Conjoncture économique : l’année 2017 pire que 2016 selon les dernières tendances de la BCC

Mercredi 19 Juillet 2017 - 16:28

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Le premier semestre s’est révélé une catastrophe dans l’évolution des principaux agrégats macro-économiques, avec une inflation atteignant les 7 % au cours du seul mois de juin 2017. Rien ne permet désormais d’écarter une fin d’année plus difficile. En tout cas, la Banque centrale du Congo (BCC) a confirmé une économie en état de surchauffe. Certaines mesures exceptionnelles arrêtées, pour certaines depuis 2016, n’arrivent pas encore à produire leurs effets escomptés.

Chaque jour, des informations filtrent sur les effets néfastes de l’instabilité du cadre macro-économique sur la vie nationale. Brisant son silence récemment, la BCC a démarré une véritable campagne d’informations dans le but d'apporter toute la lumière sur la situation actuelle du pays. Selon elle, l’économie est bien en "surchauffe", avec une inflation de plus en plus galopante et une réserve de change réduite considérablement. Pour la paie des fonctionnaires du mois de juillet, la BCC est encore dans l’attente des recettes. Entre-temps, elle a décidé d’étaler ses décaissements aux banques commerciales sur une dizaine de jours.

Preuve d’une situation intenable, les dernières indiscrétions de la BCC prouvent à suffisance la continuité de la dégradation de l’économie nationale depuis la rupture de la stabilité du cadre macro-économique au second semestre de 2015. Au cours des 6 derniers mois de 2016, les prix ont enregistré une remontée de près de 40 %, confirmant ainsi une inflation galopante. Il n’y a pas eu de répit l’année suivante. Bien au contraire, le phénomène s’est aggravé et continue même à s’aggraver. Comme l’a révélé la BCC, le niveau des devises étrangères est à son niveau le plus bas : à peine 3 semaines et demie d’importations contre la norme qui limite à 3 mois. Autre effet signalé dernièrement, la BCC aurait suspendu les paiements de l’État à son niveau. Une information du reste démentie par la suite même si les bribes d’informations continuent de faire état des perturbations, voire des retards dans le paiement au niveau de la BCC.

Mais la RDC ne fait pas que subir une conjoncture provoquée par la baisse des cours mondiaux des matières premières qui s'est répercuté sur l’ensemble des agrégats macro-économiques et secteurs. En dehors des interventions de la BCC sur le marché de change, 4 au total en 2016, et même sa lutte effrénée contre la fuite des capitaux, il y a eu d’autres mesures exceptionnelles dont certaines ont été arrêtées dans le cadre des 28 mesures urgentes sur le plan économique du gouvernement. L’un des objectifs poursuivi était d’accroître les recettes à travers l’élargissement de l’assiette fiscale. Au-delà, le gouvernement cherchait aussi à renforcer le contrôle des recettes de l’État tant fiscales, administratives, domaniales que douanières. Et puis, l’action du gouvernement comprenait aussi des mesures s’appliquant sur le climat des affaires et investissements. La moisson semble bien maigre, du moins à ce jour. Autre grand problème, l’implication des partenaires multilatéraux dont le Fonds monétaire international n’est pas à l’ordre du jour. Pour certains analystes, la RDC a bien tenu sans programme avec le FMI et même avec la chute drastique des matières premières. Mais la bonne gouvernance ne résoudra pas la crise qui s’aggrave dans le pays.

Le second semestre 2017 n’augure aucun changement majeur. Tout le vœu d’atteindre l’émergence d’ici à 2030 semble compromis, même si un début d’éclairci est possible entre 2017-2018 avec la petite remontée des cours mondiaux des matières premières. Mais pour diversifier, il faut des capitaux frais qui manquent cruellement au pays. Plusieurs grands chantiers tournent au ralenti. L’agitation politique et la recrudescence de l’insécurité ne va pas faciliter le travail du gouvernement. Comme le résume la BCC, la RDC connaît actuellement un "important déséquilibre économique" causé par la chute des cours des matières premières qui a entraîné une baisse des rapatriements des recettes d’exportation, une diminution de l’offre des devises et, par conséquent, une dépréciation de la monnaie nationale et une hausse de l’inflation.

Laurent Essolomwa

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