Couleurs de chez nous : Congolais, commerçant malgré lui

Vendredi 25 Mai 2018 - 20:15

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Avez-vous déjà entendu parler de « tradition » d’éleveurs, d’agriculteurs, de chasseurs, de menuisiers, d’écrivains, etc. ? Il s’agit des familles ou de communautés réputées dans un domaine donné de la vie. La même observation s’applique aussi pour le commerce car n’est pas commerçant qui le veut. Comme toute activité humaine, le commerce suppose quelques dispositions acquises soit par la formation soit par l’héritage.

Or, chez nous, au Congo, tout le monde est commerçant. Ou presque. Si l’on désigne à travers ce mot toute opération à but lucratif allant de la vente du pain et des beignets à celle des voitures, du sable ou des maisons. Circulez dans les villes et villages du Congo, un constat se dégage : la présence des étals devant chaque habitation. Au sein de chacune existent même des restaurants ou bars de fortune. Ici on mange et là on boit. Dans les rues, le long de la journée, des femmes, des hommes et même des enfants hèlent des passants pour leur proposer des marchandises. Un « harcèlement » qui conduit ces commerçants d’occasion jusque dans les domiciles privés. « La vie est dure et ne sourit qu’aux endurants et aux audacieux », dit-on.

Pourtant, le même Congolais commerçant pèche sur bien de points. C’est le même qui manque toujours de pièces ou de petites coupures à restituer à l’acheteur. C’est ce même contrôleur de bus qui repousse les passagers quand il crie : « 500 frs ou 1000 frs, pas de monnaie ». Il ne fait pas bon de sortir de chez soi, le matin surtout, sans se munir de pièces. Autrement, le contrôleur vous éconduit pour avoir violé un principe qui est sacré au sein de leur corporation.

Plusieurs personnes ont en souvenir d’avoir attendu leur monnaie trente minutes durant pendant que le vendeur erre ici et là pour en chercher mais sans une quelconque annonce et sans présenter des excuses.  Des situations qui, souvent, débouchent sur des tensions quand ce ne sont pas sur des rixes. Le compromis arrive parfois lorsqu’un acheteur, bienveillant, accepte ou propose de revenir récupérer sa monnaie plus tard. N’empêche que le vendeur ou la vendeuse à la mémoire oublieuse s’agite et refuse de rendre la monnaie.

« Qui vend ici ? ». Question récurrente qui traduit le comportement des Congolais engagés dans le commerce. Car, plusieurs fois, ils ne sont pas présents à leur poste de vente. Un abandon de la marchandise dicté par le manque de considération qu’ils ont pour ce qu’ils font. Or, les Ouest-Africains chez qui ils s’approvisionnent savent rester fixes derrière leurs comptoirs. S’ajoute : leur niveau de solidarité qui les fait aller chercher la marchandise chez un « frère » dans le seul but de satisfaire le « client » et, bien sûr, de gagner l’argent et la confiance. Le vendeur congolais est capable de laisser ses clients longtemps debout, préférant s’accrocher à sa conversation téléphonique. Et quand il a fini, se pose le problème de l’article désiré qui manque ou de monnaie qui fait défaut. On connaît le Congolais « mauvais payeur ». Or, il y a aussi ce Congolais qui est commerçant  malgré lui.

Van Francis Ntaloubi

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