Crise au sein de la coalition au pouvoir : l’IRDH déplore une difficile adaptation à la mutation politique

Mardi 12 Novembre 2019 - 15:15

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Le transfert pacifique du pouvoir au sommet de l’Etat, selon l'institut, met les proches de Joseph Kabila et de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo en difficulté de trouver des nouvelles stratégies.

Les chercheurs de l’Institut de recherche en droit humains (IRDH) ont exprimé leur préoccupation face l’escalade de la violence verbale et des actes de provocation, intervenus le 9 novembre, à Kolwezi, dans le Lualaba, entre les partisans des formations politiques en coalition au sein du gouvernement de la République. Cet état de choses, notent-ils, intervient dans un contexte politique volatile qui expose le pays aux risques de graves violations des droits de l’homme, d’autant plus que l’histoire de l’épuration ethnique des années 1990 est constamment rappelée par des leaders politiques de cette partie de la République.

Dans le bulletin électronique de l'association publié le 12 novembre, ces scientifiques indiquent, en effet, que les politiciens congolais semblent ne pas s’adapter aux nouvelles réalités politiques fondées sur la tolérance, la liberté d’opinion, la contradiction et les droits de l’homme. « Le transfert pacifique du pouvoir au sommet de l’Etat met en difficulté de trouver des nouvelles stratégies, des proches de l’ancien président ayant géré pendant plus de dix-huit ans, autant que ceux du nouveau président, restés pendant plus de trente-sept ans dans l’opposition », ont-ils souligné.

Deux positions antagonistes sous un même toit

L'IRDH relève, d'une part, que le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) n’accepte pas d’avoir perdu le pouvoir au sommet de l’Etat, ses dirigeants exprimant publiquement des remords et le souci de le reprendre immédiatement, en multipliant des symboles, messages et actes qui prêtent la confusion dans la population. De l’autre, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) semble non plus savoir qu’étant au pouvoir, elle a le devoir de réserve, face aux attaques politiques de tout genre, et l’obligation de résultats dans la gestion de l’appareil de l’Etat, au bénéfice de tous. « Leurs militants sont restés focalisés sur la personne de Kabila qui pourtant n’est plus aux affaires », souligne l'association.

Risques redoutés des violations des droits de l’homme

L’IRDH alerte sur des éventuelles graves violations des droits de l’homme, prévenant par la même occasion le bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) sur la situation fragile de la République démocratique du Congo (RDC). Il indique que le PPRD et l’UDPS se livrent une guerre ouverte qui fissure la coalition au pouvoir, en manipulant leurs membres dont la majorité est inculte, zélée et fanatique. A charge du PPRD, l’IRDH relève l’affichage des portraits géants de l'ancien président, Joseph Kabila, pour dire qu'il a le contrôle permanent de la République. « Ce que des centaines d’autres partis ne pourraient faire », insiste cette association. Il reproche également à ce parti  la distillation, dans la population, des messages confus tels « Kabila est le propriétaire de l’Etat congolais » ou « Kabila forerver », au bas des portraits géants en lieux publics, etc. Quant à l’UDPS, il lui est reproché les discours de diabolisation de l’ancien président, qui ne sont autres que des actes de provocation politique. 

Relevant les risques élevés des violations des droits humains, l’IRDH rappelle aux membres de ces deux formations politiques que tout individu sera tenu responsable devant la CPI, s’il entend causer des crimes de sa compétence ou s’il est conscient qu’une telle conséquence adviendra dans le cours normal des événements qu’il provoque. En ce qui concerne les chefs des partis, l’institut indique qu’ils seront pénalement responsables des violations des droits de l’homme ou des crimes relevant de la compétence de la CPI commis par des membres subordonnés de leurs partis, placés sous leurs autorités et leurs contrôles effectifs, lorsqu’ils ne les auront pas empêchés ou exercé le contrôle qui convenait sur eux. 

Pour éviter d’en arriver là, l’IRDH appelle déjà les services publics de l’Etat dont la police judiciaire et les parquets des juridictions concernées, à diligenter des enquêtes afin que tout coupable d’atteinte aux droits de l’homme réponde de ses actes. A ces deux partis politiques, il recommande de s’atteler à la formation de leurs membres et responsables politiques, conformément à l’article 6 de la Constitution. Les organisations de la société civile sont exhortées à continuer d' identifier des présumés auteurs et documenter tous les symboles, discours, faits et actes pouvant engendrer des violations des droits de l’homme. La CPI, elle, est appelée à continuer de surveiller la situation volatile de la RDC qui souffre déjà de beaucoup d’autres cas de crimes graves de sa compétence.

Lucien Dianzenza

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