Charles Zacharie Bowao n'exclut pas de quitter le PCT

Samedi 7 Mars 2015 - 12:33

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Le Magazine Afrique-Asie a publié dans son numéro du mois en cours, une longue interview de l’ancien ministre de la Défense nationale, Charles Zacharie Bowao, membre du bureau politique du Parti congolais du travail. Cet entretien essentiellement politique tourne autour de l’échéance présidentielle de 2016, avec son corollaire, le débat sur le changement de la Constitution. Opposé à cette démarche, il déclare : « Si par extraordinaire, le président décidait d’aller au référendum, ma présence au sein du PCT ne se justifiera plus ».

Ainsi qu’il s’exprimait il y a quelques mois à travers sa « lettre ouverte » au président Denis Sassou N’Guesso, l’ex-ministre ne semble pas avoir varié son discours. Du bouillonnement qui anime le microcosme politique congolais aujourd’hui, Charles Zacharie Bowao retient fondamentalement le délitement de son parti et de la majorité présidentielle. Il dit de ces deux instances qu’elles deviennent minoritaires dans l’opinion. Sa conviction, il se la fait, insiste-t-il, de ce qu’il suit des débats. Et de poursuivre : «  La société civile s’organise déjà, l’opposition est en voie de le faire, cela risque de changer la donne ».

Regrettant de ne plus rencontrer le président de la République depuis son départ du gouvernement (septembre 2012), Charles Zacharie Bowao estime néanmoins que le chef de l’Etat n’est pas étonné de ses déclarations : «  À mon avis, le président n’est pas surpris par mes prises de position intellectuelles et publiques ».  L’homme parait « inconsolable » sur les péripéties du 4 mars qui aboutissent à son éviction du gouvernement : «  Je dirai un jour ma part de vérité sur cette tragédie qui engage la responsabilité collective du gouvernement de la République ».

Il se montre par ailleurs inquiet sur l’avenir politique du Congo, citant en passant l’exemple du Niger, sous l’ancien président Mamadou Tanja, ou encore récemment le Burkina Faso, avec l’ex-président Blaise Compaoré. En revanche, il n’aborde pas l’autre question, en débat depuis plusieurs mois, et qui semble faire consensus au sein de la classe politique congolaise, à savoir l’organisation d’un dialogue inclusif.

Si l’on va vers un blocage au regard des positions heurtées des uns et des autres, sans doute le dialogue serait la voie indiquée pour décrisper le climat politique dans le pays. C’est bien ce que pense Me Martin Mberi, ancien ministre, dans une «  lettre citoyenne » parue chez notre consœur : «  La semaine Africaine » du 6 mars :

«  Que faire pour changer la Constitution ? »,  s’interroge- t-il, avant de proposer une voie de sortie : «   Une seule approche est possible : laisser s’exprimer, librement, toutes les thèses relatives à la question constitutionnelle, au cours du dialogue national sur le même pied d’égalité. Il revient à ce dialogue, par voie consensuelle, de dégager une résolution finale… Cette résolution finale peut traduire une solution unique (une Constitution) que le président de la République soumet au référendum. Cette Constitution devient Constitution de la République, si les citoyens qui disent «  oui » l’emportent sur ceux qui disent « non ». Dans la même optique, le Pr. Théophile Obenga, suggère «  un débat d’idées, sain, courtois, fructueux, proscrivant le préjugé, l’apriori partisan, la platitude courtisane, la déformation volontaire de l’opinion d’autrui ».

On le voit, les intellectuels et les politiques, les politico-intellectuels s’en mêlent désormais argument contre argument. Devant les prises de position des « pour » ou des « contre » le changement de la Constitution, la population congolaise appelle les politiques embarqués dans ce débat qui devient passionnant à préserver le climat de quiétude dans le pays.

Les Dépêches de Brazzaville