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Constitution : coups de gueule et de coeur de Gabriel Entcha-Ebia

Samedi 28 Mars 2015 - 12:45

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Plusieurs fois ministre, Gabriel Entcha-Ebia, magistrat hors classe, assume actuellement les fonctions d’ambassadeur de la République du Congo auprès de la  République Centrafricaine. Il vient de publier aux Éditions Hémar, dans la Collection « Libre propos », un petit bouquin de poche, de quelques quarante-trois pages, intitulé : « Le moment de choisir : la parole au peuple souverain ». Auriez-vous des doutes sur l’actualité développée dans cet opuscule ? Eh bien, elle porte sur la Constitution du 20 janvier 2002. Visiblement, les intellectuels ont emmanché leurs plumes !

Dans « Le moment de choisir », Gabriel Entcha-Ebia accroche les pourfendeurs de toute idée de revenir sur la loi fondamentale qui régit le Congo. «  Arrêtez vos logorrhées ! On vous connaît. Le peuple n’a pas oublié le temps où vous transformiez vos maisons en banque. Demain, une fois que vous seriez hissés à la magistrature suprême, le Trésor public élira domicile dans vos maisons. Tous les petits du coin envahiront la fonction publique sous le couvert de décisionnaires, comme par le passé. Nous aussi, nous connaissons vos méthodes, assises essentiellement sur le tribalisme. Alors ça suffit ! ».

Pour comprendre cette diatribe de l’ancien ministre, il faudrait, peut-être, recourir aux librairies, retrouver ses «  800 jours au ministère de la Fonction publique et de la réforme de l’État ». Un ouvrage paru, en 2009, chez le même éditeur, dans lequel Gabriel Entcha-Ebia démontre, chiffres à l’appui, comment des recrutements anarchiques avaient pollué l’administration publique à l’initiative de certains de ses collègues.

À l’opposé de ce coup de gueule, contre lequel des réactions pourraient venir de toutes parts, car il cible un certain nombre de pratiques condamnables vécues dans un passé récent ainsi que leurs auteurs présumés, Gabriel Entcha-Ebia est apologétique à l’égard de l’action du président de la République, Denis Sassou N’Guesso. En poste dans un pays déchiré par des rivalités politiques fratricides entre ex-Séléka et anti-balakas, il note qu’il n’y a pas lieu pour le Congo qui a connu pire les décennies antérieures de rouvrir le cycle des violences.

Mais il se veut « clair » et l’écrit noir sur blanc, expliquant que pour lui, « il faut poser le problème sans ambiguïté et dans des termes simples de telle sorte que chaque citoyen puisse comprendre, prendre position, et décider. Il s’agit de permettre au président Denis Sassou N’Guesso de continuer l’œuvre d’édification du Congo qu’il a commencée et dont les réalisations sont visibles ».

Sur plusieurs pages, Gabriel Entcha-Ebia énumère ces réalisations les unes après les autres. Ce débat constitutionnel, que d’autres voix posent en termes juridiques, lui, il l’aborde en termes politiques et de ce fait, prend à contre-pied ceux du bord favorable au changement de la Constitution du 20 janvier, qui n’ont pas jusque-là défendu cette démarche avec les mêmes mots. Peut-être sera-ce, dans les jours à venir, un nouvel angle, une nouvelle donne de ce débat qui ne cesse de diviser la classe politique congolaise.

Ce texte qui ressemble à une lettre ouverte, puisque l’auteur signe en dernière page « Bangui, le 27 juillet 2014 », le dépôt légal remontant à février 2015 ; ce texte, parions-le sans frais, soulevera possiblement de nombreuses réactions. Et le magistrat en est conscient qui épilogue : « En écrivant ces lignes, nous avons agi avec suffisamment d’audace. Nous heurterons certainement beaucoup de susceptibilités… Peu importe !, se console-t-il. »

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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