Couleurs de chez nous: DG

Jeudi 3 Janvier 2019 - 21:07

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Etre directeur général (DG) n’est ni moins ni plus qu’une grande responsabilité que certains se voient confier.  Et parmi les critères figure la compétence. Donc le mérite que confèrent la formation, couronnée par un diplôme, et l’expérience. Les autres critères viennent après, à savoir la confiance ou l’appartenance à une quelconque communauté politique, culturelle, voire sociale. Au Congo, nombreux rêvent de devenir DG même en étant conscients qu’ils ne remplissent pas les critères de base. Tout le génie des uns et des autres est d’atteindre ce niveau de responsabilités. Pour y arriver, tous les coups sont permis en commençant par la diffamation. Certains font de la manipulation en distillant des rumeurs, « ballons d’essai », sur leur éventuelle nomination à la tête de telle ou telle autre structure. Une manière d’attirer l’attention du décideur ou de frapper les consciences.

Ces astuces influencent le dispositif mental et social des Congolais si bien que chaque réunion du Conseil des ministres nourrit les conversations et donne lieu à des folles rumeurs sur les nominations. C’est la rubrique la plus attendue des comptes rendus des Conseils des ministres.

Pour la personne concernée, c’est la consécration. De même que pour sa famille. Preuve : les bouteilles de champagne que l’on débouche le soir même. Au-delà de la famille, c’est le terroir et la communauté linguistique qui jubilent. Les raisons sont connues : la fin de la misère et la garantie de l’emploi. Parfois, simplement, l’honneur d’avoir un DG.

Souvent, on devient DG sans avoir été averti. Même quand on fait le lobbying, il est difficile de parier sur ses chances de le devenir. Dans le cas des administrations publiques, chez nous, la procédure est connue, celle décrite ci-dessus : le Conseil des ministres ou le décret présidentiel.

A ce poste, on descend comme on est monté. Tout commence par des rumeurs que l’on balaie en les traitant de fausses nouvelles (fake news). Puis, aux messages succèdent des coups de fil d’amis et collaborateurs qui vous divertissent. Un sondage qui ne dit pas son nom. Rares sont ceux qui appelleront pour vous annoncer la nouvelle de votre remplacement. Alors qu’ils savent que la messe est déjà dite pour vous, ils vous enverront des messages réconfortants dans le genre « Toutes armes forgées contre vous ne vous atteindront pas ». On implore le Seigneur et on vous recommande à Dieu.

Pourquoi tant d’appréhensions ? Pourquoi la nomination ou le « départ » d’un DG suscitent une telle hystérie collective ? Car il y en a bien qui dansent ou font des crises quand ils apprennent qu’un directeur général a été relevé de ses fonctions. « Il faut des mandats pour des DG. Si la personne sait qu’elle a quatre ou cinq ans à passer à la tête de l’entreprise, elle sera préparée à l’approche de la date. Les siens le seront également. Et la fin des fonctions des DG ne fera plus l’objet d’un chantage. » Certains pensent que le problème est ailleurs. Il faut que les cadres nommés voient leurs postes comme des sacerdoces, une chaîne à leur cou au regard des défis à relever et des objectifs qu’ils sont sommés d’atteindre.

Van Francis Ntaloubi

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