Couleurs de chez nous: Dieu seul sait !

Samedi 13 Octobre 2018 - 19:23

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Les relations humaines sont loin d’être un long fleuve tranquille. Elles sont tumultueuses, éternellement en dents de scie. Parce qu’elles font se rencontrer des intérêts divergents, elles conduisent soit à des compromis soit à des  compromissions .

C’est pour épargner aux humains un règlement de différends par la force que la justice a été instituée pour rendre la vie en société agréable. Cependant, le modernisme ou le principe de la mondialisation ayant conduit les pays et les peuples à recourir à une justice plus ou moins uniformisée, nombreux éprouvent de la peine à en appliquer les principes et les sentences.

Pourquoi ? Parce que nombre d’Africains, dont les Congolais, la qualifient de « justice des Blancs » au regard des dispositions sur lesquelles elle s’appuie qui seraient tirées des réalités occidentales  et, donc, tout l’opposé du mode de vie des peuples africains. A la base demeure cette fracture sociale et culturelle au sein des sociétés africaines où le savoir côtoie l’ignorance.

Autrement dit, rendue à l’occidentale, cette justice est difficilement acceptée par des Congolais non instruits à la science juridique. Conséquence : ils préfèrent résoudre leur problème à leur façon. On entendra alors des conclusions du genre : « Entendez-vous ! » ; « C’est entre vous » ; « Laissez tomber » ; etc. Ceci dans le cas où aucun protagoniste n’est vraiment lésé et que le dommage ou le préjudice est insignifiant. On peut le constater dans les administrations, les familles, sur la circulation entre automobilistes, entre des voisins dans le quartier, au sein d’un couple ou entre communautés.

Certains différends mettent aux prises des individus aux profils opposés. C’est ainsi que celui qui se croit socialement défavorisé refuse d’ester en justice car l’imaginant déjà rangée et partiale. « Dieu seul sait ! », dit-il. Une phrase assez répandue au Congo où nombre de différends trouvent leur règlement à l’amiable.

En réalité, autour de cette phrase, « Dieu seul sait !», gravite une série d’autres qui portent en elles toute la frustration des défavorisés de la terre. « Tout se paie ici-bas » est cette autre phrase que prononcent ces personnes victimes ou lésées. C’est le cas dans les différends fonciers qui voient souvent triompher les personnes servies par la société. Celui d’en bas qui perd son terrain devant un baron de la république recoure ainsi à la justice céleste : « Dieu seul sait ! » ou « Tout se paie ici-bas ». En face, on sert ce propos aux allures méchantes : « Le ciel ne tombera pas ! »

Van Francis Ntaloubi

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