Changement climatique : l'Afrique parmi les zones d'érosion des sols fortement liée aux pluies

Samedi 9 Décembre 2017 - 11:54

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La carte mondiale de l'érosivité des sols montre des différences régionales dans l'impact des précipitations. Constat : les zones climatiques tropicales sont les plus vulnérables à l'érosion des sols liée aux pluies.

L'érosion des sols peut augmenter à mesure que les précipitations deviennent irrégulières avec l'évolution du climat. Selon une étude impliquant des chercheurs de plusieurs nationalités, les régions situées dans les zones climatiques tropicales paient le plus lourd tribut à l'érosion des sols liée aux précipitations. Cette étude a mis au point la toute première base de données mondiale sur l'érosion due aux précipitations et une carte de l'érosion à l'échelle mondiale. Elle note que si les précipitations offrent une humidité cruciale pour la croissance des plantes, elles constituent aussi l'une des principales causes de la dégradation des sols, appelée érosivité des pluies, menaçant la durabilité de la disponibilité en nourriture et en eau.

Pour les experts, les prédictions des modèles d'érosivité à l'échelle mondiale sont très importantes, car elles peuvent aider à évaluer les risques, à planifier et à mettre en œuvre des stratégies efficaces d'atténuation des impacts et de restauration des sols. « Au cours d'une année donnée, il y a des pluies d'intensité et de durée différentes. D'autres facteurs, comme la végétation, varient également tout au long de l'année », a fait savoir Anton Vrieling, professeur adjoint à la Faculté de géo-science de l'information et d'observation de la Terre, de l'Université de Twente, aux Pays-Bas.

Selon l'étude, l'érosion hydrique attribuable aux précipitations reste peu mesurée, malgré son importance. Ceci s'explique par le fait que l'érosion par les précipitations est complexe et influencée par divers facteurs, y compris l'intensité, la durée, la quantité et la fréquence, qui ne sont pas pris en compte dans les méthodes actuelles d'estimation de l'érosivité. Dans la modélisation de l'érosivité annuelle des précipitations pour différentes régions, l'équipe internationale s'est appuyée sur les données relatives aux précipitations recueillies auprès de 3 625 stations réparties dans 63 pays. Bien que la moyenne mondiale soit d'environ 2 190 MJ.mm/ha.h.an (mégajoules de millimètres par hectare par heure et par an), l'Amérique du Sud (en particulier le Brésil, la Colombie et le Pérou), l'Asie du sud-est  (Cambodge, Indonésie, Malaisie, Philippines et Bangladesh), les Caraïbes, l'Afrique centrale et l'Afrique occidentale ont des indices d'érosivité annuelle moyens supérieurs à 5 000 MJ.mm/ha.h.an.

Les régions froides et sèches comme le Canada, la Fédération de Russie, l'Europe du Nord, l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient ont l'érosivité moyenne annuelle la plus basse possible. « Les forêts tropicales et les zones de mousson ont des précipitations intenses mais aussi des précipitations mensuelles excédentaires (plus de 1000 millimètres pour deux mois consécutifs). La zone méditerranéenne (une zone climatique tempérée typique) présente des pluies saisonnières moins intenses que celles des zones tropicales », a déclaré Panos Panagos, chef d'étude et responsable scientifique, au Centre commun de recherche de la Commission européenne.

 Anton Vrieling a fait, cependant, observer que le calcul de l'érosivité des précipitations à différents moments d'une année serait plus utile que la valeur moyenne annuelle. Étant donné que les phénomènes de pluies extrêmes sont plus fréquents en raison de l'évolution du climat, l'érosion des sols devrait avoir un impact accru sur la production agricole et contribuer davantage aux risques liés aux catastrophes, comme les inondations et les glissements de terrain.

Josiane Mambou Loukoula

Légendes et crédits photo : 

Érosion sur la route Djambala-Lékana au Congo

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