Commémoration : une exposition de photos des indépendantistes Afro-vénézuéliens organisée à Brazzaville

Jeudi 15 Mai 2014 - 12:52

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Cette exposition qui a pris quartier au lycée Joseph Chaminade, est organisée par l’ambassade du Venezuela en République du Congo. Elle s’inscrit dans le cadre de la célébration du 219e anniversaire du soulèvement indépendantiste des Afro-Vénézuéliens

 

C’est le 10 mai 1795 que José Leonardo Chirino, un métis révolutionnaire, accomplit un acte libertaire et émancipateur, en dirigeant les Afro descendants de la province de Coro dans un mouvement cherchant l’établissement de la République et l’élimination de l’esclavage au Venezuela. Cet acte s’étendit sur toute la chaîne de montagnes de Sierra de Coro et fit trembler les soubassements du régime colonial. José Leonardo Chirino, qui en était l’instigateur, se leva contre le système humiliant et esclavagiste colonial, proclamant ainsi une République d’égalité.

Depuis lors, il n’y a eu aucune célébration. Ce n’est qu’à partir de 2005 que le Venezuela a décidé de commémorer chaque 10 mai, la journée Afro-vénézuélienne. En effet, le président Chavez a pensé qu’était vitale la reconnaissance de toutes ces personnes Afro-descendantes qui ont lutté pour l’indépendance et la souveraineté du Venezuela. C’est pourquoi, il décréta à partir de 2005, la célébration chaque 10 mai, de la journée Afro-vénézuélienne.

Des descendants ont accompagné José Léonardo

L’instigateur de ce mouvement, José Leonardo Chirino, a été suivi dans son mouvement par les descendants de Loango ou Minas qui ont été déportés comme esclaves du Congo, de l’Angola, de la RD-Congo, ancien Zaïre, du Bénin (Dahomey à l’époque), des Mandingue, des Wolof de Gambie, du Sénégambie, du Sénégal, des Yoruba-Lucumi, les Carabali du Nigéria - produits de la traite négrière exercée par les Anglais, les Français, les Portugais, les Espagnols et les Hollandais à partir de 1576. C’est 13 ans après le lancement du commerce des Noirs à partir de 1782, que José Leonardo Chirino, un vaillant homme, s’est rebellé contre la plus cruelle humiliation qu’a subie l’être humain.

L’ambassadrice Norma Borges a, dans son adresse, rappelé que, de la période qui s’étend depuis 1576 jusqu’à la fin légale de la traite négrière au Venezuela en 1810, les calculs disent que sont rentrés au Venezuela par voie légale et par contrebande, près d’un demi-million d’esclaves, lesquels ont amené leurs apports culturels, leurs symboles, leurs techniques agricoles, religieuses, entre autres, qui ont donné lieu au corps intellectuel qui va au-delà du concept réductionniste de « Force de travail » qui était pour ceux qui les avaient déportés, et furent soumis à des travaux agricoles forcés.

« Il important de rappeler aujourd’hui et de partager avec vous jeunes gens, ces réalités qui ont eu lieu sur le continent africain et qui ont eu un fort développement non seulement en Amérique Latine, mais aussi là où la situation a été plus profitable que furent l’Europe et l’Amérique qui, aujourd’hui, continuent avec leur croyance de dominer le monde. Toutes ces personnes que nous voyons sur cette exposition dénommée Héros et Héroïnes Afro-vénézuéliens, ont pris part tout au long du 18e siècle à des rébellions, des conspirations dans différents villages du Venezuela. Quelques-unes des esclaves ont payé leur propre liberté et celle de leurs enfants en travaillant dans les haciendas et fermes. »

Tout ce mouvement libertaire des esclaves dans les premières années de la conquête et de la colonisation espagnole, constitua les antécédents de la guerre de l’indépendance qui a commencé au Venezuela à partir de 1808. Dans ce pays, il y a dix États composés d’Afro-descendants. Il s’agit de : Vargas, Miranda, Aragua, Sucre, Falcón, Carabobo, Zulia, Yaracuy, Bolívar et le District capital.

Les Congolais apprécient l'exposition

Après la projection de deux documentaires sur la vie au Venezuela, dont l’un retraçant les similitudes entre les deux pays, c’est-à-dire le Venezuela et le Congo, quelques Congolais ont réagi. C’est le cas de David Boké, directeur des lycées d’enseignement général au ministère de l’Enseignement primaire et secondaire, chargé de l’Alphabétisation, qui a déclaré : « À travers ces films, nous venons de découvrir que les deux peuples sont les mêmes. C’est pour vous dire qu’apprendre l’espagnol est une très bonne chose… Madame l’ambassadrice, nous souhaitons que ce genre de choses puisse reprendre. Si aujourd’hui, nous sommes au lycée Chaminade, nous souhaitons que demain, nous soyons ailleurs dans d’autres établissements. Le colloque que nous allons organiser sur la langue étrangère, plus précisément sur la langue espagnole, est une très bonne chose. »

Le proviseur du lycée Chaminade, Alain Dangouama, a eu lui aussi la même réaction : « Je suis très surpris que le Venezuela ait les mêmes pratiques que les nôtres. » Et de suggérer de former désormais de façon permanente les enseignants à la langue espagnole.

Les élèves, qui sont les premiers concernés, n’ont pas manqué d’apprécier cette exposition. Nancia Sédi, élève en classe de première, a témoigné : « Je me rends compte que le Venezuela et le Congo ont les mêmes cultures. Nous vous remercions de nous avoir rafraichi la mémoire. Le Venezuela, que nous suivons à travers les séries de télévision, et le Congo ont des ressemblances. Les raisons existent pour que nous soyons unis. »

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : L’ambassadrice Norma Borges pronounce son speech. Photo 2 : Les élèves suivent attentivement les documentaires sur les similitudes entre le Congo et le Venezuela. Photo 3 : L’ambassadrice explique aux Congolais, lors de la visite de l’exposition, le rôle joué par les Vénézuéliens.