Cinéma : clap de fin pour le « maestro » Idrissa Ouedraogo

Dimanche 25 Février 2018 - 15:22

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Grand Prix du jury à Cannes pour « Tilaï » en 1990, un an après le prix de la critique sur la Croisette pour « Yaaba », Idrissa Ouedraogo a été le premier Burkinabè à remporter l'étalon d'or de Yennenga du Fespaco.

La figure emblématique du cinéma africain des années 1980 à 2000 s’est éteint le 18 février à l’âge de 64 ans. On le surnommait le « maestro » du cinéma africain, mais ses plus anciens proches l’appelaient « Wilson Pickett », du nom du chanteur et compositeur américain de soul et de blues qu’il affectionnait tant. Auteur d'une quarantaine de films, Idrissa Ouedraogo a été récompensé dans les plus grands festivals de cinéma : Cannes, Milan, Ouagadougou...

Tout a commencé en 1981 avec une fiction intitulée « Poko » qui décroche le prix du meilleur court-métrage au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). Perfectionniste et désireux d'une plus grande maîtrise du septième art, le voilà qui prend la direction de la France pour compléter sa formation. Il atterrit à l'Institut des hautes études cinématographiques (Idhec) de Paris et à la Sorbonne. De quoi saisir les outils qui vont lui permettre de réaliser en 1986 son premier long-métrage, Yam daabo (Le Choix).

Deux ans plus tard, Yaaba (Grand-Mère) le révèle au niveau international hors du continent africain. Son deuxième long-métrage obtient le prix de la critique sur la Croisette et le prix du public au Festival panafricain de cinéma et de télévision de Ouagadougou, le fameux Fespaco, haut lieu du cinéma africain. Sur sa lancée, il sort en 1990 Tilaï, transposition d'une tragédie grecque dans l'Afrique contemporaine. C'est le triomphe intégral avec le Grand Prix du jury à Cannes et la suprême récompense du Fespaco, le premier pour un Burkinabè, l'étalon de Yennenga. Cerise sur le gâteau : Idrissa Ouedraogo est récompensé en 1991 du prix du meilleur long-métrage au premier Festival du cinéma africain de Milan.

La même année, il s'attaque au théâtre avec une pièce mise en scène pour la Comédie française. La pièce en question n'est rien moins que La Tragédie du roi Christophe de l'écrivain Aimé Césaire, une pièce déjà servie pour sa première en 1964 par de grands acteurs africains comme Douta Seck et Bachir Touré, sur une mise en scène magistrale de Jean-Marie Serreau. Désormais réalisateur de renom, Idrissa Ouedraogo tourne en 1994 Le Cri du cœur. Ce long-métrage lui permet d'être de nouveau distingué à travers le prix du public lors du cinquième Festival du cinéma africain de Milan. Lors de la huitième édition de ce même festival, en 1998, il reçoit le prix du meilleur long-métrage pour Kini et Adams (1997). En 2001, il produit et réalise la série à succès Kadi Jolie, avant de présider le jury du Fespaco en 2003.

« Le Burkina Faso vient de perdre un réalisateur à l'immense talent qui aura beaucoup œuvré au rayonnement du cinéma burkinabè et africain hors de nos frontières », a déclaré le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, dans un communiqué à la suite de l'annonce de la disparition du cinéaste. Commandeur de l'Ordre national burkinabè et chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres françaises, Idrissa Ouedraogo a tiré sa révérence à 5 heures du matin GMT dans une clinique de Ouagadougou des suites d'une maladie. Il manquera au cinéma africain, à sa famille bien sûr, mais aussi à ses amis du Bureau burkinabè des droits d'auteurs et de l'Union nationale des cinéastes du Burkina.

Lundi soir, le gratin du septième art burkinabé s’est réuni au Centre national des arts du spectacle et de l’audiovisuel pour lui rendre un dernier hommage. Le géant burkinabé a été conduit à sa dernière demeure le 20 février au cimetière ouagalais de Gounghin.

Bénédicte Alouna

Légendes et crédits photo : 

Photo: le réalisateur Idrissa Ouedraogo (DR)

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