Cours du marché : zoom sur le foufou

Mercredi 11 Décembre 2013 - 15:32

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Aliment de base pour les ménages congolais, le prix du sac de foufou d'environ 50 kg s'envole. Vendu 15 000 FCFA jusqu’au début des années 2000, le coût actuel oscille entre 35 000 et 50 000 FCFA, selon les périodes et les zones de vente. De l’avis des acteurs impliqués dans la filière, plusieurs facteurs expliquent cette instabilité

Un processus onéreux

Le prix du sac de foufou dépend de nombreux facteurs. Tout commence par l’acquisition d’un espace de terre pour réaliser un champ agricole. Ici, 15 000 à 25 000 FCFA doivent être versés au propriétaire foncier. S’ajoutent à cette acquisition, la location d’engins et la prime des ouvriers pour le labour (50 000 FCFA), le bouturage (30 000 FCFA), le désherbage, la récolte, le rouissage, le séchage et autres opérations nécessaires, toutes coûteuses.

D’après plusieurs cultivateurs consultés, la pluie est aussi un facteur déterminant. « Le sac de foufou coûte plus de 40 000 FCFA pendant la saison des pluies parce qu’il n’y a pas de soleil pour sécher le produit. Ceux qui en vendent actuellement sont ceux qui ont des stocks. Quand la demande est supérieure à l’offre, automatiquement le prix augmente », explique un cultivateur vendeur de foufou au marché Mati, à Ouenzé.

Un autre indique que, dans son village, le sac revient à 30 000 FCFA. Mais lorsqu’il s’agit de l’acheminer sur Brazzaville, la manutention et le transport entrent aussi en ligne de compte. À titre d’exemple, il explique que sa production va de 10 à 30 sacs de foufou, et qu’il doit payer 6 000 FCFA le sac pour le transport sans compter le chargeur qui place les cossettes de manioc qui, lui, est rétribué à 500 FCFA le sac de même que le porteur.

Notre enquête nous a aussi conduits dans les dépôts de stockage où le sac est taxé à 1 000 FCFA…

Enfin, d’autres facteurs sont à prendre en compte, comme le mauvais état des routes et le manque de main-d’œuvre. 

« Nos travailleurs sont en majorité des sujets étrangers. Par manque de papiers de séjour, ils sont pourchassés par la police », souligne un homme d’affaires. 

Les zones de production

Bien que le foufou soit disponible sur toute l’étendue du Congo, il existe cependant des grands bassins de production qui influencent le prix. On peut sans se tromper parler du Pool-Nord et des Plateaux qui approvisionnent Brazzaville (la moitié de la population congolaise), et même Pointe-Noire.

Un mode de distribution qui pose problème

À Brazzaville, principale destination du produit, les quartiers nord concentrent l’essentiel des points d’approvisionnement. Il s’agit du marché du lycée Thomas-Sankara ; du nouveau marché du pont de Mikalou, du terminus Mikalou, de la Tsiémé, avec Mati comme plaque-tournante.

C’est sur ces marchés spéciaux que revendeurs et consommateurs viennent s’approvisionner. Avec des coûts supplémentaires pour ceux qui doivent rejoindre d’autres zones de la ville : Moungali, Bacongo, Mfilou, Makélékélé ou Madibou. Quid des répercussions sur les consommateurs de ces zones ?

Le manque de réglementation joue sur les prix

Consommé par près de 90% de la population congolaise, le foufou ne bénéficie d’aucun encadrement de l’État quant à la production et la vente. De l’avis des personnes interrogées, les pouvoirs publics devraient organiser ce secteur par le biais des coopératives de femmes ou de jeunes. Ils pourraient garantir les crédits de campagne par exemple, les doter des machines et engins appropriés, mobiliser des véhicules de transport des zones de production vers les centres de consommation en profitant des pistes et routes ouvertes ici et là pour des campagnes mobilisant l’ensemble des départements.

L’État pourrait aussi engager des pourparlers avec les propriétaires fonciers en vue d’acquérir des terres à des fins agricoles et au bénéfice des groupements organisés. De telles mesures auraient sans nul doute un effet positif sur le coût du sac de foufou qui n’est que le résultat des facteurs décrits plus haut.

En d’autres termes, tant que régnera l’informel, c’est le consommateur qui en fera les frais et toutes les mesures sociales et financières en faveur des travailleurs seront sans véritables effets.

Lopelle Mboussa Gassia