Conservation de la nature : un réseau ouest-africain de trafic d’ivoires démantelé à Kinshasa

Mercredi 20 Avril 2016 - 17:04

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Il s’agit d’une deuxième vague d’arrestations opérées, au cours de l’année, par les autorités congolaises grâce au programme d’application de la loi soutenu par le Fonds mondial de la nature (WWF) /Traffic et ses partenaires locaux.

Les autorités de la RDC ont opéré, le 16 avril, à Kinshasa la saisie d’une cinquantaine de kg d’ivoires (ivoires bruts et frais de récent braconnage) et, dans sa suite, l’arrestation de deux trafiquants d’ivoires qui étaient suivis, depuis un certain, temps par les membres des équipes de mise en œuvre du programme d’application de la loi. Cette deuxième vague d’arrestation opérée par les autorités de la RDC a également permis de démanteler un important réseau ouest-africain de trafic d’ivoires à Kinshasa.

Ces résultats encourageants, explique un communiqué de WWF, ont été obtenus grâce au programme d’application de la loi soutenu par le WWF/Traffic et ses partenaires locaux, et financé par l’Agence américaine pour le développement international (Usaid) et mis en œuvre par WWF-RDC en partenariat avec des ONG nationales spécialisées, l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) ainsi que des réseaux d’application de la loi comme le Réseau de surveillance du commerce de la faune.

Le stock saisi et les personnes arrêtées sont, note ce communiqué, entre les mains des autorités policières. « Le WWF félicite le gouvernement de la RDC et l’encourage à poursuivre ses efforts dans la lutte contre le trafic d’ivoire ainsi que la collaboration qu’il apporte dans la mise en œuvre du programme d’application de la loi », a déclaré le directeur de la conservation du WWF-RDC, Bruno Perodeau, cité dans ce communiqué. La RDC à travers ses différentes structures telles que la police, l’ICCN et tant d’autres, a-t-il poursuivi, sont nos premiers partenaires dans la mise en œuvre de nos projets. C’est grâce à leur étroite collaboration que nous arriverons à de meilleurs résultats. Le programme d’application de la loi est bel et bien implémenté et ces résultats prouvent que dans un avenir proche, nous arriverons à dissuader les braconniers d’éléphants en RDC. « La RDC est depuis plusieurs années indexée par la communauté internationale comme faisant partie des pays où se posent beaucoup de problèmes de braconnage et de trafic illicite d’ivoires. La saisie opérée ce 16 mars 2016 ainsi que l’arrestation de deux trafiquants sont des signaux forts du gouvernement de la RD Congo à vouloir éradiquer la criminalité faunique sous toutes ses formes et à respecter ses engagements internationaux dont ceux pris au titre de son Plan d’action national sur l’ivoire (Pani). Nous profitons de l’occasion pour remercier tous nos partenaires nationaux et internationaux qui nous appuient dans ce grand combat », a déclaré le directeur de la Conservation de la nature au ministère de l’Environnement, conservation de la nature et développement durable et Organe de gestion Cites RDC, Frédéric Djengo, cité dans le communiqué du WWF.

Le nombre d’éléphants a été divisé par 15

Dans les années 1970, fait observer le WWF, la population d’éléphants dans les parcs de la RDC était estimée à plus de 200 mille alors qu’aujourd’hui, ce nombre a été divisé par 15 et certains animaux tel que le rhinocéros ont entièrement disparu. « La RDC est devenue la plaque tournante du commerce d’ivoires; de la Tanzanie à l’est jusqu’au Mali à l’ouest, la situation est très préoccupante pour les éléphants d’Afrique. On estime que quelque 20 mille d’entre eux ont été tués l’an dernier à travers l’Afrique pour leur ivoire. En Chine, à l’autre extrémité d’une chaîne d’approvisionnement clandestine contrôlée par des mafias internationales, la défense d’éléphant brute se négocie à près de mille euros le kilo », a noté le WWF, citant l’AFP.

Il est rappelé qu’en tant que pays prioritaire dans la lutte contre le trafic illégal d’ivoire, la RDC a été priée par le Comité permanent de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites) de fournir, en juillet 2014, un Plan d’action national sur l’ivoire (Pani). En mars dernier, le secrétariat de la Cites avait recommandé que les pays membres suspendent le commerce des spécimens d’espèces figurant sur la liste Cites avec la RDC parce qu’elle n’avait pas finalisé son Pani dans les délais convenus.

Face à la menace de sanctions, la RDC a commencé à agir en procédant à la mise en œuvre de son plan et maintenant elle est en train d’aider à réprimer les réseaux de trafic d’ivoire. Ceci, a souligné le WWF, nous montre qu’une action forte et décisive de la Cites peut amener à des résultats de conservation à impacts réels sur le terrain. « Le taux de criminalité faunique est assez élevé en RDC. Pour y répondre, il faut des actions d’envergure à l’instar des opérations lancées durant le premier trimestre de 2016 dont la dernière en date du 16 mars 2016. Avec une dizaine de personnes arrêtées et plus de 80 kilos d’ivoires saisis au cours de ces opérations, les autorités congolaises prouvent leur détermination à stopper l’hémorragie causée par les criminels de la faune… », a déclaré, la gestionnaire d’une ONG partenaire local du WWF- RDC dans la lutte contre la criminalité faunique et représentante de la société civile, Nancy Shabani.

La loi congolaise de 2014 sur la faune punit, en effet, toute personne reconnue coupable d’avoir tué, blessé, capturé ou encore en possession d’un animal entièrement protégé, y compris l’éléphant, d’une peine de prison d’un à dix ans et/ou une peine d’amende de 5 à 10 millions de francs congolais (5500 à 11000 dollars américains). Alors que le trafic international impliquant des espèces intégralement protégées, tel que le trafic illégal d’ivoires est puni encore plus sévèrement de cinq à dix ans de prison et/ou d’une amende de 25 à 100 millions de francs congolais (27.000 à 110.000 dollars américains).

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Destruction des pointes d'ivoires

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