Crimes économiques : des preuves accablantes contre Jean Didier Elongo

Lundi 21 Janvier 2019 - 19:45

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Accusé de détournement de fonds publics, l’ancien directeur général du contrôle des marchés publics (DGCMP), qui a comparu le 21 janvier devant la Cour criminelle, a été quelque peu surpris des preuves présentées par les juges.

Après la suspension de l’audience suite à une exception de la défense évoquant un vice de procédure, le procès de Jean Didier Elongo s’est poursuivi à la Cour d’appel de Brazzaville avec l’enquête de personnalité et le fond du dossier. Enseignant à l’Université Marien-Ngouabi, Jean Didier Elongo a été mis à mal par le premier président de la Cour d’appel, Christian Oba, rendant publique la lecture des pièces du dossier.

En effet, le dossier fait état de la création des chapitres quelques fois imaginaires dans la grille salariale à l’instant des rubriques « parents et ONG », « transports », « Tongo FC » et personnes extérieures qui touchaient mensuellement des sommes tournant autour de deux millions FCFA. L’autre pièce concerne le contrat de prestation de services passé entre la DGCMP et la société Equateur services dont il est le promoteur. Chiffré à six millions FCFA le mois, ce contrat prévoit la mise à disposition à la DGCMP des hôtesses, gardiens et agents d’entretien. Des faits dont il a reconnu certains tout en réfutant d’autres.

« Je suppose que c’est une invention du directeur de l’administration qui est également chargé des finances. Je suis perplexe sur ma signature, c’est un scannage sur le contrat avec Equateur services. Je ne sais pas là où on a eu ce dossier, c’est ici que je le découvre », a lâché l’accusé qui pointe également du doigt la personne qui l’a remplacé, l’estimant vouloir à tout prix assurer cet intérim.

Du côté de la cour, l’on reproche également à Jean Didier Elongo d’être à la fois ordonnateur, comptable et contrôleur. Interrogé sur le nombre de travailleurs qui est passé de cinquante, selon le canevas tracé par la Banque mondiale (BM), à cent trente et un, parfois cent cinquante, l’accusé s’en défend. « J’estime avoir réglé un problème des jeunes congolais ayant fini à l’université. C’est moi qui ai recruté tout ce monde. J’étais animé par l’esprit de servir et de création d’emplois. Si on me demande de recruter pour soulager les gens, je le ferai volontiers », a-t-il expliqué devant la cour, précisant qu’on ne peut pas être heureux dans un environnement malheureux.

Les trois témoins devant la barre le 22 janvier

S’agissant du fonctionnement de la DGCMP, il a indiqué que depuis sa création, cette structure n’avait jamais reçu la dotation de l’Etat. Elle ne fonctionnait qu'avec 0, 5% d’avis de non-objection ou frais de rétrocession issus du comité de trésorerie, des ministères et des conseils départementaux. Décryptant l’organigramme de cette administration affiliée au ministère des Finances, il a reconnu que le canevas de la BM qui arrêtait l’effectif des agents à cinquante n’avait pas prévu des chauffeurs et autres techniciens de sol. « J’ai pris beaucoup de jeunes sortis de l’université en prévision de la création des directions départementales. Pour ce faire, les émoluments prévus par la BM étaient colossaux. Par exemple, l’indemnité du directeur général était de sept millions FCFA et je l’ai réduit à cinq millions ; les directeurs centraux percevaient  un million deux cent mille au lieu d'un million cinq cents mille prévu (…) », a-t-il fait savoir, rappelant qu’il faisait partie de la commission de réformes, chargée de l’élaboration du code des marchés publics.

Quant au licenciement des agents, il a déclaré qu’ils ont été mis dehors par celui qui assure actuellement l’intérim. Ils percevaient, a-t-il ajouté, leur salaire jusqu’en janvier 2018 avant son arrestation le 9 février de la même année. D’après lui, les montants perçus n’étaient plus les mêmes au regard de la situation économique difficile que connaît le pays.

Notons que la journée du 22 janvier est consacrée aux débats contradictoires avec la comparution des trois témoins dont le directeur de l’administration.

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

- Jean Didier Elongo découvrant les pièces du dossier devant la barre / Adiac -L’accusé pendant la suspension de l’audience/Adiac

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