Crise centrafricaine : un nouveau sommet de la Cééac prévu à N’Djamena

Mardi 7 Janvier 2014 - 12:02

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Le représentant du Tchad à l’ONU, Mahamat Zene Cherif, a annoncé la tenue, le 9 janvier, d’un sommet de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (Cééac) consacré à la situation en Centrafrique. Il aura notamment pour but de chercher à y ramener la paix de manière à favoriser la tenue des élections le plus rapidement possible

« La Cééac se prépare à tenir le 9 janvier prochain un autre sommet extraordinaire avec la participation de tous les partenaires internationaux notamment sur l’absence des avancées au niveau sécuritaire et politique », a souligné Mahamat Zene Cherif lors d’un sommet des Nations unies organisé le 6 janvier à New York (États-Unis), qui faisait le point sur la situation en RCA.

La situation en Centrafrique, il faut le rappeler, a déjà conduit la Cééac à se réunir pour chercher des solutions à la crise qui déchire le pays. Ce fut le cas à N’Djamena en octobre dernier, lorsque l’organisation régionale avait décidé de renforcer les effectifs des soldats composant la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca). Il en fut de même le 11 janvier 2013 à Libreville (Gabon) avec la signature d’un accord entre les rebelles, alors dirigés par Michel Djotodia, et le régime de François Bozizé. Ce texte prévoyait un cessez-le-feu entre Bangui et la rébellion Séléka et le maintien au pouvoir du président François Bozizé. Il n’avait pas été respecté puisque la Séléka en avait profité pour lancer une nouvelle offensive, débouchant sur la chute du pouvoir en place.

À New York, le représentant du Tchad à l’ONU s’est opposé au déploiement des Casques bleus en RCA voulu par la quasi-totalité des États membres qui estiment que la situation s’est considérablement détériorée dans le pays. Il a défendu la force africaine sur place, la Misca, souhaitant qu’une chance lui soit donnée pour ramener la paix en Centrafrique, au lieu de la remplacer par une mission onusienne.

En attendant un rapport du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui doit décider de l’envoi des Casques bleus, les pays intéressés à ce déploiement, dont la France, ont été appelés à accélérer les préparatifs.

Les Nations unies manifestent également leur inquiétude concernant l’aide humanitaire d’autant que l’appel lancé pour la Centrafrique a reçu la réponse la plus faible des donateurs. Pour faire face à cette situation, la ministre centrafricaine des Affaires étrangères, Léonie Banga Bothy, présente au sommet de New York, a appelé à l’organisation dans les plus brefs délais d’une conférence des donateurs. « Face à l’extrême complexité de la crise actuelle, qui appelle des moyens conséquents pour venir à bout, nous sollicitons la communauté internationale. Et j’appelle à l’organisation assez rapide de la table ronde des bailleurs, souhaitée non seulement par l’Union africaine, mais également par les autorités centrafricaines », a-t-elle insisté.

En raison de l’urgence de la situation humanitaire en RCA, où 2,2 millions de personnes - soit environ la moitié de la population - ont besoin d’aide humanitaire, il a été décidé que la conférence des donateurs se tiendrait le 1er février à Addis-Abeba, en Éthiopie.

Le secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires politiques, Jeffrey Feltman, a prévenu que les affrontements intercommunautaires en RCA pourraient dégénérer en conflit religieux et embraser la région. « Les violences meurtrières sont quotidiennes dans la capitale, Bangui, et le reste du pays : la population reste divisée par les appartenances religieuses », a-t-il expliqué au Conseil de sécurité lors d’un exposé sur la situation en RCA, où des milliers de personnes ont déjà été tuées, près d’un million chassées de leurs foyers.

Selon ce responsable de l’ONU, l’accès aux quartiers résidentiels de Bangui est contrôlé soit par des miliciens anti-chrétiens, soit par des anti-musulmans. De même, les localités situées en dehors de Bangui, comme Bossangoa, Bouar, Bozoum et Paoua, entre autres, sont le théâtre d’atrocités et d’affrontements directs entre communautés chrétienne et musulmane.

« Les violences et les atrocités de la RCA doivent cesser, a poursuivi Jeffrey Feltman. Ceux qui exercent une autorité ou une influence doivent faire davantage pour mettre fin aux violences et aux violations graves contre des civils, y compris des enfants. Les attaques contre le personnel humanitaire et l’utilisation de bâtiments civils, tels que les écoles et les hôpitaux, à des fins militaires doivent également prendre fin. Je demande au conseil de rappeler à nouveau à toutes les parties au conflit leurs responsabilités au regard du droit international et de veiller à ce que tous les responsables de violations soient traduits en justice. »

Rappelons que la Centrafrique est dans la tourmente depuis que les rebelles de l’ex-Séléka, des musulmans pour l’essentiel, commettent des exactions à travers le pays. Un mouvement dit des anti-balaka (anti-machettes) a pris à son tour les armes contre ces derniers et les affrontements interconfessionnels qui ont éclaté à Bangui début décembre ont gagné d’autres parties du pays.

Nestor N'Gampoula