Concours Artembo : une peintre de 62 ans inscrite dans la course

Jeudi 4 Avril 2019 - 15:09

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Doyenne des douze artistes plasticiens en résidence depuis le 26 mars au quatrième étage en chantier de l’immeuble Matrix, dans le cadre de la Saison 4 de la saga artistique de Bracongo, Evelyne Masamba est aussi l’unique dame dans la compétition.

Stéphanie Sufren annonçant la Saison 4 d’ArtemboInitiée à l’art pictural par son défunt mari, Evelyne Masamba fait partie des rares peintres populaires féminins qui s’affichent à Kinshasa. Dans ses tableaux, la sexagénaire propose ce qui lui reste « des souvenirs du village de son enfance et de surprenantes compositions abstraites », a-t-on souligné dans sa présentation. Lors du lancement de la résidence, on l’a vue décomplexée au milieu des autres participants dont la moyenne d’âge oscille entre 20 et 30 ans, manifestant autant d’entrain que chacun d’eux sélectionnés par un jury indépendant d’artistes.

Les douze concurrents ont été choisis sur la base de critères professionnels et esthétiques tenant compte de leur pratique et la qualité de cette pratique. Le médium utilisé, le type de discipline ont également été pris en compte tout autant que leur potentiel de sorte que les plasticiens en lice à la saison 4 d’Artembo sont différents au niveau de leur personnalité. Leur présentation a permis de s’en faire déjà une petite opinion. Dans les détours de la conférence de presse organisée au lancement de la résidence, l’on a su que Nizar Saleh fait des photos et vidéos entre recherches documentaires et expérimentations visuelles. Dans le même registre, Emmanuel Koto, lui, développe plutôt « un travail photographique conceptuel fondé sur des faits sociétaux présents et sur l’histoire tourmentée du pays ».

Côté dessin, l’on retrouve Geoges Lusavu qui aime à représenter des villes sur grand format en « mêlant les détails inspirés de Kinshasa à un imaginaire hallucinant ». Cédrick Tamasala, qui est en plus sculpteur, « réalise des cartographies fondées sur l’actualité géopolitique, la critique sociale et la poésie ». Bédéiste, Chailin Kamango a conçu « un univers fantastique porté par des dessins d’une grande précision ».

Dans l’univers de la toile, outre la doyenne Evelyne Masamba, l’on a cité Josué Valentia Mbanga dont la singularité est d’être « un peintre engagé contre la discrimination et obsédé par la représentation des personnes albinos dans son œuvre ». Sans oublier Catheris Mondombo qui a poussé l’expérimentation plastique, jusqu’à la réalisation « d’œuvres sur les bâches en plastique utilisées jusqu’à l’usure par les petits commerçants kinois ».  

Peut-être un peu plus inclassable que les autres, Alidor Lusamba a créé sa propre marque de jouets, "Ally motors". Designer bricoleur, il a pour spécialité la fabrication des engins motorisés en matériaux de récupération. L’on peut en dire autant du performeur Billy Mukinay qui fait usage à la fois de son corps, de l’espace, des contextes « et un répertoire complexe de symboles pour livrer ses performances virulentes au public ». Beau Disundi, quant à lui, sculpte des personnages énigmatiques, partant de « l’expérimentation et l’association de matériaux nobles et de récupération ». Glodi Mbela Mambueni complète le tableau. Il entraîne « dans un univers pop et coloré » jouant sur les motifs, les effets de matière et le collage.

Les artistes plasticiens concurrents à la Saison 4 d’ArtemboUne opportunité de se perfectionner

Le profil des artistes en dit certainement long sur la motivation d’Artembo. Le concours, un projet porté par Bracongo sous le label de la bière Tembo, produit par l’agence Laboratoire Neo et accompagné par l’Institut français et Kin Arts Studio, est tenu pour une expérience unique. Il offre une opportunité aux artistes en compétition, le cas échéant, les douze en résidence à l’immeuble longeant le Boulevard du 30-juin, de perfectionner leur art, en donnant le meilleur d’eux-mêmes.

Stéphanie Sufren, séduite par « l’originalité des travaux de chacun », l’a tout de suite mis en avant. La directrice de l’agence Laboratoire Neo a souligné que « parmi eux, il y a de jeunes artistes en début de carrière, pour certains des artistes confirmés qui n’ont pas encore la reconnaissance qu’ils auraient dû avoir ». Et de renchérir : « A l’image de Kinshasa où l’art se pratique partout et tous les temps, Artembo entend mettre en avant une autre image de la RDC ». D’où l’accent mis cette année sur « l’art contemporain congolais ».

Responsable de la communication, médias et digital Bracongo, Rose Kandolo a sur ce point livré sa conviction : « Pour nous, ce sont les artistes qui racontent bien notre histoire. Il est temps qu’on change la façon de raconter l’histoire du Congo. Car le Congo ce n’est pas seulement la disette, les guerres, les conflits politiques, etc. Le Congo c’est aussi la vision de ses artistes contemporains ».

Alors que les plasticiens viennent d’achever leur première semaine de résidence, il faudra attendre jusqu’au 20 avril pour connaître celui à qui la photographe Anastasie Langu, lauréate de la précédente édition, la Saison 3 d’Artembo, cèdera le flambeau. La soirée qui consacrera le prochain lauréat va donner lieu à une cérémonie solennelle de remise du prix Artembo de la Saison 4 à l’Institut français.

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Stéphanie Sufren annonçant la Saison 4 d’Artembo / Adiac Photo 2 : Les artistes plasticiens concurrents à la Saison 4 d’Artembo / Adiac

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