Opinion

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Ces oubliés et ces méconnus de l’histoire congolaise : 15 octobre 1997- 15 octobre 2017 : 20 ans déjà, depuis la fin de la guerre !

Vendredi 13 Octobre 2017 - 10:40

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Plus personne ne s’en souvient. Et pourtant, le Congo est passé à côté du pire, il y a  20 ans. La guerre toujours rôde. On la croyait définitivement terminée le 15 octobre 1997.  Deux décennies  après, de manière éruptive et résurgente, elle continue dans le département du Pool. Le 3 octobre dernier, les sages et les notables de cette partie de notre pays, mutilée par une guerre inique, ont embouché la trompette de la paix, en présence de Denis Sassou Nguesso, président de la République. Depuis près de deux décennies, la guerre est un véritable boulet pour la République.

Les mines réjouies des sages, au sortir de la rencontre avec le chef de l’Etat, laissent penser que les plaies de la guerre vont être définitivement pansées. La fiction d’une guerre sans fin laisse place à l’espoir d’une paix indispensable pour le pays. La force a montré ses limites. La force du dialogue doit s’imposer  désormais pour contrarier l’ébranlement de la situation économique et toutes les tragédies qu’il entraîne au quotidien. « L’économie mange la politique ».  l’état « crisique », pour emprunter ce néologisme à Georges Balandier,  a rendu inaudible tous les discours, du pouvoir comme ceux de l’opposition. Ventre affamé n’a point d’oreille. L’anomie s’installe.

15 octobre 1997-15 octobre 2017, il y a 20 ans que prenait fin la déflagration du 5 juin 1997. La guerre est toujours une calamité avec des dégâts humains, financiers et matériels. Depuis ce grand séisme qui l’a ébranlé, le Congo vit toujours sur le pied de guerre, l’arme au pied. Paix armée disent certains, les armes toujours à portée de mains. Dieu merci, le Congo est passé très près d’un funeste destin. Force est de constater que la passion égare la raison et entretient des tensions délétères. On ne gagne rien, en fin de compte,  en opposant les Congolais les uns aux autres.  La constitutionnalisation du dialogue est un moyen d’exorciser définitivement les contradictions qui ébranlent le monde politique. Certains politiciens freinent des quatre fers lorsqu’on évoque le dialogue. Chacun en a sa conception. Hélas. La rivalité entre les prétendants et le pouvoir actuel est tellement forte que certains en perdent la raison. L’opposition, ou ce qu’il en reste, pour exister, se vautre dans une posture de refus systématique reposant sur les excès verbaux et la caricature.

Entre guerre et paix, le développement du Congo prend un coup sérieux. Les tensions dans le Pool font  un mal considérable au pays. Au lieu de « guerre du Pool », il sied de parler de guerre tout court, tant les conséquences dépassent le cadre précis  de cette partie  de notre pays. La question sécuritaire capte toute l’attention et une grande partie des ressources. Même si elle n’est pas correctement chiffrée, l’incidence de cette guerre est incontestable. Il faut en sortir. « Plus jamais ça », avons-nous dit depuis des années, sans jamais en faire une réalité. Par une certaine forme de mithridatisation, le côté funeste de la guerre n’impressionne plus personne.

Les mutations entraînées par la Nouvelle Constitution font la part belle au dialogue. Le vrai dialogue, sans arrière-pensées politiciennes, comme l’envisagent trop souvent nos hommes politiques. La « routinisation de la confrontation politique appauvrit les combats d’idées ». Elle contrarie ce qui est souhaité et souhaitable pour le Congo : « un être ensemble assumé, ranimant l’espace d’un moment la nation ; une solidarité fondée sur la tolérance, le respect des différences, etc. », toutes choses dont ne sont plus capables nos politiciens, uniquement préoccupés par les  avantages qu’ils peuvent tirer de leur activisme. Les situations de crises militaires récurrentes sont devenues un fonds de commerce sur lequel prospèrent, sans état d’âmes, de nombreux individus sans foi  ni loi. Le Congo compte pour des prunes. Tous des prédateurs !

Le Conseil national du dialogue, constitutionnalisé, est le lieu propice d’anticipation des conflits par le pouvoir et le poids des mots. Cette constitutionnalisation de l’interlocution implique un changement paradigmatique qui fait du dialogue l’alpha et l’oméga de la nouvelle politique, antinomique de la confrontation violente permanente. Le président Denis Sassou Nguesso a inversé une dérive désastreuse et remis le pays sur les rails, en dépit des difficultés conjoncturelles actuelles. C’est une passe difficile qui exige la participation de tous pour en sortir. Il faut inverser la tendance et retrouver un cycle vertueux, celui du développement. Mais avec quels hommes ? « L’homme qu’il faut, à la place qu’il faut » a du mal à devenir une réalité. Cette proclamation, plus que jamais, reste d’actualité. Les vrais héros ne sont pas toujours ceux que l’on croit.

MFUMU

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