Centrafrique : le gouvernement négocie avec Joseph Kony

Vendredi 22 Novembre 2013 - 18:30

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Le porte-parole de la présidence centrafricaine a assuré, le 22 novembre, que des négociations étaient effectivement en cours entre les autorités et le chef rebelle ougandais de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) pour aider les nombreux civils qui le suivent

Guy-Simplice Kodégué a tenu à apporter cette précision après les doutes exprimés par les États-Unis sur le fait que le président centrafricain Michel Djotodia soit en contact avec Joseph Kony qui, d’après Bangui, souhaiterait déposer les armes et se rendre.

« Il y a des enfants, des femmes, des vieillards, qui sont des apatrides : tout cela a amené les autorités centrafricaines, et le chef de l’État en premier lieu, à envisager une phase de négociation afin de leur porter secours », a déclaré le porte-parole de la présidence, ajoutant que toutes ces personnes vivaient avec les combattants dans une région isolée de Centrafrique.

Pour Guy-Simplice Kodégué, le temps est arrivé de trouver une solution à la situation de Joseph Kony. « Le président Michel Djotodia appelle la communauté internationale à se saisir de cette situation parce que la Centrafrique a déjà trop de problèmes. L’État n’a pas les moyens de faire face à ses propres problèmes pour en rajouter d’autres, et les charges qui pèsent sur Joseph Kony sont lourdes », a-t-il souligné.

Et le porte-parole de la présidence de poursuivre : « Les États-Unis ont mis beaucoup de moyens, notamment de l’argent, du matériel et des hommes pour traquer Kony. Cela dure encore. C’est une position qu’ils défendent, mais nous pensons qu’il faut donner tout son sens à la démarche du chef de l’État, afin d’éviter à la Centrafrique de sombrer dans un autre cycle de violences […]. Si les États-Unis sont parvenus à mettre la main sur Ben Laden, c’est parce qu’ils ont envisagé plusieurs options et il faut mettre toutes les options en jeu en ce qui concerne Joseph Kony. S’ils veulent entrer en contact avec lui, il y a des moyens à mettre en œuvre. »

Le 21 novembre, le président centrafricain a assuré être entré en contact avec le chef de la LRA, qui souhaiterait sortir de la clandestinité. « Nous sommes en train de négocier avec lui. Il a demandé à être fourni en nourriture, le gouvernement s’est occupé de cela », déclarait-il, lors d’une rencontre dans la capitale centrafricaine avec les représentants de partis politiques.

Depuis 2008, l’armée ougandaise, appuyée par une centaine de soldats américains des forces spéciales, pourchasse les rebelles de la LRA, un mouvement armé originaire d’Ouganda. Cette chasse à l’homme, pour laquelle Washington a offert cinq millions de dollars, s’est poursuivie loin du territoire ougandais, en République démocratique du Congo, au Soudan et en République centrafricaine sans parvenir à aucun résultat. Elle s’exécute désormais dans le cadre d’une opération de l’Union africaine et rassemble quelque trois mille hommes.

Un rapport de l’ONU estime que la LRA a tué plus de 100 000 personnes en Afrique centrale ces 25 dernières années. Le texte souligne que le mouvement a enlevé 60 000 à 100 000 enfants et déplacé 2,5 millions de personnes depuis 1987. Joseph Kony et plusieurs de ses lieutenants sont depuis lors recherchés par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Active dans le nord de l’Ouganda depuis 1988, la LRA a lancé ses opérations depuis 2005 dans le nord-est de la République démocratique du Congo, ainsi qu’en Centrafrique et au Soudan du Sud. Ses combattants sont tristement célèbres pour se livrer à des pillages, des viols, mutilations, meurtres et enrôlements forcés d’enfants utilisés comme soldats ou esclaves sexuels.

Nestor N'Gampoula