Couleurs de chez nous : Epaves

Mardi 20 Juin 2017 - 12:44

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De Makélékélé à Madibou en passant par Bacongo, Poto-Poto, Moungali, Ouenzé, Talangaï et Mfilou, le décor est identique le long des artères, avenues et rues : un décor que dominent des épaves de véhicules abandonnés. Certains depuis des années, d’autres depuis des jours seulement.

Il y a quatre ou cinq ans, la mairie de Brazzaville en avait fait un défi. L’initiative, unanimement saluée par les citoyens de la ville, a fait long feu sans que l’on sache trop pourquoi. Sauf qu’elle a laissé place à des conjectures. Et on est revenu à la « case départ ».

Des avenues transformées en cimetières pour véhicules avec un principe clair : là où survient un accident gît désormais la carcasse. Celle-ci est le résultat  d’une « opération de désossement » et de retrait des « boyaux ». En clair, faute de moyens financiers pour réparer le véhicule endommagé, le propriétaire s’empresse d’ôter le moteur et les accessoires essentiels. L’épave est abandonnée sur la place publique.

L’absence de sanctions contre les auteurs de ces actes, l’indifférence des pouvoirs publics ainsi que l’incivisme qui prend corps au Congo contribuent à l’essor de ce phénomène qui ternit l’image de nos villes. Ternir seulement ? Non, car, à partir de ces épaves en abandon naissent de nouveaux comportements tout aussi négatifs.

Outre le fait que ces carcasses obstruent la voie et faussent la circulation routière, elles servent d’abris aux enfants de la rue si ce n’est de fumoirs à certains rebuts. On peut aussi énumérer l’insalubrité qui s’y dégage, souvent à l’origine des maladies.

Le hic, c’est que le phénomène, décrié au départ, finit par s’inscrire dans la durée et,  les critiques s’estompant, les épaves sont désormais perçues comme des éléments du décor de la ville. Espérons que lors des campagnes qui s’ouvrent bientôt, quelques candidats pourraient en faire leur cheval de bataille même si, durant la législature qui s’achève, le sujet ne les a nullement interpellés. Moins encore les conseils municipaux et départementaux.

Et si on instituait une taxe pour tout véhicule abandonné ? A l’heure du resserrement du budget,  une telle mesure serait salutaire à tous points de vue. Pour rappel, il me semble ce soit Pierre Albert l’auteur de la phrase qui a inspiré ces couleurs.

 

 

 

 

 

Van Francis Ntaloubi

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