Centrafrique : le spectre des violences plane toujours

Vendredi 18 Mai 2018 - 13:58

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Le pays a connu une semaine meurtrière avec un regain de violences dans le centre et le sud-est, en proie à des tensions intercommunautaires depuis quelques mois.

Les tensions intercommunautaires, à l'origine des violences de 2013 qui avaient fait des milliers de morts, avaient laissé la place, depuis 2014, à une lutte d'influence et de contrôle des ressources entre les groupes armés et l'Etat. Ces derniers mois, elles ont refait surface.

Un Casque bleu mauritanien a été tué et huit autres personnes blessées dans l'attaque d'un convoi logistique de l'ONU près d'Alindao, dans le sud-est du pays. C'est le troisième Casque bleu tué de la Mission de l'ONU dans le pays depuis le début de l'année. « Quarante assaillants » antibalaka ont perdu la vie durant les combats, selon l'armée mauritanienne. « Pourquoi s’attaquer à des Casques bleus dont la présence sur le sol centrafricain n’a d’autres objectifs que d’aider le pays à sortir de l’engrenage de la violence et contribuer au retour d’une paix et d’une stabilité durables en République centrafricaine ? », s'est insurgé le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Centrafrique, Parfait Onanga-Anyanga.

Bambari (centre) a été, en début de semaine, le théâtre de violences, dans lesquelles huit personnes ont perdu la vie. La gendarmerie, le commissariat, la paroisse ainsi que les bases de l'ONU et de plusieurs ONG ont été attaqués par des hommes armés « présumés affiliés », selon l'ONU, au groupe armé Union pour la paix en Centrafrique. Ce groupe, qui avait fait de Bambari sa base, avait été délogé par la force de la ville par la Minusca, en février 2017. Les Nations unies en avaient par la suite faite la « vitrine de la paix » en Centrafrique et plaidaient pour une « ville sans armes ni groupes armés ».

Depuis, l'ONU a annoncé avoir repris « le contrôle » de la ville et indiqué qu'elle n'allait « pas laisser cette ville symbole du retour de l'autorité de l’Etat entre les mains de groupes armés ». Selon le communiqué onusien, les violences à Bambari ont été causées par « des rumeurs de meurtres sur fond de division communautaire ».

A Bangui, des affrontements ont fait plusieurs dizaines de morts en avril et début mai. Une église a été attaquée et son prêtre tué par des hommes armés fin avril. S'en sont suivis le lynchage de deux personnes soupçonnées d'être des musulmans et l'incendie d'une mosquée, laissant craindre un retour des violences interreligieuses.

Mi-avril, deux des principaux groupes rebelles armés issus de l'ex-Séléka, prétendant défendre les musulmans, avaient menacé de lancer une offensive sur Bangui depuis Kaga Bandoro (nord). La France a effectué, mi-mai, un survol dissuasif de Kaga-Bandoro avec deux Mirage 2000-D venus de N'Djamena (Tchad) pour une démonstration de force, un passage à très basse altitude et grande vitesse destiné à intimider.

La Centrafrique a basculé dans la violence et le chaos en 2013 après le renversement de l'ex-président, François Bozizé, par la milice Séléka promusulmane, entraînant la contre-offensive de groupes antibalaka. L'opération française Sangaris (décembre 2013-octobre 2016) et l'intervention des Nations unies ont permis la fin des massacres de masse et l'élection du président Faustin Archange Touadéra.

Josiane Mambou Loukoula

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