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Congolais de l'étranger

Samedi 21 Mai 2016 - 11:48

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On peut désigner sous cette expression « Congolais de l’étranger », la communauté des hommes et des femmes de nationalité congolaise qui, pour des raisons diverses, sont basés hors des frontières nationales mais restent en relation avec la mère-patrie. Invariablement, pas seulement pour le cas du Congo, la formule « diaspora », a souvent été associée à cette vision des choses. Le débat n’en est pas là pour l’heure, il porte sur la dénomination du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, devenu depuis la publication de la nouvelle équipe gouvernementale, le 30 avril dernier, le ministère des Affaires étrangères, de la coopération et des Congolais de l’étranger.

En apparence, plus qu’une perche tendue à nos compatriotes de l’extérieur, c’est une reconnaissance du rôle qu’ils sont appelés à jouer dans l’effort de construction du pays. Comment vont-ils réagir à cette volonté de dialogue et de rassemblement exprimée au plus haut niveau de l’Etat ? La question mérite d’être posée car de tout temps, on a peut-être tendance à l’oublier, un appel du pied a toujours été lancé en direction de la diaspora congolaise pour l’associer à la réflexion sur les questions d’intérêt national. Deux exemples pour étayer ce propos : en 1972, sous le président Marien Ngouabi une conférence nationale fut organisée, avec à la clé des Congolais de l’extérieur venus nombreux apporter leur pierre à l’édifice à bâtir.

En 1991, sous le président Denis Sassou N’Guesso, une autre conférence nationale, souveraine celle-là, fut convoquée. La diaspora congolaise en sortit victorieuse pourrait-on dire. D’abord parce que le Premier ministre du gouvernement de la transition qui mena aux élections générales de 1992, André Milongo, était issu de cette diaspora. Ensuite parce que le premier président élu de l’ère démocratique, la même année, Pascal Lissouba, rentrait lui également de l’étranger. Il n’y a pas lieu d’épiloguer sur les résultats des deux expériences, tant le Congo, malgré les difficultés de parcours, poursuit avec des fortunes diverses son petit bonhomme de chemin sur la voie de la démocratie.

À la différence des deux moments de notre histoire commune rappelés plus haut, dominés par une prise de parole parfois virulente des acteurs en présence, la participation sollicitée des Congolais de l’étranger dans le moment présent ne passe pas par l’organisation d’une grand-messe des états généraux de la Nation aux résultats souvent difficiles à mettre en œuvre. Elle s’élaborera, peut-être, dans le cadre de contacts suivis avec ceux ou celles des Congolaises et des Congolais qui, en Afrique, en Europe, dans les Amériques, en Asie ou en Océanie voudraient se confronter à la réalité du terrain de leur pays d’origine. Pour y créer une unité de production, développer un partenariat lucratif, intégrer le secteur d’activités de son domaine de compétence dans le public ou le privé et pourquoi pas, prendre activement part à la vie politique.

Quel que soit le profil de chacun des prétendants au retour au bercail, ils devront s’assurer que l’environnement dans lequel ils seront utiles au pays est assaini, que les obstacles au développement d’activités économiques sont levés. L’un des rôles dévolus au ministère en charge des Congolais de l’étranger sera certainement d’aider ces derniers à mieux connaître leur pays, pour ceux qui ne l’ont plus visité, de venir constater de visu les opportunités qui s’offriront à eux. Il est entendu que s’ils ne le font pas, ils laisseront le terrain à d’autres, pas toujours les nationaux, qui investissent depuis un moment avec suite de vastes secteurs de l’économie nationale : boulangeries, laveries, mécanique auto, numérique, quincailleries, électro-ménager, restauration, export, hôtelleries et bien d’autres.

Les nôtres se contenretont-ils de cette surenchère politique des temps de la FEANF* et de l’AEC* avec le discours haut qui frise parfois l'amalgame? Cela sera un peu dommage.

* FEANF: fédération des étudiants d'Afrique noire de France

* AEC: asociation des étudiants congolais
 

Gankama N'Siah

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