Couleurs de chez nous: « Gérants-buveurs »

Jeudi 14 Février 2019 - 21:09

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Le nombre de lieux et espaces de consommation de boissons au Congo est révélateur du mode de vie de la population de ce pays. Sans en être des champions, les Congolais sont de grands consommateurs d’alcool. Le dire n’est ni injurieux ni réducteur car, dans bien de pays, la bière reste très prisée. Et, des concours sont même organisés pour déclarer le grand consommateur de l’année ou du mois.

Ce que l’on constate de plus en plus au Congo, c’est que le vendeur passe pour le plus grand consommateur rivalisant avec les clients. Dans nos ngandas, caves et autres lieux de vente de bière, le « gérant » n’est jamais derrière son comptoir. Il est dissimulé dans la masse. C’est lorsque le client se présente au comptoir ou prend place dans un coin que le jeune homme ou la jeune dame apparaît pour lui demander son goût.

Assis au milieu des siens, notre serveur ne se contente pas d’observer, il boit. Et souvent sans acheter, sans dépenser car on lui offre. Plus le gérant est connu, plus ses proches arrivent et achètent davantage, mieux il est assuré de boire. Étant donné que ces lieux ouvrent souvent autour de 10 heures pour fermer vers 23 heures ou un peu au-delà, on peut évaluer la quantité de boissons consommée, même en intégrant les pauses, par certains tenanciers de bars ou vendeurs à la cave.

Qu’elles pardonnent à l’auteur de cette chronique mais ce sont les femmes qui excellent dans cet exercice de « vendre et boire ». Si on peut saluer cet exploit chez ces « vendeurs-buveurs » de ne jamais être soûls malgré la quantité de litres, il est cependant permis de s’interroger sur leur profil, leur attitude et les conséquences de ce comportement.

En effet, on constate que nombreux parmi ces gérants de bars et caves n’hésitent pas de harceler leurs clients si bien que certains individus, considérés comme des fidèles des lieux, ont fini par les déserter sans signaler.  Un manque à gagner que les dépositaires des caves et autres VIP n’évaluent pas.

Bien plus, immergés dans la clientèle, sans uniforme pour les identifier, ces vendeurs de boissons favorisent parfois des voleurs embusqués. Plusieurs fois, des personnes sont victimes de larcins de la part de gens futés se passant pour des gérants. Recourant à la formule qui consiste à « payer avant d’être servi », ces derniers soutirent l’argent et disparaissent sans être soupçonnés, laissant derrière eux une querelle entre le vrai gérant et des clients désabusés.

Ce sont ces petits faits qui obligent de plus en plus le Congolais à « commander sans payer » et de ne payer qu’une fois le produit déposé sur la table. Parce que cet acte permet au client non avisé d’identifier le serveur, le vrai, d’entre tous les vrais consommateurs aussi.

Morale : faute de tenue de travail, la place du « gérant -serveur» est derrière le comptoir car, dans nos officines, la personne joue les deux rôles : vendre et servir.

Et pour finir ? Buvez avec modération !

Van Francis Ntaloubi

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