Chronique : que faut-il attendre de la COP 24?

Vendredi 30 Novembre 2018 - 18:36

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A quelques jours du début de la COP24, le rapport 2018 sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions continue d'alarmer les spécialistes des questions climatiques. Ce document examine de près les engagements pris par les pays pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Il calcule la portée de ces engagements pour empêcher le changement climatique d'atteindre des niveaux dangereux et présente ce qu’il reste à faire pour rester sur la bonne voie.

Comment vont évoluer les émissions de gaz à effet de serre à l’avenir ? Tout dépend de ce que les pays choisissent de faire pour les réduire. Les scientifiques ont modélisé un certain nombre de scénarios en tenant compte des engagements pris en matière de protection du climat, connus sous le nom de « contributions déterminées au niveau national ». Les pays les ont adoptées dans le cadre de l'Accord de Paris sur les changements climatiques.

Le scénario de référence donne une estimation de l’évolution des émissions mondiales de gaz à effet de serre en l’absence de politiques climatiques depuis 2005. Si nous voulons maintenir le réchauffement en-deçà de 2 ° C d’ici à 2100, nous devrons nous assurer que nos émissions ne dépasseront pas 40 gigatonnes d’équivalent CO2 à l’horizon 2030.

Pour limiter le réchauffement à 1,8 ° C d’ici à la fin du siècle, il faudra réduire encore davantage les émissions et ne pas dépasser 34 gigatonnes d’équivalent CO2 à l’horizon 2030. Et pour empêcher une augmentation des températures à hauteur de 1,5 ° C d’ici à 2100, nos émissions totales devront rester inférieures à 24 gigatonnes d’équivalent CO2.

Pour maintenir le réchauffement climatique bien en-deçà de 2 ° C, les émissions mondiales de gaz à effet de serre devront atteindre un pic d’ici à 2020 et diminuer rapidement par la suite. Pour le moment, nos émissions de gaz à effet de serre ne montrent aucun signe de plafonnement. En fait, après avoir été stables de 2014 à 2016, les émissions mondiales ont encore augmenté l’an dernier.

Il y a toutefois une lueur d’espoir : si nous prenons des mesures ensemble et agissons rapidement, il est encore possible d’empêcher des niveaux de réchauffement dangereux. Tous les pays, développés ou en développement, ont un rôle à jouer dans cette lutte. De plus, la bonne nouvelle est qu’il est possible de réduire les émissions sans sacrifier la croissance économique.

Un certain nombre de pays ont déjà atteint un pic de leurs émissions et d’autres sont en passe de l’atteindre. L’ampleur des émissions de la Chine, des États-Unis et, dans une moindre mesure, de l’Inde et de l’Europe, dépasse les émissions des autres pays du monde si l’on établit la courbe des émissions de chaque pays depuis 1950.

Sur les quarante-trois économies développées et émergentes énumérées dans l’annexe I de l'Accord de Paris, toutes sauf la Turquie devraient avoir atteint un pic de leurs émissions d’ici à 2020.

D’ici à 2030, jusqu’à cinquante-sept pays, représentant 60% des émissions mondiales, auront atteint un pic de leurs émissions, dans l’hypothèse où ils respectent leurs engagements.

Mais ces engagements demeurent insuffisants : même si les pays respectent tous leurs engagements actuels, les émissions mondiales continueront à augmenter. Si nous agissons rapidement, il est encore possible d’atteindre l’objectif ambitieux de l’Accord de Paris qui consiste à limiter le réchauffement à 1,5 ° C.

Même si les pays respectent toutes leurs promesses « sans réserves » pour le climat, la température moyenne de la planète augmentera probablement encore de 3,2 ° C d’ici à la fin du siècle, bien au-delà de l’objectif de l’Accord de Paris.

Alors, que faire ? Le message est clair : les engagements des pays pour la protection du climat devront être beaucoup plus ambitieux si nous voulons éviter que les changements climatiques atteignent des niveaux paralysants. Ils devront également mettre en place des politiques nationales intelligentes pour traduire ces engagements en de réels progrès sur le terrain.

Il nous reste beaucoup à faire mais la bonne nouvelle est que nous sommes déjà en train de recueillir des informations sur ce qui fonctionne. Des politiques ambitieuses qui relancent et soutiennent l’innovation nous aideront à réduire l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions. Les gouvernements peuvent montrer la voie en soutenant activement l’innovation et en façonnant les marchés pour faciliter l’émergence de nouvelles technologies pour la réduction des émissions. De telles politiques peuvent avoir un impact énorme, comme nous l’avons vu avec les panneaux solaires.

Cependant, il faut en faire beaucoup plus. Un nombre plus important de citoyens doit exiger une action plus forte de leurs gouvernements. Davantage de villes doivent montrer la voie grâce à l’adoption de politiques novatrices pour la réduction des émissions. Davantage de pays doivent prendre des engagements climatiques plus ambitieux. 

Boris Kharl Ebaka

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