Contentieux électoraux en Afrique : la société civile congolaise propose la création des tribunaux d’arbitrage supranationaux

Jeudi 4 Avril 2019 - 19:05

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La situation que traverse la République démocratique du Congo (RDC), après ses élections de décembre 2018, a poussé certaines associations à la réflexion, étant donné que presque tous les scrutins organisés sur le continent ne produisent que des résultats contestables. Les juridictions envisagées auraient une force contraignante  et éviteraient au continent les hold-up électoraux qui constituent une menace contre la paix et le bien-être des peuples.

Un groupe de réflexion composé des membres des ONG de défense des droits de l’homme et des syndicats s’est penché sur la situation du Congo, après les élections de décembre 2018, planchant sur les espoirs et les craintes de la population au terme de ces échéances. « Plus de deux mois se sont écoulés après la tenue des élections générales en République démocratique du Congo. Les moments des agitations sont passés. L’heure est à la réflexion », ont-ils fait savoir,  le 4 avril.

Leur réflexion a été motivée par certains questionnements du peuple congolais par rapport à sa situation, notamment le sort qui lui est réservé durant ce quinquennat; ce qui peut justifier objectivement ses espoirs; etc.  

Parlant des élections, ce groupe a noté que celles que la Commission électorale nationale indépendante (Céni) et le gouvernement ont organisées n'étaient pas celles souhaitées par le peuple. « La Céni a offert au souverain primaire les pires élections jamais organisées en Afrique. Le monde entier a assisté, pendant des mois, à un exercice intellectuel diabolique qui a abouti à un hold-up électoral des plus vulgaires », ont souligné les membres de ce groupe. Bien qu'elles aient abouti à une passation pacifique du pouvoir entre les présidents sortant et entrant, ils ont estimé que le processus électoral a été chaotique et massivement contesté par la population, au regard des failles sans précédent enregistrées.

Un peuple renforcé

Pour ce groupe de réflexion, le peuple a été floué mais sort néanmoins de cette aventure plus renforcé dans ses convictions et reste convaincu sans le moindre doute que la vérité des urnes n’est pas celle qu’on lui a présentée. « Le peuple est d’autant convaincu que ni l’opposition politique, ni la société civile et moins encore la communauté internationale, personne ne peut empêcher un gouvernement résolu à conserver le pouvoir d’user des moyens en sa possession pour parvenir à ses fins », ont noté les membres de ce groupe.

Le peuple n’a pas perdu l’espoir

A en croire ce comité de recherches, investigations et de publication composé d’Amédée Bobotobi, Félicien Ifunga Bilo, Jacob Baluishi, Zéphirin Kinunu et Anselme Mufwenge, après ces élections, il est attendu l’installation des gagnants, et le peuple congolais est dans l’expectative. Ne s’étant pas encore « remis de sa stupeur à la suite de ce hold-up électoral opéré par la Céni, et dont il est la principale victime », il continue à assister, dépité, aux tractations de la classe politique.

Pour ces penseurs, malgré cette situation, le peuple n’a pourtant pas perdu espoir. « Le peuple n’est-il pas le souverain primaire ? N’y a-t-il pas une Constitution qui lui reconnaît cette souveraineté et cette primauté sur toutes les institutions ? N’a-t–il pas l’avantage du nombre ? N’est-il pas producteur des richesses ? », s’est demandé ce groupe.

Mais, ces acteurs de la société civile pensent que pour autoriser tous les espoirs, la cohabitation politique imposée au chef de l'Etat par la majorité présidentielle, devenue Front commun pour le Congo, doit être pacifique et surtout productive. Pour qu’il en soit ainsi, un équilibre des forces qui semble fragile aujourd’hui doit être créé, au vu des atavismes et des réflexes prédateurs de la classe politique congolaise.

Selon cette réflexion, il est attendu du nouveau président et son gouvernement, de regarder dans la même direction, dans l’intérêt général de la nation. « Les immenses ressources de la RDC n’attendent que des hommes capables et intègres pour en faire un pays fort et prospère », ont noté Amédée Bobotobi et son groupe.

Une question de volonté politique

Pour ce groupe, bien que tous les espoirs soient permis à certaines conditions, le peuple congolais a tout aussi les raisons de craindre pour ce quinquennat qui commence. « Si la population s’était rendue aux bureaux de vote, c’était pour sanctionner un régime qui l’a paupérisée et opprimée. Fort malheureusement, cette même classe politique décriée tient coûte que coûte à rester aux affaires. Alors, on se trouve dans l’obligation de composer avec cette classe », a-t-il fait constater.

Pour que le peuple puisse objectivement s’autoriser un espoir de bien-être, ont indiqué ces penseurs, le président Félix Antoine Tshisekedi devrait d’abord réussir l’exploit d’imposer au gouvernement de cohabitation une ligne de conduite qui va dans l’intérêt du peuple. « S’il se hasarde à vouloir satisfaire à la fois le peuple et ses partenaires du gouvernement de cohabitation, il affaiblira son leadership et échouera inévitablement sur le plan social comme tous ses prédécesseurs », ont-ils prévenu.

Soulignant les préoccupations formulées par certains Congolais lors des séminaires et autres ateliers organisés par les acteurs sociaux, ils ont relevé que presque toutes les élections organisées en Afrique ne produisent que des résultats contestables avec des contentieux électoraux. Aussi ont-ils proposé à l’Union africaine ou l’ONU, la création des tribunaux d’arbitrage des contentieux électoraux supranationaux, qui auraient force contraignante. « Si les élections qui sont l’un des piliers de la démocratie perdent la crédibilité aux yeux des peuples, on ne fait qu’apporter du grain au moulin des terroristes et des populistes de tous genres. Ce qui est une menace contre la paix et le bien-être des peuples », ont-il averti.

Lucien Dianzenza

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