Christine Rugurika : « Les bijoux de l’âme » raconte une histoire très contemporaine

Lundi 8 Mai 2017 - 18:45

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D’origine burundaise, rwandaise et congolaise, Christine Rugurika est la metteuse en scène et auteure de la sitcom (Situation comedy) « Les bijoux de l’âme », déclinaison télévisée de la pièce « Pas un regard en arrière » dont elle est également l’auteure. La série télévisée, co-produite avec 6 production et SN Managementse veut une satire sociale de la communauté africaine en Europe en général et en Belgique, en particulier. « Les bijoux de l’âme » sera à nouveau jouée devant un public et enregistrée en même temps pour la télévision (pour une suite de la saison 2), le 26 mai prochain à Bruxelles à la cité culture.  

Les Dépêches de Brazzaville : Quel a été le point de départ de la sitcom « Les Bijoux de l’âme » ?

Christine Rugurika : C’est parti d’une série web que j’avais réalisée en Angleterre et qui s’intitulait « Breach ». J’ai repris l’histoire d’un des personnages qui s’appelle Bijoux. C’est l’histoire d’une femme battue, soumise... Je me suis dit que l’histoire de ce personnage toucherait beaucoup plus de gens en Belgique. La série réalisée en Angleterre racontait le quotidien de quatre amis et je développais chaque fois l’histoire de chacun. Pour la pièce, je ne pouvais pas développer toutes les histoires et j’ai choisi celle de Bijoux. Mais maintenant, grâce à la sitcom, je vais pouvoir développer les autres personnages. En Angleterre, la série était beaucoup plus dramatique, alors qu’ici, elle est un peu plus comique. Je me suis adaptée en fonction de ce qui pourrait intéresser la communauté africaine de Belgique.

LDB : Depuis quand la troupe existe-t-elle en Belgique ?

CR : Nous avons joué à Bruxelles pour la première fois en avril 2014.  Jusqu’en 2016, on a joué en version théâtrale. C’est seulement depuis cette année que l’on commence à en faire une sitcom, c’est-à-dire que quand le public vient assister au spectacle en live, il assiste en même au tournage de quelques épisodes qui seront diffusés à la TV dans le cadre d’une série. « Les bijoux de l’âme » a été diffusée sur la télévision VoxAfrica et actuellement nous sommes à la recherche d’autres télévisions qui aimeraient la diffuser. Pour cette saison 2, nous allons réaliser 12 épisodes et la fin du tournage est prévue vers septembre.

LDB : Quelle est l’histoire de la sitcom ?

CR : l’histoire tourne autour de Bijoux qui s’est mariée très jeune avec Jacques parce qu’elle voulait vivre dans le confort. Mais jacques est un homme infidèle et il la maltraite. L’histoire de la série commence quand Bijoux décide de quitter Jacques grâce à son amie, une « Girl power », une femme indépendante. Elle va l’aider à sortir de ce mariage. Mais Bijoux est confrontée à l’opposition de sa mère qui souhaite qu’elle reste dans ce mariage. D’autant plus que sa maman elle-même a eu un mariage qui n’a pas marché et cela constitue une honte pour elle. Comme sa fille s’est mariée avec un homme riche, elle se dit que sa réputation a été rétablie, surtout que le mari aide beaucoup la maman financièrement. Mais Bijoux va quand-même réussir à quitter ce mariage et va rencontrer d’autres personnes qui deviendront ses amis. Elle va reprendre des cours et tomber amoureuse de son professeur. Mais le professeur également a une ex-femme qui souhaite le reconquérir. C’est l’intrigue de la série, avec des personnages qui interviennent au rythme des épisodes.

LDB : qu’est-ce qui vous a inspiré cette histoire ? C’est du vécu ?

CR : Oui il y a quand-même du vécu. Il y a beaucoup de choses que j’ai vécues et aussi d’autres que j’ai entendues. A travers la série, j’essaie de faire passer des petits messages, mais pas de manière pédagogique, sans que le message ne soit dévoilé de manière crue.  Dans la saison 1, par rapport à Bijoux, le message était que toute personne qui veut se sortir d’une mauvaise situation peut le faire. Il s’agit d’un changement de mentalité. Bijoux se disait qu’elle devait demeurer dans un mariage, si elle voulait vivre confortablement. Elle ne pensait pas qu’elle pouvait se sortir de ce mariage. Par ailleurs, à travers le personnage de Aïssa qui est amoureuse d’un homme déjà en couple, je souhaitais faire passer le message selon lequel sortir avec un homme déjà en couple te fera toujours à la fin.

LDB : la première saison comptait combien d’épisodes ?

CR : la première saison comptait 11 épisodes de 13 minutes chacun. Et pour la saison 2, nous réalisons 12 épisodes d’à peu près 24 minutes chacun. Au mois de mars, on a tourné 5 épisodes, le 26 mai prochain nous allons réaliser 4 épisodes et en septembre on tournera les 3 derniers épisodes. Quand on est sur scène, nous jouons à peu près pendant 3 h avec des break, des pauses ou encore des changements de décor.

LDB : comment financez-vous vos différentes activités ?

CR :  Nous avons pu bénéficier des subsides de la commune d’Etterbeek de 2014 à 2016. Au mois de mars 2017 également, nous avons à nouveau eu des subsides de la commune d’Etterbeek grâce à l’échevine Colette Njomgang-Fonkeu. Mais pour le reste on se débrouille. C’est le système D. Nous espérons que de des télévisions vont acheter les droits de diffusion de la série afin de nous permettre de produire encore plus d’épisodes.

LDB : combien d’acteurs et actrices la troupe compte-t-elle et quels sont leurs différents profils ?

CR : La troupe compte 11 acteurs principaux, en dehors des acteurs invités pour certains épisodes. La majorité est constituée d’acteurs d’origine congolaise (RDC) qui sont au nombre de 6. Nous avons aussi notamment une actrice métisse (Ghana-Philippine), une burundaise et un haïtien. Ce sont tous des personnes qui ont déjà un autre travail à côté. Néanmoins, beaucoup aimeraient continuer dans la comédie. Au début, cela n’a pas été évident de trouver des acteurs. Le recrutement s’est fait par casting et la plupart des acteurs de la sitcom sont issus du milieu du mannequinat. Ils ont ainsi l’habitude d’être sur scène. Ce qui explique qu’ils sont à l’aise pendant les prestations.

LDB : Comment évaluez-vous l’accueil que le public a réservé au spectacle ?

CR : Nous avons été agréablement surpris par l’accueil du public. Les gens nous ont fait de la publicité grâce au bouche-à-oreille. Parfois nous sommes surpris que lorsque l’on cite le nom de la pièce, les gens la connaissent. Comme c’est une histoire très contemporaine, le public peut s’identifier. Il est plaisant de voir qu’après le spectacle, le public est là pour nous remercier. Ce soutien nous encourage à continuer car le public souhaite connaître la suite de la série. A Londres, on n’avait pas de contact direct avec le public car c’était une web-série. Ici c’est différent. Je voulais réaliser une sitcom depuis longtemps. Quand on a joué la pièce à Bruxelles et que j’ai vu la réaction des gens qui rigolaient (Même si c’était une pièce aussi dramatique) je me suis décidée. Je ne voulais plus enlever ce côté « live ». En outre, les acteurs ont beaucoup plus d’énergie en jouant devant le public. C’était donc la meilleure formule pour réaliser une sitcom.

LDB : quels sont vos projets pour la suite ? vous comptez devenir une troupe professionnelle ?

CR : Nous avons envie de continuer jusqu’à ce qu’on puisse vivre de ce travail. Actuellement c’est encore difficile, avec notamment la gestion des horaires des acteurs qui ont déjà un travail. Si on peut en vivre, on pourra ainsi développer des projets beaucoup plus importants. Pour l’instant, nous allons tourner les prochains épisodes fin mai et finir le tournage de la saison en septembre. Nous allons négocier avec les télévisions pour la diffusion. Ensuite, nous aurons à réaliser la troisième saison sans doute en Avril 2018.  

Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

Photo1 Christine Rugurika Photo2 Les acteurs de la série "Les bijoux de l'âme" Photo3 Une affiche de la série

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