Chronique : comment concilier santé et environnement ?

Vendredi 20 Novembre 2020 - 13:05

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La relation entre la santé humaine et l’environnement prend une importance considérable à une époque où les catastrophes et les pandémies annoncées ne cessent de se multiplier. Alors que les maladies infectieuses des siècles derniers avaient été relativement bien contrôlées ou circonscrites, les mises en garde quant à la prolifération  des sources de contamination sont à nouveau soulevées. Le réchauffement de la planète entraîne une délocalisation des vecteurs de transmission, étendant ainsi les sources potentielles de contagion bactérienne ou virale.

Les catastrophes naturelles des dernières décennies occasionnent des migrations importantes de populations qui se retrouvent sans toit et sans possibilité de s’alimenter. L’organisation mondiale de la santé estime que jusqu’à 24% des maladies actuelles dans le monde peuvent être attribuées à la dégradation de l’environnement. Et dans le cas des maladies dont souffrent les enfants de moins de cinq ans, un environnement malsain est considéré comme étant un des principaux facteurs de risque. L’acuité des menaces environnementales à la santé est rendue évidente dans la progression des maladies des habitants des pays riches : le cancer et les maladies respiratoires et cardiovasculaires ont doublé entre les années 1980 et 1995.

La perspective d’une planète saine pour l’avenir et pour des personnes en bonne santé repose sur une nouvelle façon de penser : le modèle « se développer maintenant, nettoyer plus tard » doit passer à une économie proche du zéro gaspillage à l’horizon 2050. Selon des études, des investissements écologiques équivalents à seulement 2 % du PIB des pays du monde seraient suffisants pour assurer une croissance à long terme aussi forte que nous le prévoyions actuellement et qui aurait moins de conséquences négatives sur les changements climatiques, la rareté de l’eau et la perte des écosystèmes.

A l’heure actuelle, le monde n’est pas sur le point d’atteindre les objectifs de développement durable à l’horizon 2030 ou 2050. Des mesures urgentes s’imposent, car tout retard dans l’action pour le climat augmente le coût de la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris ou annule nos progrès, quitte à les rendre tout simplement impossible. Les humains doivent adopter des régimes alimentaires moins riches en viande et réduire le gaspillage alimentaire dans les pays développés et en développement, ce qui réduirait la nécessité d’augmenter la production alimentaire de 50 % pour nourrir les 9 à 10 milliards d’habitants de la planète prévus à l’horizon 2050. A l’heure actuelle, 33% des aliments comestibles produits dans le monde sont gaspillés et 56% de tous les déchets sont produits dans les pays industrialisés.

De nos jours, la communauté internationale possède les connaissances scientifiques, les technologies et les moyens financiers nécessaires pour évoluer vers un mode de développement plus durable, même si le soutient nécessaire manque de la part du public, des entreprises et des dirigeants politiques qui continuent à adhérer à des modèles de production et de développement dépassés.

Ce sont alors les politiques publiques de l’ensemble des secteurs de vie qui déterminent les conditions préalables, notamment l’habitat, le transport, le niveau de revenus, le réseau social, le niveau d’éducation, la proximité des services de soins, qui deviennent le point de mire. La promotion de la santé, qui prend pour cible l’ensemble des déterminants de la santé apparaît comme l’approche la plus apte à composer avec les causes réelles d’inégalités de santé, et à réduire les écarts d’espérance de vie entre les populations disposant de moyens et celles qui en sont dépourvus.

Boris Kharl Ebaka

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