COP21 : « un moment de vérité pour le climat et le développement durable », selon des scientifiques

Samedi 24 Octobre 2015 - 13:26

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Réunis à Bonn en Allemagne pour la dernière phase de négociation préparatoire à la COP21, deux cents chercheurs de haut niveau appellent à reconnaître « la valeur économique et sociale des actions de réduction du C0P21 ». Sinon, préviennent-ils, « les politiques climatiques risquent de se révéler inefficaces et injustes, et seront rejetés par les sociétés ».

Ils appellent à « un moment de vérité pour le climat et le développement durable », soulignant que les politiques envisagées pour rediriger l’économie  mondiale vers les activités peu émettrices en CO2 doivent aussi « servir de levier pour sortir de la crise et soutenir le développement des pays pauvres. Sinon, elles risquent de se révéler inefficaces et injustes, et donc, seront rejetées par les sociétés ».

Pour ces chercheurs, dont 1/3 sont des auteurs principaux du Giec, ainsi que le prix Nobel d’économie, Kenneh Arrow,  « la valeur économique et sociale des actions de réduction du CO2 et l’intégrer dans diverses initiatives. Le but recherché étant de « rediriger l’épargne des ménages, les fonds de pension, les systèmes d’assurance et les fonds souverains vers des investissements bas carbone de long terme ».

La plupart de ces chercheurs signataires proviennent des pays en développement : 22 signataires viennent d’Afrique, dont 12 d’Afrique subsaharienne ; 14 d’Amérique latine ; 29 d’Asie, dont 6 de Chine et 9 d’Inde. Une diversité géographique essentielle dans les milieux qui suivent les négociations sur le climat, « très structurés par les enjeux des inégalités entre pays riches et pays pauvres », d’après l’auteur de l’article, Laute Alain, publié dans le site écologie.

À l’inverse, autour de la pétition en faveur de la création d’un prix unique du carbone, on ne compte que trois auteurs venus de pays en développement, contre 52 signatures françaises. Pour mettre en œuvre la proposition des signataires,  Laute Alain suggère que les États, accordent une garantie publique à une quantité totale de carbone « abattue », c’est-à-dire non émise, et évaluée à un prix donné. « Les investisseurs pourraient rembourser les prêts reçus non en cash mais en certificats carbone dûment certifiés par une autorité indépendante, comme dans le cadre du mécanisme de développement propre (issu du protocole de Kyoto) ».

Précisant : « Ces certificats carbone seraient acceptés par les banques centrales, qui les transformeraient en actifs et les inscriraient sur leur balance des comptes comme elles le font pour l’or, par exemple. Cela revient à émettre du crédit, donc de la monnaie, sous condition qu’elle soit dédiée aux projets « bas carbone » ».

Les effets escomptés par  les initiateurs

Les initiateurs veulent voir intégrer au futur accord de Paris une référence «à la valeur économique et sociale des actions volontaires d’atténuation [réduction du CO2 – ndlr] » pour éviter que les mécanismes de financement mis en place au service des objectifs de réduction du CO2 ne soient pas arbitraires, explique l’économiste Jean-Charles Hourcade, directeur de recherche CNRS.  « Et pour qu’ils ne deviennent pas une source de phénomènes spéculatifs ».

On apprend que les pays en développement, représentés par le G77 + la Chine, ont accusé les deux coprésidents de la négociation, l’Algérien Ahmed Djoghlaf et l’Américain Daniel Reifsnyder, d’avoir produit un texte au service des intérêts des pays riches. Dans ce contexte, l’appel des 200 scientifiques pourrait être utilisé par les représentants du G77 pour renforcer leurs propositions sur le partage du poids financier de la transition vers un monde moins émetteur de GES.

Noël Ndong

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