Côte d'Ivoire : l’opposition juge inacceptable un 3e mandat présidentiel pour Alassane Ouattara

Lundi 4 Juin 2018 - 14:33

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Les opposants au régime actuel ont soutenu l'idée, le 3 juin, à Abidjan, alors que le président sortant estime désormais que le changement de Constitution de 2016 dont il est artisan a remis tous les compteurs à zéro et que ses élections de 2010 et 2015 ne comptent pas.

Dans un entretien à l'hebdomadaire "Jeune Afrique", le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, a indiqué qu'il n'excluait pas un troisième mandat alors que la bataille pour sa succession a déjà commencé. « La nouvelle Constitution m’autorise à faire deux mandats à partir de 2020. Je ne prendrai ma décision définitive qu’à ce moment-là, en fonction de la situation de la Côte d’Ivoire. La stabilité et la paix passent avant tout, y compris avant mes principes », a-t-il précisé, interrogé sur la possibilité de se représenter. « Je considère que les Ivoiriens doivent choisir le prochain président dans la paix et sans violence, comme ils l’ont fait en 2015 (...) La démocratie et la transparence sont mes seuls objectifs », a ajouté Alassane Ouattara.

L’interprétation de la nouvelle Constitution telle que faite par le régime, et souvent diffusée par ses partisans, est largement remise en cause par l'opposition mais aussi par une grande partie de la communauté internationale.

Réagissant aux propos du président, en y voyant une provocation, une coalition de l'opposition ivoirienne a souligné que l’idée d’un troisième mandat du président Alassane Ouattara, dont le deuxième s'achève en 2020, ne pourra nullement aboutir. « Cette déclaration désormais ouverte n’est que pure provocation contre le peuple ivoirien. L’idée d’un troisième mandat, le chef de l’Etat actuel le sait, est anticonstitutionnelle, inacceptable et irréalisable en Côte d’Ivoire », a déclaré le président de « Ensemble pour la démocratie et la souveraineté » (EDS), le Pr Georges Armand Ouégnin, dans un communiqué.

La coalition a dit à Alassane Ouattara qu’il « devrait se résoudre, dès maintenant, à la mise en place d’une CEI consensuelle pour des élections libres, justes et transparentes, élections auxquelles il ne peut se présenter en 2020, mais qui doivent être le gage d'une alternance démocratique et pacifique dans notre pays ».

L’EDS est une coalition qui regroupe des partis politiques, des associations de la société civile et le Front populaire ivoirien, le parti de l'ex-président Laurent Gbagbo. La plate-forme, qui a été particulièrement active lors des protestations contre le nouveau Sénat dont l'élection a eu lieu en mars, demande surtout une nouvelle commission électorale indépendante(CEI) avant tout nouveau scrutin et notamment avant la présidentielle de 2020.

Pour certains observateurs de la situation en Côte d’Ivoire, le président ivoirien utilise la « menace » de se représenter pour faire taire les querelles internes nées de la guerre de succession qui a déjà commencé. Dans le but de briguer un troisième mandat, Alassane Ouattara tente depuis quelque temps de transformer en parti la coalition au pouvoir afin d'organiser une primaire pour la présidentielle de 2020. Fort malheureusement, cette transformation voulue se heurte encore à des réticences au sein de son propre parti mais surtout de ses alliés, notamment du principal d'entre eux, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) de l'ancien président Henri Konan Bédié, qui a permis son élection en 2010 et 2015.

Même si l’idée semble être approuvée par tous, il faut signaler que quelques points d’achoppement demeurent, dont l'investiture du candidat à la présidentielle 2020. A ce sujet, une partie des membres du PDCI estime que cette investiture revient de droit à leur formation, puisqu'ils ont soutenu à deux reprises, celle du Rassemblement des Républicains, parti du président Alassane Ouattara.

 

Nestor N'Gampoula

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