Cinéma: « Au nom de… », un film qui bouscule les préjugés

Jeudi 18 Juin 2020 - 18:43

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L’amour entre un entendant et une muette, est-ce possible ! Voilà l’histoire de Paterne amoureux de Pluchon, de son vrai nom Aimé Sainte Mvouama, sourde muette de 17 ans dans la vie, (mais muette et entendant dans le film, particularité que le réalisateur a rajouté dans le film). Ce court métrage du réalisateur Rufin Mbou Mikima, sorti en 2005,  qui met en lumière les dangers des discriminations nourris le plus souvent par des conceptions ancestrales absurdes exhorte aussi à l’acceptation de nos différences.

Décidément les préjugés ont la peau dure ! Et c’est indubitablement ce que le réalisateur Rufin Mbou essaye tant bien que mal de montrer tout au long de cette fiction de 17 minutes. Il s’agit de Paterne, jeune homme d’une bonne famille qui tombe amoureux d’une muette. Une nouvelle qui ne plait pas à ses parents et surtout à sa mère. Celle-ci s’oppose résolument à cette union qu’elle considère comme une honte au sein de sa famille. Décidés à vivre leur amour, les jeunes tourtereaux décident de monter un plan pour que leur union soit autorisée.

Voilà campée l’histoire de Paterne et de Sainte, où le réalisateur nous entraîne dans les arcanes de cet amour mal perçu par la société.  Ainsi, le film plonge le public au cœur de la vie de ces deux jeunes personnes qui veulent s’unir, mais qui ont besoin de l’approbation de leurs parents. Si du côté de Sainte, ses parents lui accordent leur bénédiction malgré leur réticence, il n’en est pas de même pour Paterne. « Paterne décide de blesser Sainte avec sa voiture pour lui causer un nouvel handicap. Ce qui emmènera les parents de Mvouama à exiger un mariage en réparation, laissant les parents de Paterne sans aucun autre choix…»,  explique le réalisateur.

Une histoire peu conventionnelle rendue encore plus authentique par le fait que la jeune muette est jouée par Sainte, (une véritable sourde muette) et aussi  par l’alchimie parfaite que Sainte exerce avec Paterne. Ce court métrage est aussi une porte ouverte où l’on s’interroge sur nos rapports avec l’autre. Pourquoi l’autre doit-il s’adapter à la normalité ? Pourquoi vouloir ranger l’autre dans une case ? Comment les personnes vivant avec handicap sont-elles perçues ?

Un sujet délicat habilement traité, sans audace de mise en scène où nous allons à la rencontre de deux mondes. Celui de Paterne et Sainte qui forment un beau duo.  On aime leur jeu, leur présence et leur regard. Une magique histoire d’amour ainsi qu’une bonne leçon de tolérance, tout ceci décrit avec beaucoup de pudeur et de sensibilité.

Soulignons que Sainte fera dans les jours prochains l’objet d’un documentaire (du même réalisateur) qui a pour titre  «  Rêves, ce qu’il en restera ». Ce documentaire  comme l’a indiqué Rufin, interrogera justement  sur ce que sont devenus les rêves de Sainte dans une société où les opportunités pour les personnes vivant avec handicap sont réduites.

Berna Marty

Légendes et crédits photo : 

Photo: L'actrice Aimé Sainte en plein tournage

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