« Crève d’Ebola ! », ou comment la Ligue du Nord maudit ses opposants !

Lundi 13 Octobre 2014 - 18:30

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Le parti italien de la Ligue du Nord surfe sur l’émotion que provoque Ebola pour vouer aux gémonies ses adversaires politiques

Quand le député européen Mario Borghezio, membre du mouvement xénophobe de la Ligue du Nord est remonté, ses insultes il va les puiser loin. Loin dans l’horreur et l’ignominie s’entend. L’Italo-congolaise Cécile Kyenge Kashetu en sait quelque chose qui, pour le temps où elle a été ministre de l’Intégration, a été la cible préférée des attaques racistes de la Ligue du Nord. D’ailleurs aujourd’hui encore, un autre fort-en-gueule de ce mouvement soutient que le père congolais de la ministre lui aurait jeté un sort !

Mais cette fois le sort, si sort il peut y avoir, a été actionné dans le sens contraire. Car Mario Borghezio ne s’en prend pas aux immigrés ou aux Italiens de deuxième génération mais à la présidente de l’Assemblée nationale, Laura Boldrini et à tous ceux qui, comme elle, condamnent les dérapages racistes dans la société italienne. « Quoi ? Boldrini n’est pas encore partie en Afrique, au milieu des malades d’Ebola, pour apporter son aide ? Je croyais comme acquis qu’elle serait au milieu des malades infectés pour y prodiguer toute son humanité » !

Borghezio, totalement remonté, envoie la présidente (de gauche) de l’assemblée aux mille diables. « Mais oui, expédions-là là-bas, parmi les malades d’Ebola pour qu’elle y joue son rôle de défenseur des plus faibles. Et si, ma foi, elle devait s’y infecter aussi, je serais le premier à m’en excuser et à retirer toutes les blagues que je répète depuis des années sur elle. Mais je ne pense courir aucun risque, parce que nous avons à faire à la classe politique hypocrite de ceux qui n’ont jamais accueilli un seul immigré chez eux, ni sauver un désespéré du tiers-monde ».

La Ligue du Nord en veut particulièrement à la gauche italienne de proposer des mesures de clémence contre les clandestins ou de prôner un accueil plus humain des migrants débarquant en Italie. Ce parti proposa un jour de disposer des canons sur les rives de la Méditerranée pour couler les embarcations des migrants. Ebola et le djihadisme constituent donc des motifs pour fermer hermétiquement les frontières italiennes. Or « la gauche chic et cette merde d’hypocrites antiracistes » s’hérissent dès qu’on insulte un immigré ou qu’on prononce un mot-limite, s’indigne Borghezio.

« Je pense obligatoire que même Joseph Blatter (le président suisse de la Fédération international de football, FIFA – Ndlr) soit envoyé en Afrique à aider les populations frappées par Ebola et même, pourquoi pas, accompagné de ses plus proches collaborateurs. Que ceux qui ont condamné Tavecchio pour sa phrase pseudo-raciste soient solidaires : qu’ils partent tout de suite au Libéria ou au Nigéria où il y a l’Ebola. Parce qu’il est plus facile de stigmatiser une phrase et de se cacher ensuite derrière son doigt face au danger réel en Afrique ! ».

À rappeler que dans l’atmosphère de campagne à la présidence de la fédération italienne de football, Carlo Tavecchio (qui a fini par être élu) avait fait le bonheur des racistes en dénonçant la présence dans le football italien de trop de joueurs étrangers, noirs. « À peine ‘opti’ Poba a-t-il fini de manger ses bananes, qu’il vient en Italie où il est promu titulaire », avait-il dit en référence directe à l’attaquant français d’origine ivoirienne Paul labile Pogba aujourd’hui à la Juventus de Turin. La FIFA avait condamné de tels propos.

Lucien Mpama