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Cherche médiateur dans l'immédiat

Samedi 28 Novembre 2020 - 17:38

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Les acteurs centrafricains vont-ils se tourner à nouveau vers Brazzaville, pour tenter de relancer le dialogue entre eux ? A un mois de l’élection présidentielle et des législatives prévues, le 27 décembre, le climat intérieur en République centrafricaine est tendu. Réunis vendredi dernier, à Libreville, la capitale gabonaise, dans le cadre de la 18è conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEEAC-Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale, les dirigeants de la sous-région ont exprimé leur vive préoccupation devant le risque de détérioration du fragile équilibre dans lequel ce pays vit depuis les cinq dernières années.

Dans la déclaration qu’ils ont rendue publique à cette occasion, ils ont appelé au renforcement de la présence de l’organisation sous-régionale en Centrafrique et à la désignation d’un médiateur. Les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEEAC ont indiqué qu’il ne s’agit nullement d’une ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat membre. On se souvient qu’en 2013, lorsque la milice Seléka avait pris le pouvoir par les armes, la République centrafricaine était au bord de l’éclatement. La prompte intervention de la sous-région permit de préserver l’intégrité de cet Etat soumis à la prédation de nombreux groupes armés.

On se souvient aussi qu’en plus de lui apporter les ressources financières dont elle avait besoin pour régler les besoins courants et continuer, malgré tout, de préserver sa souveraineté, la sous-région disposa à ce pays une force de maintien de la paix constituée de soldats venus de plusieurs pays. La Centrafrique a pratiquement été portée à bout de bras par ses voisins avant 2013, une façon pour ceux-ci de montrer leur capacité à faire agir la solidarité africaine quand un des leurs est en péril. La médiation de cette crise fut confiée par les dirigeants d’Afrique centrale à leur homologue congolais, Denis Sassou N’Guesso. Les efforts de cette médiation appuyée par la communauté internationale permirent la tenue, en 2015 des élections générales, desquelles sont issues les institutions centrafricaines actuelles.

Le 27 octobre dernier, lors des commémorations à Brazzaville des quatre-vingts-ans de l’Appel du général De Gaulle, le président centrafricain, Faustin Archange Touadera, avait alerté sur la situation de son pays. Il s’insurgeait notamment contre l’embargo sur les armes, maintenu par la communauté internationale depuis plusieurs années contre un pays qui fait face à des problèmes réels de sécurisation des institutions démocratiquement élues. Il a prêché dans le désert puisque cette « punition » n’est pas toujours levée, privant les autorités légitimes des moyens de défense dont doit disposer tout Etat indépendant pour assurer la tranquillité à l’intérieur de ses frontières.

L’alarme sonnée par la CEEAC à Libreville mérite d’être entendue cette fois si l’on ne veut pas que la République centrafricaine retourne à ses vieux démons. A la faveur de l’accalmie observée depuis quelques années, plusieurs familles jetées hors du pays du fait des conflits armés avaient pu regagner leur pays grâce au soutien des organisations du système des Nations unies. La moindre remontée de tensions politiques à Bangui et dans les autres localités de la Centrafrique se traduira à coup sûr par l’errance des populations civiles, les exactions des milices tentaculaires avec des effets certains sur les pays voisins.

L’heure est venue d’appeler les potentiels candidats aux élections en Républicaine centrafricaine, notamment les candidats à la présidentielle de conclure un pacte de bonne conduite. Aujourd’hui comme hier, le médiateur qui sera désigné pour les aider à dialoguer ne fera bonne œuvre que si les Centrafricains eux-mêmes prennent conscience du service qu’ils doivent rendre à leur pays. Pour le moment, ils semblent plutôt privilégier leurs propres intérêts et non pas ceux de la nation.

Gankama N'Siah

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