Consolidation de la démocratie : vers la recomposition du paysage politique et l’unité de l’opposition ?

Jeudi 21 Juin 2018 - 17:30

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Trois sujets politiques nourrissent les débats dans les états-majors actuellement : la publication du décret portant statut du chef de l’opposition ; la fixation par l’Etat à quarante-neuf le nombre des partis politiques au lieu de deux cents et l’éventualité d’un dialogue.

 

 

 

Prévu par la Constitution du 15 octobre 2015, le poste de chef de l’opposition revient, selon cette loi fondamentale, au responsable de la formation politique ayant obtenu plus de députés à l’Assemblée nationale. Pour le cas actuel, il s’agit de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads) que dirige le député Pascal Tsaty Mabiala.

Depuis plus d’un mois, les partis se reconnaissant de cette obédience se réunissent régulièrement pour élaborer leurs documents de travail, à savoir le mémorandum, le règlement intérieur et la feuille de route. Une commission a été mise en place pour la circonstance.  

 L’adoption de ces deux derniers textes et la signature du premier document vont intervenir le 23 juin à Brazzaville, au cours de la sortie officielle de ce cartel de partis. Cet événement se prépare sur fond de contestation par d’autres formations de l’opposition qui estiment que leur dirigeant ne devrait pas être désigné par l’exécutif. Le débat alimente les discours politiques et fait déchaîner les passions.

 Dans une interview exclusive accordée aux Dépêches de Brazzaville, le chef de l’opposition congolaise, Pascal Tsaty Mabiala, relevait l’ambiguïté de ce débat en ces termes : « Les règles de jeu sont clairs. Les contestataires sont-ils contre la Constitution qui prévoit ce poste, la loi portant création et attributions du chef de l’opposition ou contre ce que nous faisons ? L’adhésion à un groupement politique est libre. C’est cela aussi la liberté et la démocratie. Nous aspirons à rassembler tous les partis de l’opposition. Nous ne pouvons pas rentrer dans les querelles, sinon, nous tomberons si bas ».

L’expérience de nomination, dans les mêmes conditions, d'un chef de l’opposition, affirment nombreux analystes, n’est pas une invention congolaise. D’autres pays africains, à l’instar du Mali, de la Guinée Conakry, du Togo… ont prévu ce poste dans leurs Constitutions. L’objectif à terme, ont-ils noté, est de créer l’unité au sein de cette obédience pour envisager des alternances politiques sans heurts.

Cependant, le projet n’est malheureusement pas du goût de certains dirigeants des organisations de l’opposition congolaise. On se demande pourquoi. Pourtant, lorsqu’on observe le fonctionnement de cette obédience, on constate qu’elle a bien besoin d’un chef.

Par ailleurs, au sein de la frange que dirige Pascal Tsaty Mabiala, la Convention des partis de l’opposition républicaine (Copar) semble être contestée par les autres formations politiques ; au motif que le ministre de l’Enseignement technique et professionnel, Antoine Nicéphore Fylla Saint-Eudes, qui en est le président, ne devrait pas siéger à l’opposition parce que membre du gouvernement, comme le précise l’article 5 du décret portant création et attributions du chef de cette obédience. La Copar a donc quitté ce groupement et entend conserver son identité.  

                                                             Assainissement du paysage politique congolais  

La nouvelle loi sur les partis avait défini des critères de sélection des organisations politiques. Le ministre de l’Intérieur et de la décentralisation, Raymond Zéphirin Mboulou, a publié le 11 juin, la liste des formations devant composer l’architecture politique nationale.

En effet, ce texte dispose, entre autres, qu’un parti ou association politique ne doit pas être un groupement des membres d’une même famille biologique. Il doit, au contraire, être territorialement représenté, avec des sièges sociaux implantés dans tous les douze départements du Congo.

L’annonce de cette nouvelle a suscité des réactions de la part de certains partis de l’opposition qui n’ont pas été retenus. C’est le cas d’Elo Dacy de l’Union patriotique pour le renouveau national que dirige l’ancien ministre des Finances, Mathias Dzon ; de Clément Mierassa du Parti social et des démocrates congolais ; de Paul Marie Mpouelé du Parti des républicains, ainsi que du représentant du Mouvement pour l’unité, la solidarité et le travail de Claudine Munari.

En dépit de ces réactions, le ministre de l’Intérieur a précisé qu’en « élaborant cette loi, le gouvernement ne s’est pas enfermé seul dans une maison ; il l’a confectionné avec les responsables des partis politiques. Si certaines organisations ne se sont pas associées au processus ; c’est peine perdue pour elles ; parce que le gouvernement ne peut plus y revenir. La loi a été promulguée ».

                                                              Ira-t-on au dialogue ?

Plus d’un posent cette question. La nécessité de convoquer un dialogue politique est, estime-t-on, l’une des conditionnalités du Fonds monétaire international avant de signer le programme de relance économique avec le Congo. Au niveau interne, le besoin de s’asseoir autour d’une même table serait motivé par la morosité du climat politique née des chauds épisodes du changement ou non de la Constitution du 20 janvier 2002 et les élections générales de 2016.

La balle se trouve dans le camp du gouvernement, chargé de convoquer ces assises et d’en proposer l’ordre du jour.    

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Roger Ngombé

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