Contentieux électoral. Tony Cassius Bolamba : « J’attends que justice me soit rendue »

Samedi 2 Février 2019 - 11:15

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L'ex-gouverneur de la province de l'Equateur a déposé une requête en contestation des résultats provisoires à l’élection provinciale du 30 décembre 2018, donnant le candidat du PPRD, Boloko Bolumbu, gagnant dans la circonscription électorale de Mbandaka. Alors que s’ouvre le 4 février l’examen des recours introduits à la Cour  d’appel de l’Equateur relatifs à ces résultats, il se dit serein. Le requérant qui s’est confié au Courrier de Kinshasa déclare détenir les procès-verbaux de tous les deux cent cinquante-trois bureaux de vote qui le donnent largement vainqueur avec 4 403 voix contre 4018 du candidat Boloko, soit un écart de 385 voix. Interview.

Le Courrier de Kinshasa (L.C.K.):Pourquoi contestez-vous l’élection du candidat Boloko Bolumbu ?   

Tony Cassius Bolamba (T.C.B.): Nous avons largement remporté les élections. Celui qui a été plébiscité troisième à notre place ne le mérite pas. Le nombre des voix glanées sur notre liste dépasse largement celles contenues sur sa liste. Et au vu des irrégularités ayant émaillé le scrutin - je vous signale qu’il y a eu des arrestations au centre EP Esengo -, nous avons mis tous ces éléments à la disposition de la justice qui doit trancher, invalider ce monsieur et nous donner cette place parce que nous la méritons, honnêtement et loyalement, d’autant plus que les électeurs nous ont donné leurs suffrages. Je ne vois pas par quelle alchimie lui et sa liste peuvent nous battre.  

L.C.K. : Des cabales contre votre personne ne faiblissent donc pas…    

T.C.B. : Non, ce n’est pas ma personne qui est visée, c’est le peuple équatorien en général et de Mbandaka en particulier qui est ciblé parce que ma présence effraie tous ceux que je qualifierais de « bandits » de la province. Ceux qui ne sont là que pour détourner les biens de la province. Mais malheureusement, je constate qu’il y a certains qui sont encore là et que d’autres sont revenus à l’Assemblée provinciale. Raison pour laquelle ma présence effraie. J’avais instauré la rigueur, l’intégrité, la bonne gestion, la bonne gouvernance dans la province. Ma présence dérange tous ceux qui ont pour habitude d’asservir la population de l’Equateur, de détourner les fonds de la province en la laissant dans son état de sous-développement.

L.C.K. : Avez-vous foi en la Cour d’appel de Mbandaka ? Ne craignez-vous pas qu’elle soit instrumentalisée ? 

T.C.B. : Je ne sais pas si cette Cour ne regarde que dans un sens puisque pour le moment, le pouvoir a changé, le président Joseph Kabila n’est plus à sa place, nous avons un nouveau président de la République qui est entré. Il va trouver les institutions solides laissées par son prédécesseur et lui-même est un grand défenseur de l’Etat de droit.   Donc, le contexte a changé et il y a des fortes chances que notre requête aboutisse. La République démocratique du Congo est un Etat de droit. Nous avons amené les éléments écrits, visuels, etc., et c’est à la justice de trancher en notre faveur. Je ne cherche pas à influencer la décision de la Cour. Raison pour laquelle je ne partirai pas pour Mbandaka le jour du procès pour qu’on ne dise pas que j’ai influencé le jugement. Je préfère suivre le déroulement du procès à partir de l’extérieur.

L.C.K. : Sur quoi fondez-vous votre optimisme ?

T.C.B. : Les éléments de preuve dont nous disposons sont tellement clairs. Nous avons gagné les élections. Le candidat Boloko doit être invalidé. Je rappelle qu’il y a eu un précédant. Le gouverneur Baende, alors en pleine fonction, avait été invalidé suite aux incidents qui ont eu lieu à Bamanya. Si là-bas, il y avait eu mort d’homme, à l’EP Esengo, il y a eu plutôt échange des coups de feu. J’espère que nos services provinciaux de sécurité ont informé leur hiérarchie sur ces incidents qui ont eu lieu en présence des observateurs de la SADC. Nous demandons l’invalidation pure et simple du candidat Boloko et qu’on nous attribue le siège.  

L.C.K. : Comment la population de Mbandaka a-t-elle accueilli votre défaite électorale ?   

T.C.B. : Avec beaucoup de surprise et de mécontentement. Il fallait que je puisse personnellement parler à cette population après la publication des résultats provisoires pour la calmer et pour qu’il n’y ait pas d’incidents négatifs dont le pays n’a pas besoin.

L.C.K. : Et si à la députation nationale vous obtenez également gain de cause, où iriez-vous siéger ?

T.C.B. : Nous allons laisser le suppléant siéger dans l’une ou l’autre assemblée. Cela dépendra de la population. J’irai la consulter. Je vous informe que nous sommes également partants pour la candidature au Sénat. Tout dépendra encore une fois de la population. C’est elle qui décidera là où elle aimerait bien nous voir siéger. Je pense qu’elle opterait pour Mbandaka afin d’annihiler toutes velléités de détournement, de pillage et de vol que pourraient nourrir certaines autorités provinciales de triste réputation. Ces lobbies m’ont combattu pour que je sois loin de la province afin qu’ils continuent de détruire la province en nous faisant passer pour des mal-aimés. Ce qui est totalement faux. C’est juste un groupe d’inciviques qui tentent de détruire l’image des gens qui veulent réellement servir le pays. Ce groupe des prédateurs a une mainmise sur la province et ne veut pas que l’Equateur progresse pour continuer à asservir sa population, laisser nos enfants sans épanouissement ainsi que nos instituts supérieurs et universités dans un état de délabrement permanent, etc. C’est ce qui dérange.       

L.C.K. : Un message particulier à vos électeurs de Mbandaka et au chef de l’Etat, en tant que garant du bon fonctionnement des institutions ?

T.C.B. : Aux Mbandakais, je leur dirai que nous nous connaissons bien. Je n’ai jamais été loin d’eux, quels que soient les événements et les circonstances. J’attends qu’on leur rende justice, parce que c'est leurs voix que je suis en train de défendre. J’ai quitté le gouvernorat en laissant tous mes biens privés derrière moi, parce que c’était des biens personnels. Mais ici, il s’agit des voix que la population m’a données pour la représenter. Je demande qu’on leur fasse rentrer dans leur droit. Au président de la République, en tant que garant de la justice, qu’il ait un œil regardant sur ce qui va se passer à Mbandaka, un fait judiciaire qui sera, à coup sûr, un signal fort pour le nouveau quinquennat que nous venons de commencer.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Tony Bolamba communiant avec ses électeurs de Mbandaka

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