fixé un délai d'au moins un mois pour sécuriser une grande partie du pays, mettant en garde les fauteurs de troubles qui continuent de semer du désordre. Elle a prévenu qu’ils répondront de leurs actes devant les juridictions compétentes. La présidente de la République a aussi relevé le manque de moyens des Forces armées centrafricaines (Faca), pour le paiement des salaires des fonctionnaires, et a lancé un appel aux partenaires au développement et aux pays amis, tels que la France, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Cééac), l’UA, l’Union européenne (UE) et les Nations unies.

La crise centrafricaine entraîne des manques à gagner à l’économie camerounaise, dont les pertes sont estimées à 3,7 milliards FCFA par mois, d’après les estimations du Bureau de gestion de fret terrestre (BGFT). Cette situation est à l’origine de la réduction du trafic de véhicules entre les deux pays, généralement estimé à 1.300 mouvements par an. En prenant en compte seulement les mouvements des Camerounais en direction de la Centrafrique, les pertes sèches sont estimées à 2,5 milliards FCFA, d’après la BGFT. À cela s’ajoutent le stationnement, l’immobilisation d’un camion, 100.000 FCFA par jour au minimum, pour 450 camions actuellement immobilisés à Garoua-Boulaï, à la frontière avec la Centrafrique, soit près de 1,5 milliard FCFA, entraînant la perte de certains produits agro-alimentaires par manque de conditionnement.

Un couloir humanitaire devient urgent pour éviter d’asphyxier encore plus l’économie du pays et sauver des vies humaines.

 

  

Noël Ndong