Ciment : les dépôts de référence sont fermés

Mardi 22 Juillet 2014 - 19:10

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Les commerçants exerçant la vente de ciment au sein des dépôts de référence, institués par le ministère du Commerce et des Approvisionnements, ont arrêté leurs activités depuis cinq mois

Les 420 commerçants pointent du doigt la Société nouvelle des ciments du Congo (Sonocc) qui, de manière unilatérale, a coupé la livraison depuis peu. Cette situation qui perdure les préoccupe amèrement, car à travers ces 40 points de vente, près de 400 chefs de famille sont mis à mal et plus de 1.000 emplois directs et indirects sont réduits à néant (gérants, transporteurs, etc.). « La Sonocc qui est notre partenaire a décidé de ne plus livrer de ciment ; sous prétexte qu’il y avait une taxe sur la valeur ajoutée que l’État imposait à l’entreprise et que celle-ci ne pouvait être déversée auprès du commerçant. Donc elle voulait l’augmentation du prix du ciment. Actuellement, nous avons du mal à payer le local parce que nous ne fonctionnons pas », a déclaré l’administrateur, président des dépôts de référence, Bienvenu Bikouta.

En effet, la difficulté pour ces commerçants se justifie du fait qu’ils vendent avec les conditions du ministère de tutelle, pour lutter contre la vie chère. Il leur est interdit de vendre le ciment à un autre prix que 5.900 FCFA le sac et 118.000 FCFA la tonne. « Il est donc difficile pour nous commerçants des dépôts de référence, d’acheter une autre qualité de ciment que celui de la Sonocc. Au cas contraire nous ne pourrons plus vendre le ciment au prix homologué. Nous voulons respecter le prix », a expliqué Bienvenu Bikouta.

Les commerçants sont informés des concertations que mènent la société chinoise et le ministère du Commerce et des Approvisionnements pour cette sortie de crise. Ils pensent que la tutelle est tolérante en mettant le prix à 105.000, car la structure des prix révèle 91.000 FCFA, donc la hausse n’est pas justifiée. Ils qualifient l’attitude de la Sonocc de chantage. En effet, les vendeurs estiment que l’entreprise n’est pas en mesure d’approvisionner Brazzaville ; car même au niveau des dépôts de référence le ciment ne trainait pas, donnant l’impression de locaux vides. Ils ont besoin de quatre rotations par semaine alors que la société leur en offrait deux et difficilement d’ailleurs.

Pour l’instant, c’est le statu quo. Aucune initiative n'est prise car le transport du ciment coûte cher. Par route, il revient à 55.000 FCFA et additionné au coût du ciment, le montant obtenu se place au-dessus de celui institué par le ministère de tutelle.

Les dépôts de référence ont régulé le prix du ciment

L’expérience des dépôts de référence a fait ses preuves car leur mise en place a permis de réguler le prix de vente du ciment. Car au départ, seul un certain nombre de commerçants avaient le monopole de la vente et spéculaient sur le prix. Le ministère du Commerce avait mis fin à cela, en demandant aux commerçants de s’organiser afin d’acheter directement le ciment auprès de la Sonnoc. Le paiement se faisait par virement bancaire, aucun centime ne revenant au ministère.

Depuis, le prix du ciment a connu une baisse n’atteignant plus 13.000 FCFA à Brazzaville comme auparavant. « Le ciment est un produit populaire, sa vente aussi doit être populaire. Quand le ciment arrive en gare, tous ceux qui vendent le ciment dans la ville ont le droit de venir acheter à la gare. Il n'y a pas de grossistes qui devraient s’accaparer du ciment et le vendre au détail. Le seul grossiste c’est la Sonnoc, lui-même, il emmène son ciment, les vendeurs détaillants (tout le monde) achètent au même prix, 105.000 FCFA la tonne. On a calculé les charges de transport, de déchargement. Vous achetez à 105 et vous revendez à 118.000, voilà comment nous sommes arrivés au prix de 5.900 FCFA », a étayé le directeur de cabinet du ministre du Commerce et des Approvisionnements, André Kamba.

Dans le souci de renouer avec leurs activités, les commerçants demandent au ministère de mettre à leur disposition des wagons, comme pour la Sonnoc, afin d’aller s’approvisionner à Dolisie. Au cas contraire, que la Sonnoc reprenne leur livraison.

La concurrence entraine la baisse des prix. Le ministère se dit satisfait de la tendance du prix du ciment à la baisse. Cette déclinaison s’explique par deux phénomènes : la route (dorénavant le ciment arrive plus facilement car la route commence à s’améliorer, à partir de Pointe-Noire jusqu’à Brazzaville, ce n’est plus seulement par le CFCO) ; et l’offre qui se diversifie (l’usine de Dolisie, de Loutété et les importations occasionnant la rareté du ciment).

« Nous devons rester vigilants pour ne pas arriver à des phénomènes tels qu’une entreprise a augmenté son produit et les autres suivent. Sinon ça va être la jungle. Voilà pourquoi nous surveillons pour éviter l’inflation, car cette situation fait déraper toute l’économie. On essaye de maitriser la hausse des prix ainsi que l’inflation », a précisé le ministère du Commerce.

Notons que l’objectif du département du Commerce est de voir le prix du ciment descendre en dessous de la barre de 5.000 FCFA ; d’autre part, il ne s’agit pas d’emmener les entreprises à perdre de l’argent. « Les entreprises produisent et vendent au juste prix pour continuer à renforcer leur investissement et que le Congolais également y trouve son compte », a conclu André Kanga.

Nancy France Loutoumba