COP22 : Le Maroc met les bouchées doubles

Samedi 8 Octobre 2016 - 16:04

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Entre préparatifs et enjeux, la ville de Marrakech ouvrira ses portes, du 7 au 18 novembre, à la 22ème conférence sur le climat. Une occasion pour renforcer la confiance en l’avenir et le point de départ de l’application de l’accord de Paris.

Une conférence des parties se réunit annuellement, pour analyser les avancées de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et prend des décisions pour atteindre les objectifs de lutte contre les changements climatiques. L’acronyme COP correspond à « Conference Of Parties ». Entrée en vigueur en 1994, cette conférence est l’organe de décision suprême de la CCNUCC, laquelle a été signée lors du sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992. À travers cet instrument, l’ONU s’est dotée d’un cadre d’action pour lutter contre le réchauffement climatique avec pour objectif : préserver l’environnement dans l’intérêt des générations présentes et futures.

La Convention-cadre et ses instruments juridiques connexes ont pour objectif principal de stabiliser la concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère, à un niveau qui empêche toute « perturbation anthropique dangereuse du système climatique ». Selon la CCNUCC, certains pays sont particulièrement vulnérables aux effets des changements climatiques. Les pays de faible élévation par rapport au niveau de la mer, les États insulaires, ainsi que les pays ayant des zones côtières de faible élévation, ou ceux ayant des zones arides ou semi-arides, peuvent être sujets à des épisodes climatiques extrêmes : inondations, sécheresses, désertification ... Enfin, les pays en développement, ayant des écosystèmes montagneux fragiles, sont aussi vulnérables aux effets des changements climatiques.

2000 jeunes attendus à la COY 12

La COY permet chaque année aux jeunes des quatre coins de la planète de se rassembler autour du thème « climat ». La 12ème conférence de la jeunesse (COY12) aura lieu du 4 au 6 novembre prochain, en amont de la COP 22. Quelque 2 000 jeunes du monde entier sont attendus au Maroc, selon le président du CNDH. Ces jeunes engagés pour le climat se réuniront pour faire entendre leur voix, se former, échanger et agir sur des sujets d’avenir.

A un mois de la tenue de la COP22, les différents pôles constituant le comité de pilotage de l’événement se mobilisent. Il s’agit, selon le président du comité de pilotage de l’évènement, Driss Yazami, non seulement de contribuer à amplifier la prise de conscience de la société marocaine sur les enjeux environnementaux, mais aussi d’agir pour territorialiser l’action pour l’environnement, notamment avec les nouveaux conseils régionaux. Il s’agit concrètement d’élaborer dans les prochains mois avant et après Marrakech, 12 plans d’action régionaux pour le climat, ainsi qu’organiser des préCOP régionales.

L'initiative « AAA » en question

Une rencontre internationale de haut niveau sur l’initiative pour l’Adaptation de l’agriculture africaine au changement climatique (AAA) s’est tenue en septembre dernier à Marrakech. Lancée en amont, cette initiative (AAA) vise à réduire la vulnérabilité de l'Afrique et de son agriculture face au changement climatique.

Cet événement de haut niveau a pour objectif de mobiliser l'ensemble des parties prenantes pour que l'Adaptation de l'agriculture africaine soit prise en compte dans les négociations climatiques. Il doit également permettre l’émergence de propositions de projets spécifiques visant à améliorer la gestion des sols, le contrôle de l’irrigation, et la gestion des risques climatiques sur le continent, et de solutions de financement pour accompagner l’initiative AAA.

Il sied de noter que ce continent ne bénéficie que de 5% des fonds climat, que les projets d'adaptation ne captent que 20% des fonds publics climat et que l'agriculture ne reçoit seulement que 4% de ces fonds.

S’adapter au changement climatique : une priorité

La question de l’évaluation de l’adaptation au changement climatique a été débattue par le comité scientifique au cours d’une conférence internationale sur la métrique de l’adaptation avec pour thème « Mesurer l’adaptation pour concrétiser l’action ». Quatre panels de discussion se sont succédé à savoir : les indicateurs de l’adaptation pour le secteur financier : opportunités et challenges ; la mesure de l’adaptation à travers son impact sur la résilience ; l’approche sectorielle de l’adaptation et s’intéressera notamment aux secteurs de l’agriculture et de l’urbanisme ; enfin, un quatrième panel s’est attelé à lier les indicateurs de l’adaptation aux indicateurs des Objectifs de développement durable (SDGs).

Ces discussions ont permis non seulement d’identifier et de quantifier les besoins pour l’adaptation au changement climatique, mais également d’élaborer une série d’indicateurs transposables pour mesurer et suivre les projets liés à l’adaptation. Particulièrement concerné par cette thématique, le Maroc a profité de l’occasion pour partager son expérience, notamment en matière de gestion des ressources en eau et de sécurité alimentaire. En quelques années, la question de l’adaptation au changement a pris de l’ampleur dans les négociations multilatérales pour le climat.

Et les pays vulnérables…

Le comité de pilotage de la COP22 a organisé un side event autour du thème de l’Adaptation dans les pays les moins avancés, le 22 septembre au siège des Nations unies. Cette rencontre a été l’occasion de mettre en exergue les problématiques de l’adaptation dans les pays les moins avancés, particulièrement en Afrique et en Asie. Ces régions du monde sont en effet considérées comme les plus impactées par les effets du changement climatique. Ces pays possédant rarement les ressources et capacités nécessaires pour faire face à ce phénomène, la question de l’aide et de l’assistance qui doivent leur être destinées sera débattues lors de la COP22.

« La communauté internationale est consciente de l’urgence de la question de l’adaptation. La Conférence de Marrakech sera l’occasion idéale de créer un écosystème pour l’adaptation agricole », a déclaré le président du Conseil général du développement agricole marocain, Mohamed Ait Kadi. La dimension africaine sera fortement présente dans la COP22. L’un des objectifs de la conférence sera d’apporter des réponses convaincantes aux problématiques spécifiques du continent. Selon la directrice adjointe de l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) Maria Helena Semedo, affirme qu’« il est impératif d’arriver à Marrakech avec des mesures opérationnelles, car la COP22 sera la conférence de l’action et de l’application ».

Les négociations qui se dérouleront pendant la COP22 seront principalement centrées sur les sujets de la finance climat, et particulièrement ceux liés à la levée de 100 milliards de dollars par an pour financer les projets d’adaptation et d’atténuation. Les travaux de la Conférence se pencheront également sur l’agenda de l’action, les outils d’aide pour les pays en développement, ainsi que le transfert de technologie et la mobilisation des pays qui n’ont pas encore ratifié l’Accord de Paris.

Josiane Mambou Loukoula

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: Logo de la COP22 (Crédits photo DR) Photo 2: Logo de la COY12 (Crédits photo DR) Photo 3: Une rencontre sur l'adaptation des pays vulnérables au siège de l'ONU (Crédits photo DR)

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