CPI/Affaire Thomas Lubanga : la réparation collective des victimes évaluée à dix millions de dollars

Samedi 16 Décembre 2017 - 16:09

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Condamné à quatorze ans de prison, l'ex-chef de l'Union des patriotes congolais (UPC) est tenu aujourd’hui de réparer le préjudice qu’il avait causé, en son temps, à des milliers d’enfants-mineurs que sa milice eut à enrôler de force dans ses rangs.

Nouveau développement dans l’affaire Thomas Lubanga qui purge actuellement sa peine au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK), ex-prison centrale de Makala. Le 15 décembre, la Cour pénale internationale (CPI) a, après examen, fixé à dix millions de dollars le montant des réparations collectives destinées aux enfants soldats ayant combattu de force sous le label UPC.

Ces victimes directes ou indirectes, à en croire la CPI, seraient au nombre de quatre cent vingt-cinq  et chacune d’elle est éligible à l’indemnisation. Même si leur nombre exact est toujours sujet à caution, il est un fait qu’ils sont des centaines, voire des milliers à côté d’autres victimes additionnelles à être affectées par les crimes de Thomas Lubanga. Pour la CPI, il sera question d’allouer huit mille dollars (soit un total de 3,4 millions) à chaque victime prise individuellement, quitte à disponibiliser par la suite 6,6 millions pour d'autres victimes potentielles. « C'est une reconnaissance de la grande souffrance vécue par les enfants exploités et abusés sous Thomas Lubanga », a réagi, auprès de l'AFP, Sandra Olsson, directrice de programme pour l'ONG Child soldiers international, satisfaite par ce dénouement. Ces réparations collectives, fait-on savoir, sont destinées à la réalisation de projets en vue de venir en aide aux enfants victimes.  

Des victimes stigmatisées et rejetées

Actuellement, nombreuses sont les victimes de Thomas Lubanga qui éprouvent de sérieuses difficultés de réintégration dans leurs communautés respectives puisque stigmatisées et rejetées. D’où le sentiment suicidaire et la peur constante qu’elles développent au quotidien. Un ressentiment fréquemment éprouvé par les jeunes filles qui rentrent au bercail flanquées d’un enfant issu du viol. Rejetées et jugées indignes au mariage, elles sont condamnées à vivre dans la pauvreté et l'isolement dans une région où l’enrôlement des mineurs dans les groupes armés à la peau dure à la suite des tensions récurrentes liées à la propriété foncière et à l'accès aux mines.

Reconnu, par ailleurs, comme indigent et sans ressources, Thomas Lubanga devra compter sur l’appui du Fonds Pieter de Baan au profit des victimes pour honorer sa facture. Cette structure a déjà alloué un million d'euros au dossier et propose un plan d'action de trois ans visant à « réconcilier les victimes avec leurs familles et les communautés affectées ».  

Cet organe indépendant, mis en place par le Statut de Rome, traité fondateur de la CPI, reçoit des contributions volontaires versées par les gouvernements membres de la Cour, d'organisations internationales et de particuliers. Il compte lourdement sur la participation des États membres pour parvenir à rassembler la somme équivalent à 8,5 millions d'euros pour permettre un début d’exécution de l'ordonnance de réparation des victimes prise par la CPI à charge de Thomas Lubanga.     

Pour rappel, l’ancien chef milicien a été condamné en juillet 2012 à quatorze ans de prison après avoir été reconnu coupable des crimes de conscription et d’enrôlement d’enfants de moins de quinze ans et de les avoir fait participer activement à des hostilités en RDC. Une sentence qui fut confirmée en appel. L’incriminé a toutefois la possibilité de faire appel de l'ordonnance qui le vise.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Thomas Lubanga

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