Couleurs de chez nous. Cotisation

Jeudi 9 Mai 2019 - 21:10

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Un mot très usuel chez nous, au Congo, et qui trouve tout son sens dans le quotidien des individus. On dira, d’ailleurs, que ce mot, dans sa pratique, meuble le mode la vie des Congolais.

Difficile pour les citoyens de ce pays de se soustraire à cette pratique de cotisation car, chaque événement exigeant une expression de solidarité, celle-ci se traduit par une mobilisation d’argent. On en est victime, acteur ou bénéficiaire tout à la fois.

Maladie, décès, promotion, voyage, admission à un concours, anniversaire, naissance, mariage, etc., autant de faits chez les Congolais qui ne laissent pas indifférents. A travers la cotisation qu’ils organisent, les Congolais expriment leur solidarité aux leurs chaque fois qu’un événement spécial s’invite dans leur vie.

En réalité, en scrutant, on comprend que le recours à la cotisation reflète le niveau et l’organisation de la vie sociale dans ce pays. Le salaire, pour ceux qui en ont, ne pouvant permettre de résoudre tous les problèmes qui se posent aux Congolais, ils sont obligés de compter sur la solidarité des autres. Dans une société où la politique de l’assurance n’est pas inscrite dans les mœurs, la cotisation mobilisée vient combler ce vide.

Et que dire de ceux qui n’ont aucun revenu ? Ils sont, eux notamment, contraints d’espérer sur cette assistance sociale même pour les besoins primaires tels que manger. A propos de l’assurance, les plus pratiquées au Congo restent celles qu’ils souscrivent pour les automobiles et celle qui est imposée aux élèves.

Ils se comptent du bout des doigts ces Congolais qui acceptent de souscrire une assurance pour leur patrimoine immobilier ou leur progéniture. Pire encore, quand il s’agit de l’assurance vie ou maladie. Un problème de culture car, même pour ce qui est de l’ouverture d’un compte en banque, seuls les fonctionnaires, les salariés des entreprises et les commerçants y en recours.

Cette étude démontre que les Congolais vivent au jour le jour et le dire n’est ni mépris ni dénigrement même si bien de facteurs permettent de comprendre cet état de fait.

Ce sont toutes ces raisons évoquées qui ont décidé le gouvernement, lui aussi, à se mobiliser pour assister une catégorie de Congolais au statut précaire. Appelé Lisungi, ce « filet social » n’est qu’une forme officielle de cette cotisation que les Congolais organisent au sein des familles, dans les quartiers ou dans les administrations pour témoigner leur solidarité aux uns et aux autres dans les moments difficiles comme dans ceux de joie.

Il faut souligner ici que dans certains cas, la cotisation est proportionnelle au statut social de chacun. Un étudiant ne versera pas le même montant qu’un fonctionnaire tout comme un ministre se verra taxer une somme plus importante qu’un enseignant. Dans les familles, par exemple, les femmes mariées sont prises sur un même pied d’égalité que les travailleurs quand bien même elles ne le seraient pas. En d’autres termes, sa part de cotisation est surévaluée dans l’espoir de voir son mari agir pour elle.

Enfin, moins tu cotises, moins on t’assiste avec ce risque de se voir mis au ban. Cotiser est un impératif.

Van Francis Ntaloubi

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