Covid-19 : Point de vue sur la riposte psychologique et sociale à la pandémie au Congo

Mercredi 6 Mai 2020 - 14:45

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Comme dans toute pandémie de par ses velléités contagieuses, la question du covid 19 pose  un véritable problème de santé publique, en ce qu'il concerne le sujet atteint, contaminé et le sujet non   atteint dans sa relation à l'autre ; entendu par-là :  relation soignant (s)- soigné (s) dans le cadre de soins en milieu approprié, hospitalier, et relations entre les individus ou relations interpersonnelles, du point de vue des rapports sociaux ; relations qu'il convient de redéfinir avec une nouvelle réorganisation des espaces de vie en fonction du contexte très délétère du moment et qui appelle une prise de conscience collective.Comme dans toute pandémie de par ses velléités contagieuses, la question du covid 19 pose  un véritable problème de santé publique, en ce qu'il concerne le sujet atteint, contaminé et le sujet non   atteint dans sa relation à l'autre ; entendu par-là :  relation soignant (s)- soigné (s) dans le cadre de soins en milieu approprié, hospitalier, et relations entre les individus ou relations interpersonnelles, du point de vue des rapports sociaux ; relations qu'il convient de redéfinir avec une nouvelle réorganisation des espaces de vie en fonction du contexte très délétère du moment et qui appelle une prise de conscience collective.

 Tous, sommes concernés et personne n'est à l'abri puis qu'il s'agit d'un problème de santé communautaire qui engage tous les membres de la communauté nationale. Nous sommes aujourd’hui dans une situation fortement anxiogène et de stress généralisé où notre psychisme est hanté, à travers les images terrifiantes venant de l'Europe et fortement chargé par l'angoisse de mort face à un danger mortel qui produit l'effroi, la peur, le désarroi et qui pourrait, dans des cas extrêmes, provoquer des pathologies associées d'ordre psycho somatique. Toutes les barrières qui canalisent et régulent notre comportement au quotidien tombent et, avec elles, la perte des repères et des privilèges : riches et pauvres se trouvant dans la même arène.

 Questionnement psychologique sur la riposte                         

La question de la gestion psychologique du coronavirus pose, à l’évidence, le problème de l’altérité et de l’angoisse subséquente, notamment l’angoisse de mort face à laquelle les individus développent des mécanismes de défense variés selon la personnalité. On peut observer la peur, dans certains cas, la peur-panique, l’anxiété, la dénégation, la fuite, le clivage (c’est chez les autres, pas chez nous), la banalisation et la rationalisation…  

En effet, face à l’angoisse de  mort, il faut, du point de vue de la réponse psychologique en urgence, déployer auprès des malades et des sujets asymptomatiques placés en quarantaine ou en isolement, des actions d’éveil, de stimulation du potentiel défensif et de l’instinct de survie du sujet. Cela peut être rendu possible par des mécanismes de subjectivation et d’inter subjectivation par rapport à l’objet viral qui appellent une responsabilisation à la fois individuelle et collective, du point de vue de la conscience du sujet et celle du groupe social, quant à l’adoption de nouveaux comportements.

S‘agissant notamment de la stratégie préventive relative au confinement, certaines études menées, en chine particulièrement, indiquent que le confinement  ainsi que sa durée est un facteur de stress. Une durée supérieure à 10 jours est prédictive de symptômes post-traumatiques, de comportement d’évitement et de colère. Il est incontestablement une expérience potentiellement traumatisante pour certains. Comme dans tout trauma, les troubles de sommeil, l’anxiété généralisée allant jusqu’à la dépression peuvent se manifester. D’autres facteurs de stress ont été aussi identifiés aux nombres desquels :

  • les symptômes physiques qui amplifient la peur de l’infection et l’inquiétude ;
  • la peur des femmes enceintes d’être infectées et de transmettre le virus à leur futur enfant ;
  • l’ennui, la frustration et le sentiment d’isolement causés par le confinement et par la réduction des contacts physiques et sociaux ;
  • la stigmatisation ou sentiment d’être une personne à éviter, pointée du doigt et qui suscite la suspicion d’être une personne pestiférée et surtout d’être celui par qui la maladie est arrivée avec, de manière  sous-jacente, l’impression de rejet et le sentiment de culpabilité par la possibilité d’infecter les autres.

Aussi a-t-on relevé que le stress ne s’arrêtait pas avec le confinement et que certains facteurs continuaient à faire leur œuvre une fois la situation revenue à la « normale ».

Par ailleurs les conséquences économiques de la perte des revenus à l’origine d’une détresse  socio économique sont la cause de la colère et d’anxiété pendant les mois qui suivent le confinement. Cette  détresse socio économique globale occasionne la perte des relations commerciales et la fragilisation élevée des travailleurs indépendants, en l’occurrence ceux du secteur  informel.

Au plan clinique, l’isolement et la dépression, précisément, que vit le sujet soupçonné ou porteur du virus  le plongent dans des sentiments de perte de l’estime de soi, de  dévitalisation et d’anéantissement redouté de son être qui demandent à être soutenus par des procédés de prise en charge ou de suivi psychologique organisé autour de deux objectifs opérationnels à savoir :

  • Réduire la charge émotionnelle, facteur de déstructuration du moi du sujet et de son équilibre psychologique.

 

  • Renforcer l’élan vital du sujet déprimé et favoriser la réappropriation de son intégrité psychiquerompue.

Ce suivi psychologique s’inscrit dans le cadre général de la prise en charge globale et spécifiquement celui de la relation d’aide : aider le patient à prendre conscience de son état de santé et à s’inscrire dans le projet de soin qui lui est proposé. Il se fait par l’écoute dont le but est de libérer la charge émotionnelle et de gérer l’angoisse de mort souvent envahissante et débordante que vit la personne en situation d’urgence.

(Suite dans le prochain numéro)

Pr Dieudonné Tsokini, psychologue clinicien

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