Controverse autour de la machine à voter : Mgr Fridolin Ambongo propose une solution intermédiaire

Mercredi 7 Novembre 2018 - 16:00

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Le nouvel archevêque de Kinshasa en appelle à des discussions franches autour d’une tripartite majorité-opposition-Céni afin de parvenir à un entendement commun autour de la problématique qui tend à plomber le processus électoral.

Depuis qu’il a été nommé nouvel archevêque de Kinshasa en remplacement de Laurent Monsengwo (79 ans) mis en retraite, Fridolin Ambongo est demeuré silencieux, regardant le processus électoral évoluer sans piper mot. C’est dans la presse internationale qu’il s’est exprimé pour la toute première fois dans sa nouvelle casquette d’archevêque métropolitain. Toujours égal à lui-même avec un franc-parler qui lui est caractériel, le successeur de Laurent Monsengwo à l’archevêché de Kinshasa n’a pas eu sa langue en poche pour décrypter l’actualité politique de son pays dans une interview qu'il a accordée, à partir du Vatican, à RFI le 7 novembre.

Courageux dans ses convictions, l’homme de Dieu redoute, au regard de la controverse qui caractérise la classe politique congolaise, que la machine à voter ne puisse constituer un obstacle à la tenue des élections en République démocratique du Congo. Il y a urgence, a-t-il dit, qu’un consensus soit rapidement dégagé autour de cette question pour permettre d’avancer. Il en appelle à des discussions franches autour d’une tripartite majorité-opposition-Céni afin de parvenir à un entendement commun autour de cette problématique qui, actuellement, plombe le processus électoral.

Tout en regrettant qu’aucune solution intermédiaire n’ait été trouvée à ce sujet jusqu’à ce jour faute d’une réelle volonté politique, il propose néanmoins sa propre recette. « Pour l’élection présidentielle où il n'y a pas trop de candidats, on pourrait utiliser le papier et pour les autres élections, on pourrait utiliser la machine parce qu’il y a trop de candidats », a-t-il suggéré.

Parlant de la mise en application de l’accord de la Saint-Sylvestre pour lequel l’Église catholique s’est érigée en maître d’œuvre, l’archevêque de Kinshasa estime qu’il y a eu beaucoup de ratés dans son exécution, concernant notamment la décrispation politique. « Nous constatons que sur ce plan là, il y a eu plutôt une sorte de crispation au lieu de décrispation qui était attendue. Nous pensons à Moïse Katumbi, à la manière dont le dossier Jean-Pierre Bemba a été traité et d’autres qui ont été exclus de la course comme Muzito et tant d’autres », a-t-il fait savoir. 

Pour le cas spécifique de Jean-Pierre Bemba, il s’étonne que la Cour constitutionnelle et la Céni aient bouclé, à leur niveau, le dossier de subornation des témoins pour lequel la défense du prévenu a interjeté appel du jugement rendu par la Cour pénale internationale au mois d’août. Quant au sort réservé à Moïse Katumbi, empêché de faire acte de candidature, Fridolin Ambongo considère cela comme une décision politique visant à l’empêcher de concourir à la magistrature suprême.

Il n’y aura forcément pas de changement de ton et de langage dans les rapports qu’entend entretenir le nouvel archevêque de Kinshasa avec le pouvoir en place. Fridolin Ambongo s’inscrit plutôt dans la continuité de l’œuvre de son prédécesseur, tout en étant lui-même avec son franc-parler notoirement connu cimenté par un esprit critique savamment aiguillé.

Alain Diasso

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