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Ces oubliés et ces méconnus de l’histoire congolaise : Instantanés de Brazzaville

Jeudi 14 Septembre 2017 - 17:50

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Brazzaville s’est construite au jour le jour, au hasard des besoins et des spéculations. Depuis sa création en1883, la capitale de la République du Congo a connu de profondes mutations, surtout, au cours de ces 20 dernières années, n’en déplaisent aux détracteurs retors. Certains de ses repères spatiaux se perdent désormais, happés par le temps qui passe. Quelques réalisations architecturales ont jailli de terre.

Je vais évoquer pêle-mêle le passé récent des endroits qui font la fierté de Brazzaville, comme la nouvelle corniche et d’autres encore. Cette route,  située  derrière le bâtiment de la mairie,  passe sur l’emplacement de l’ancien port Léon, le port de la mission catholique d’où sont partis les bateaux qui remontèrent le Congo et l’Oubangui pour évangéliser l’arrière-pays. Là furent construits le Diata en 1886, le Léon XIII en 1897, le Pie X. De ces souvenirs historiques, rien n’a subsisté.

Aujourd’hui s’y élève, la route de la corniche,  le lieu d’attraction de  tous les Brazzavillois, notamment le dimanche, où elle est réservée aux piétons.  Au bout de la corniche se trouve deux monuments, témoins de l’histoire moderne de Brazzaville. Le premier, « le Phare de Brazza », élevé à Savorgnan de Brazza et à ses compagnons. Simple pyramide tronquée sans décoration, ce « phare symbolique éclaire le Congo pour perpétuer le souvenir de celui dont la mémoire est pure de sang humain ». Il fut inauguré en présence de Mlle Marthe de Brazza, fille de l’explorateur, le 30 janvier 1944, à l’occasion de l’ouverture de la conférence qui réunit tous les gouverneurs et gouverneurs généraux de l’Afrique noire. La « Case de Gaulle » est le deuxième monument. Elle fut construite pour le général de Gaulle alors que Brazzaville était la capitale de la France Libre. Celui-ci y séjourna en novembre 1940, en mai et août 1941 et en septembre 1942. Bâtie en grès mauve du Congo agrémenté de claustras, elle est l’œuvre de l’architecte Errel.

À quelques encablures de là,  s’élève le lycée Savorgnan-de-Brazza. Conçu par Errel, il est construit entre 1949 et 1951et inauguré par Jacquinot, alors ministre de la France d’Outre-mer. Il fut ouvert pour la rentrée scolaire d’octobre 1951.  Depuis quelques semaines s’élève à côté du Lycée Javouhey (ex-Lumumba), un immense immeuble, future banque chinoise pour l’Afrique. À cet endroit se trouvait la piscine des « Caïmans Congolais », club privé, réservé aux Européens. Non loin de là, sur l’avenue Mgr Augouard, se trouve la cathédrale Saint Firmin (aujourd’hui Sacré-Cœur). Commencée en 1892, cette cathédrale fut inaugurée en 1894, le jour de l’Ascension et fut remaniée et restaurée en 1911 et en 1952. Son constructeur, Mgr Augouard, a laissé un nom célèbre dans tout le Congo. C’était, à l’époque où elle fut édifiée, le plus beau bâtiment de tout le Congo. Ses proportions pour l’époque sont impressionnantes : 40m de long, 12m de large avec un clocher de 20m de haut. Les deux tours furent ajoutées en 1904 par le R.P. Rémy. Les cloches datent de 1902. Elle est construite tout en brique (il n’en a pas fallu moins de 450.000).  Mgr Augouard naquit à Poitiers en 1852 et, jeune missionnaire de la Congrégation des Pères du Saint-Esprit, fut envoyé au Gabon en 1877. Il arriva au Stanley Pool en 1881, fonda la mission de Linzolo en 1883, et celle de Brazzaville en 1887. Nommé évêque en 1890, il resta 44 ans en Afrique centrale et mourut le 3 septembre 1921, à l’âge de 69 ans. Il repose à Chevilly (France).

En face de l’Archevêché, se trouve l’ancien bâtiment de radio Brazzaville, poste émetteur français émettant de la capitale congolaise. Ses émissions cessèrent  en 1972. Ce bâtiment,  inauguré en 1949,  fut repris par la Voix de la Révolution congolaise, station nationale de radiodiffusion jusqu’à son déménagement à Kombo. Depuis quelques mois, le camp clairon a fait sa mue. Des tours modernes ont pris la place des villas coloniales. Elles se dressent en face de l’ancien Parc zoologique. En fait, le zoo, comme on l’appelait, est un lieu de transit pour les animaux qui sont ensuite exportés dans le monde entier notamment en Amérique. On y trouvait en permanence une belle collection de singes, de gorilles dont le fameux Grégoire que les anciens brazzavillois ont connu, des lions,  et autres fauves, des antilopes et des gazelles, des buffles nains, des pythons et, en général, les spécimen de la faune africaine. Ces animaux ont été décimés lors de la guerre du 5 juin 1997 qui a complètement ruiné le zoo. 20 ans après, rien n’est fait pour le réhabiliter. Dommage. Pendant longtemps, le zoo était un lieu de villégiature pour les Brazzavillois.

Non loin de là, se trouve le quartier des Quinze-Ans, qui doit son nom aux anciens tirailleurs retraités après 15 ans de service. Le noyau originel est constitué de maisons en ciment recouvertes de tôles ondulées et entourées,  construites par la Sic (Société immobilière du Congo), d’où, (Quartier Sic), l’autre nom pour désigner cet îlot de modernité pour l’époque.

De l’autre côté du chemin de fer, l’hôpital général de Brazzaville (actuel CHU),  dont le projet des architectes Calzar et Berthelot était beaucoup plus grandiose. À l’emplacement du  Ledger, trônait l’ « hôtel des Relais Aériens » qui dominait une partie de la ville et de Poto-Poto. Les vrais héros ne sont pas toujours ceux que l’on croit. 

 

MFUMU

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