Concertations nationales: opposition et majorité s'empoignent

Mercredi 21 Août 2013 - 17:12

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Le caractère inclusif desdites retrouvailles, avec l’implication de toutes les sensibilités sociopolitiques les plus marquantes du pays, paraît de plus en plus hypothéqué. 

La mise en place du comité préparatoire a été saluée par maints observateurs qui y ont vu une façon de booster la dynamique des concertations nationales en vue d’une ouverture rapide des assises tant attendues. Force est cependant de constater que cette structure dont le rapport se fait toujours attendre continue de marquer le pas. Il ressort de certaines indiscrétions que les discussions achoppent sur certaines questions, laissant entrevoir une profonde disparité entre la majorité et l’opposition. Tant en ce qui concerne le quota à répartir à chaque composante que des thématiques à aborder ainsi que les amendements à apporter au règlement d’ordre intérieur, les violons sont loin de s’accorder entre les deux camps.

Les délégués de la famille politique du chef de l’État au comité préparatoire, qui tentent à ce niveau d’imprimer leurs marques dans la perspective de tout régenter, se butent à la vigilance de leurs pairs de l’opposition pas faciles à manœuvrer. En témoigne la controverse actuelle suscitée par la question de l’immunité des participants. L’approche de la majorité consistant à demeurer dans les limites tracées par la Constitution qui garantit la sécurité des citoyens et de leurs biens sur toute l‘étendue du pays est battue en brèche par l’opposition. Cette dernière pense que ces garanties constitutionnelles ne suffisent pas et exige l’implication des Nations unies ou de l’Union africaine. De la sorte, pense-t-on, le consensus tant recherché sur des questions qui divisent risque, à cette allure, de n’être qu’un vœu pieux.

Qu'en est-il de la vérité des urnes ?

À cet élément de blocage s’ajoute le combat d’arrière-garde que mènent certaines forces sociopolitiques du pays en dehors du cadre à l’image de l’UNC de Vital Kamerhe, de l’UDPS d’Étienne Tshisekedi, des Forces acquises au changement (FAC) de Martin Fayulu et d’autres ONG et associations. L’ordonnance présidentielle convoquant ces assises n’est pas du goût des partis politiques de l’opposition qui réclament sa modification afin de la conformer à l’esprit de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba. Tant que cette ordonnance ne sera pas abrogée au profit d’une nouvelle qui intégrera ses desiderata, cette partie de l’opposition sera hors course. Telle est la logique que prône Vital Kamerhe et compagnie plus que jamais déterminés à faire fléchir le présidium quant à leurs exigences. Tout un pari pour cette frange d’opposants qui continuent de faire, par ailleurs, une fixation sur la question de la légitimité des urnes chère à Étienne Tshisekedi. Reposer cette problématique serait une façon de remettre en cause l’éligibilité de Joseph Kabila, estime-t-on à la majorité plutôt obsédée par une prolongation du mandat présidentiel quoiqu'il y ait le prescrit de l’article 220 de la Constitution. Là-dessus, ces opposants ont déjà tiré la sonnette d’alarme en se dressant contre toute forme de révision constitutionnelle.   

Cependant, Tout ou presque semble diviser opposition et majorité à ce stade des préparatifs des concertations nationales. Le caractère inclusif desdites assises avec l’implication de toutes les sensibilités sociopolitiques les plus marquantes du pays paraît de plus en plus hypothéqué. Le nombre d’aigris ne se comptent plus surtout dans les milieux associatifs. À cette allure, pensent certains analystes, la fracture sociale risquerait de se creuser davantage avec, d’un côté, les partis politiques de l’opposition et de la Majorité mais aussi des structures de la société civile se réclamant de l’obédience du pouvoir et, de l’autre, tous ceux qui ne se reconnaissent pas à ce forum parce que jugé non conforme. En tout état de cause, pense-t-on dans certains milieux intéressés, ces concertations auront effectivement lieu. Mais à quel prix ?  

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des députés nationaux pendant une plénière