Covid-19/Afrique-Europe : vers un nouveau départ d'une relation innovante à construire

Mardi 23 Juin 2020 - 13:16

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En se basant sur les chiffres du Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l'Union africaine (UA), la Covid-19 progresse en Afrique. Au niveau local, la population s'est mise elle-même en quarantaine sans attendre les consignes officielles.

Cependant la réponse reste moins évidente dans les grandes villes. Mais les pouvoirs publics ont su prendre des mesures d'urgence dès l'apparition des premiers cas de la pandémie en Afrique, appliquant un confinement graduel ou total, parfois même un couvre-feu. Toutes ces mesures ont eu une incidence directe sur les libertés publiques et sur la situation socio-économique, à cause de la place centrale de l'économie formelle dans les sociétés africaines, "mais un grand amortisseur social", souligne un rapport de l'Union européenne (UE). Face à la vulnérabilité du continent africain, la Covid-19 pourrait entraîner 27 millions d’Africains dans une situation de pauvreté extrême. 

L'UE peut apporter une aide nécessaire pour faire face aux conséquences de la Covid-19, et promouvoir de nouveaux mécanismes. En effet, face aux tumultes de la guerre commerciale États-Unis/Chine/UE, du Mercosur et du Brexit, l’Afrique est loin d’avoir constitué une priorité dans l’agenda européen "en maintenant des schémas qui s’avèrent non suffisamment efficaces, en particulier face à la crise liée à la pandémie. Ceci est regrettable alors que nos deux continents entretiennent d’étroites relations, historiques, culturelles, économiques et humaines, et sont voués à en développer davantage. L’Europe et l’Afrique s’inspirent sans cesse, même si, a priori, certains Etats membres sont plus concernés que d’autres", poursuit le document.

Dans un contexte postcolonial marqué par les désaccords sur la nature des relations que la CEE peut avoir avec les anciennes colonies de ses États membres, "le continent africain s’est imposé comme l’un des premiers avec lequel la toute jeune communauté sui generis a commencé à tisser des relations extérieures", rappelle le rapport. La CEE, avec la Convention de Yaoundé de 1963, s’est montrée capable, à travers ses outils économiques et financiers, d’aller au-delà des relations bilatérales traditionnelles. Mais il faut admettre que cette relation se fonde sur des enjeux et outils de puissance civile, bien loin de l’égalité souveraine des États prévue par les principes de droit international public, d'après le rapport. Lors du Sommet du Caire en 2000, les relations entre les deux continents semblent encore marquées par une forte asymétrie. Partant du principe qu’il convient toujours de promouvoir l’aide au développement, la sécurité du continent, le contrôle des migrations et des prétentions humanitaires, la promotion des intérêts économiques et stratégiques de l’UE, suivent la signature de la convention de Lomé, à laquelle succèdent les accords de Cotonou.

A la veille de l’accord "post-Cotonou" et du prochain Sommet UA-UE, de plus en plus d’acteurs institutionnels, économiques, universitaires et civils, avancent la nécessité de repenser les échelles pertinentes des relations euro-africaines afin que celles-ci revêtent, a minima, la clarté réclamée par les acteurs de la société civile organisée. La pandémie de Covid-19 et les besoins de réponses efficaces et visibles rendent cette nécessité urgente, conclut le document.

Noël Ndong

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