Commerce : Theresa May veut faire du Royaume-Uni post-Brexit un grand investisseur en Afrique

Mardi 28 Août 2018 - 19:48

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La Première ministre britannique a posé, le 28 août, la première pierre d'un « nouveau partenariat » de son pays avec le continent, dont elle veut devenir le premier investisseur occidental pour compenser les pertes économiques attendues du Brexit.

« Je peux annoncer aujourd'hui une nouvelle ambition. D'ici à 2022, je veux que le Royaume-Uni devienne le premier investisseur des pays du G7 en Afrique », a déclaré Theresa May dans un discours prononcé au Cap, en Afrique du Sud, première étape de sa toute première tournée africaine.

Depuis la décision des Britanniques de quitter l'Union européenne (UE), au référendum de juin 2016, Londres multiplie les contacts diplomatiques pour tenter de décrocher les accords commerciaux censés se substituer à ceux de Bruxelles.

« Je veux créer un nouveau partenariat entre le Royaume-Uni et nos amis africains fondé sur une prospérité et une sécurité partagées », a indiqué la Première ministre devant un parterre d'hommes d'affaires sud-africains et britanniques.

« Il est dans l'intérêt du monde entier que ces emplois soient créés (en Afrique) pour s'attaquer aux causes et aux symptômes de l'extrémisme et de l'instabilité, pour gérer les flux migratoires et pour encourager une croissance propre », a-t-elle plaidé.

Theresa May a annoncé, dans la foulée, une enveloppe de quatre nouveaux milliards de livres (4,4 milliards d'euros) d'investissements dans les économies africaines.

Une réunion pour l'investissement en Afrique aura lieu l'an prochain à Londres, a ajouté la dirigeante britannique.

Premier, de loin, investisseur en Afrique, la Chine accueille la semaine prochaine une pléiade de chefs d'Etat pour son grand rendez-vous commercial annuel avec le continent.

Londres peut offrir à l’Afrique des investissements de qualité

« On ne peut pas concurrencer la puissance économique de certains pays », a concédé Theresa May en faisant référence à la Chine, précisant: « Nous pouvons offrir (à l'Afrique) des investissements de long terme et de haute qualité ».

Depuis des mois, l’actuelle Première ministre britannique essuie dans son pays les vives critiques des partisans et des adversaires du Brexit, qui doutent de sa capacité à gérer le divorce avec l'UE au moindre coût.

La dirigeante conservatrice a assuré à des journalistes qui l'accompagnent dans sa tournée que son gouvernement était « en train de mettre en place les préparatifs nécessaires » pour éviter une catastrophe en cas de sortie sans accord avec Bruxelles.

Une « absence d'accord » serait « préférable à un mauvais accord », a-t-elle toutefois répété, selon des propos rapportés dans la presse britannique.

Egratignée par un journaliste qui suggérait que le président français, Emmanuel Macron, avait été bien plus actif qu'elle sur le continent, elle a platement répondu : « Nous avons travaillé avec les nations et les gouvernements dans le passé ».

Dans son discours, la cheffe du gouvernement britannique a également souligné l'importance des enjeux sécuritaires.

« L'Afrique accueille certains des Etats les plus fragiles du monde », a-t-elle noté, poursuivant: « Nous allons utiliser l'argent de notre aide pour assurer la stabilité à long terme » du continent.

Theresa May s'est ensuite entretenue avec le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, avec lequel elle a signé, sous un crachin très britannique, un accord commercial.

L’impact du Brexit sur l’économie sud-africaine

« Nous sommes ravis de la contribution du Royaume-Uni à notre quête d'investissements », s'est réjoui Cyril Ramaphosa.

L'économie sud-africaine continue à souffrir d'une faible croissance et d'un fort taux de chômage (plus de 27%) ainsi que des scandales de corruption qui ont émaillé le règne de l'ex-président Jacob Zuma, démissionnaire en février.

Cyril Ramaphosa a souhaité que les négociations entre Londres et Bruxelles aboutissent à un accord « qui restaure la stabilité de l'économie et des marchés et protège les emplois » car, a-t-il dit, le Brexit « a aussi un impact sur notre économie ».

Theresa May a profité de son passage au Cap pour présenter aux Sud-Africains la cloche récemment retrouvée du navire britannique SS Mendi, qui fit naufrage en 1917 dans la Manche, avec six cents Noirs en partance pour le front en France.

Cette catastrophe est devenue depuis un symbole de l'engagement de soldats sud-africains pour combattre aux côtés des Alliés en Europe.

Le retour de cette cloche est un peu « comme rendre leurs âmes à leur pays de naissance », a salué Cyril Ramaphosa.

Theresa May doit mettre le cap ce 29 août sur le Nigeria, où elle rencontrera le président Muhammadu Buhari. Le jour suivant au Kenya, elle s'entretiendra avec le président Uhuru Kenyatta et rendra visite à des troupes britanniques formant des soldats du continent à la lutte contre les bombes artisanales.

 

Nestor N'Gampoula et l'AFP

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