Couleurs de chez nous. Absence de compassion

Jeudi 7 Novembre 2019 - 19:57

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Comme le veut la tradition chrétienne, les Congolais sont nombreux, le 1er novembre, à se rendre dans les cimetières où reposent les leurs. Même si cette date suscite un débat à cause de la confusion faite entre la Toussaint (célébration de Saints) car, en réalité, la fête des morts intervient le 2 novembre.

Au-delà de cette confusion, notre regard est porté sur la forme et le contenu de cet événement. Devrait-il être considéré comme un moment de joie ou de tristesse ? Ou plutôt  de méditation sur le passage de l’homme sur cette terre ?

Au Congo, le 1er novembre n’est pas moins une orgie qui voit nombre de personnes échouer dans les débits de boissons une fois l’acte accompli sur la tombe de l’être disparu. Il est vrai que certains se laissent envahir par l’émotion en versant des larmes surtout si le décès est récent et que les images hantent encore l’esprit. Mais, il est aussi vrai qu’autour des tombes, des familles n’hésitent pas de consommer sur fond de musique. Une manière, dit-on, de recréer l’ambiance comme l’aimait bien le disparu.

Méchant est aussi ce spectacle de faux pleureurs et fausses pleureuses qui attirent des observateurs. On les croit pleurer sincèrement alors qu’ils jouent la comédie à l’instar de ces mauvais accompagnateurs que l’on voit remplir les bus en lieu et place des membres de la famille. Des accompagnateurs, souvent habitants du quartier ou simples opportunistes, mus par le simple plaisir de se moquer des personnes endeuillées.

Les temps présents ont effacé en nous toute mélancolie et tout chagrin. La mort a cessé d’émouvoir les Congolais. Fini ce temps où on s’arrêtait pour observer le corbillard passer ! Fini ce temps où l’on n’indexait pas une tombe !  L’heure est à la profanation organisée et assumée.

 A Itatolo comme à la Tsiémé ou à Mokondji Ngouaka, des maisons sont construites sur les tombes tandis que des aires sont aménagées pour le sport. C’est, d’ailleurs, ici que des élèves des écoles privées suivent leurs cours d’éducation physique et sportive.

« Repose en paix ! » en français ou « « Rest in peace (RIP) » en anglais, comme on le lit de plus en plus à l’annonce d’un décès, sont à classer au compte de ces phrases en totale contradiction avec nos pensées. On dit ce que l’on ne pense plus.

En Europe,  un lieu où s’est produite la mort est envahi de fleurs en signe de compassion alors que chez nous, on se rue pour prendre des images de l’accident et des victimes que l’on diffuse sur les réseaux sociaux accompagnés de commentaires sarcastiques.

On a en mémoire ces images de femmes faisant partie d’un cortège funèbre exposant leur intimité aux passants. Ainsi va notre société avec ses valeurs bafouées !

Van Francis Ntaloubi

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