Couleurs de chez nous: Eternelles salutations !

Lundi 9 Janvier 2017 - 10:16

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Saluer est signe de solidarité, d’amitié, de politesse, etc. On salue pour briser le mur et jeter le pont entre nous et autrui. L’altruisme commence avec les salutations peut-être. Vu ainsi, ce serait une faute que de rencontrer « l’autre » et passer.

Dans nos villages, les us et coutumes imposaient de passer en revue les différentes concessions pour s’enquérir des nouvelles de la nuit et du jour. Voici le refrain entre six et huit heures : « Bonjour à toutes et à tous ! Comment allez-vous ? Quelles nouvelles ? »

Rien d’anormal dans cette pratique qui n’est pas que congolaise. Cependant, avec le temps et les défis de la vie, ces « éternelles salutations » nous empêchent d’évoluer. Si vous doutez, interrogez-vous sur l’écriteau souvent placé dans les administrations et sur lequel on peut lire : « vos visites prolongées nous empêchent de travailler». Une manière polie de faire constater aux Congolais leur degré de paresse.

En effet, plutôt que de rester dans leurs bureaux et travailler ou de vaquer aux occupations productives, les Congolais, hommes comme femmes, préfèrent sillonner les administrations pour des débats stériles. Les femmes passent leur temps à commenter une des scènes de leurs séries en vogue que fournissent les cinémas brésilien et indien pendant que les hommes, faute de commenter l’actualité politique, inscrivent la vie privée des gouvernants au menu de leurs débats. Car ils connaissent les conquêtes immobilières des uns et sentimentales des autres.

Pour revenir à nos « éternelles salutations », observer les Congolais dans la rue. Ils sont dans l’indécision et la nonchalance. Non seulement ils donnent l’impression de ne pas savoir où aller mais, en plus, ils ont le pas lent et pesant. D’où leur promptitude à saluer le premier qui leur semble familier. « Bonjour mon frère ! Cela fait un bail ! » Et l’évangile commence…

Si l’infortuné interpellé est accompagné, il n’est pas rare de voir son compagnon de route, agacé, et poursuivre son chemin jusqu’au point de disparaître. Nombre de femmes ont ainsi abandonné leurs maris dans la rue, fatiguées d’assister à une causerie dont elles ne maîtrisent ni les tenants ni les aboutissants.  Et que dire de ces enfants souvent trépignant d’impatience et tirant le pagne de « maman » dont toute l’attention est captivée par l’histoire que lui raconte une vielle amie croisée dans la rue ?

Je me rappelle un jeune qui usait d’une image pour fustiger avec élégance le comportement de son « grand » qui ne faisait pas 50 mètres sans saluer quelqu’un et y rester cinq minutes pour s’enquérir des nouvelles du village. Il parlait de « zone de turbulences » car, à ce niveau du parcours de chemin, ils avaient mille et une chances de rencontrer la fratrie venant du village.

En Europe, on reconnaîtra facilement les Congolais par ce qui vient d’être décrit. Malgré le froid hivernal !

Comme si on n’avait pas d’autres priorités.

 

Van Francis Ntaloubi

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