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Combattre l’infiniment petit

Jeudi 26 Mars 2020 - 18:09

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Le monde assiste, terrifié, à la propagation exponentielle d’un maître invisible. Son nom, rythmé par cinq syllabes, sonne comme le rappel de la fragilité de notre humanité : Coronavirus (Covid-19). Ce premier trimestre de 2020 est un moment si singulier. Même si les crises, sanitaires ou économiques, ne sont ni comparables ni semblables, comment ne pas penser à la Grande Peste de 1720, à l’épidémie de choléra de 1820, à la Grippe espagnole de 1920 ? Ces éphémérides ont fait l’inspiration de la création littéraire avec la fortune que l’on sait. Qu’on pense à La Peste d’Albert Camus (1947), à Le Hussard sur le toit de Jean Giono (1951), à Les Pestiférés de Marcel Pagnol (1977), à La Quarantaine de Jean-Marie Gustave Le Clézio (1995), à Némésis de Philip Roth (2010). Sublime prémonition : le romancier italien Paolo Giordano annonce la parution de Contagions, essai que les éditions du Seuil mettent déjà en libre accès sur leur site internet.

Plus proche de nous, dans l’espace et le temps, la fièvre hémorragique Ebola nous aura aussi apporté sa hideuse menace et sa macabre comptabilité. Cette épidémie aura surtout porté la lumière, après coup, sur l’urgence d’une structuration adéquate d’une politique de santé capable de parer aux éventualités épidémiologiques.

Dans le contexte du Coronavirus, les chiffres sont étourdissants. Ils défilent indéfiniment, jamais les mêmes, jour après jour. Face à l’ampleur de cette pandémie, le scepticisme relève de la nécessité d’une prise de conscience. Car la trajectoire, qui part de l’épicentre chinois de cette crise sanitaire, passe aujourd’hui par l’Europe et atteint inexorablement l’Afrique. Mais ne connaitrions-nous jamais la létalité effective de ce fléau ? Si l’humeur est à la peur, il nous faut raison garder pour ne pas rajouter à la confusion que cause inévitablement l’imminence du danger, car danger il y a.

Au Congo, les dispositions instruites à ce sujet par Denis Sassou N’Guesso, président de la République, ne sont pas à prendre à la légère. Elles indiquent d’abord que la santé publique est une affaire de tous, que de la responsabilité des uns dépend la survie des autres. Qu’il s’agisse des fermetures des écoles, des lieux de cultes, des lieux de spectacles, des restaurants, des bars,   de la distanciation physique, restrictions dans les déplacements des personnes et des biens ces mesures vont accroître, non sans raison, la mobilisation de tous pour que le pire soit atténué. En l’état actuel des dispositions pratiques, les gestes barrières sont, en effet, la recommandation ultime.

Restent alors les impacts économiques, sociaux et culturels qu’il faut bien imaginer sur le court terme. Si le pessimisme de la raison ne doit pas tuer l’optimisme de la volonté, pour reprendre le mot du philosophe italien Antonio Gramsci, nous pouvons espérer que la prise de conscience devant les menaces de l’invisible virus reste le premier gage de la lutte contre la propagation de l’infiniment petit.

 

 

 

Bélinda Ayessa

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Édition Quotidienne (DB)

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