Concertations nationales : organisation et conduite remises en cause

Jeudi 26 Septembre 2013 - 18:30

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La plate-forme politique Coalition des patriotes pour la République (CPR) refuse de s’associer aux décisions pouvant compromettre la cohésion nationale

La déclaration politique de la CPR du 24 septembre vient relancer le débat sur la question de la crédibilité des concertations nationales en cours en RDC. Elle jette un pavé sur la conduite des travaux par le présidium Léon Kengo wa Dondo-Aubin Minaku et remet en cause leur neutralité. Le constat malheureux de la plate-forme sur l’organisation et la conduite des concertations a eu comme effet direct son refus  de s’associer aux décisions qui en découleront. 

« La CPR qui, par esprit républicain et patriotique, avait manifesté sa disponibilité d’apporter à ce forum,  sa contribution dans l’intérêt supérieur de la Nation et du peuple, prévient et déclare solennellement qu’elle ne s’associera pas aux décisions qui, visiblement, compromettent la cohésion nationale notamment », a relevé la déclaration.  Elle en appelle à la vigilance de l’ensemble de la population congolaise pour faire obstacle aux tentatives pouvant compromettre la cohésion nationale.

Parmi les décisions que la coalition refuse d’avaliser, il y a celle en rapport avec la révision des dispositions intangibles de la Constitution, spécialement son article 220. Elle estime que cela diviserait davantage la Nation et l’affaiblirait au profit des intérêts personnels et partisans. La plate-forme note aussi que l’intégration des éléments quelconques du M23 dans l’armée nationale encouragerait l’esprit mutin, et officialiserait l’infiltration, en son sein, des éléments des forces étrangères. « Cela revient en même temps à participer aussi à sa liquéfaction  par l’installation de ces chevaux de Troie dans le dispositif de notre principale composante de sécurité. Cela procède de la haute trahison », a-t-elle indiqué. 

La CPR assure avoir observé une absence d’organisation dans l’ordonnance des références au facilitateur et au représentant du secrétaire général de l’ONU, ainsi que celle de la définition claire de leur rôle respectif au regard de la résolution 2098 du Conseil de sécurité de Nations unies et de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba. De même, a précisé la déclaration, il se manifeste une non-prise en compte des observations pertinentes faites pour la requalification de l’ordonnance concernant les concertations.

Sur le huit points relevés par la coalition politique au niveau de l’organisation, il y a également le flou entretenu sur la finalité des conclusions des concertations, l’absence de la parité entre composantes au profit du camp au pouvoir et la désorganisation dans l’établissement des listes des participants, au niveau de leur origine, leur constitution, leur communication et leur nombre. L’absence de la maîtrise de la communication responsable de l’information aux sollicitudes des délégués en rapport avec leurs diverses préoccupations relatives aux assises du forum des concertations, la communication très tardive du programme et des horaires des travaux, quatre jours après l’ouverture de ceux-ci font partie des observations de la CPR.

Pour ce qui est de la conduite des travaux, il est déploré l’imposition du Règlement Intérieur à la plénière, sans débat, l’absence d’un débat général d’orientation en plénière et le non-respect des choix de participation dans les états généraux exprimés par les délégués en fonction de leur préparation, l’imposition des bureaux des états généraux par le présidium, sans l’aval des plénières des états généraux concernés.

Selon la plate-forme dirigée par François-Xavier Beltchika, le verrouillage et le contrôle des concertations opérés le présidium éloignent les assises de l’objectif global déclaré de la recherche de la cohésion nationale. « Loin de favoriser la cohésion nationale, les concertations en cours risquent de conduire à l’aggravation de la crise congolaise nécessitant le recours à la tenue d’un autre forum qui réunirait dans sa préparation et son déroulement, les conditions qui relativiseraient les préjugés, rapprocheraient les protagonistes et faciliteraient la démarche vers la cohésion nationale », a repris la déclaration de la CPR. Elle invite le gouvernement à prendre en compte son cahier des charges lui transmis en  mars 2013 sur la préparation et la tenue d’un forum crédible dont les résultats favoriseraient la cohésion nationale souhaitée par tous les Congolais.

Jeannot Kayuba

Légendes et crédits photo : 

Photo : Le président du bureau exécutif de la CPR, François-Xavier Beltchika. (© DR)