Crise politique en RDC : l’IRDH appelle à penser à des nouvelles voies

Mercredi 8 Mars 2017 - 18:21

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La réflexion faite par des chercheurs de cette structure démontre, en somme l’importance de la participation citoyenne à l’édifice démocratique et le besoin de tenir les politiciens responsables de leurs actions. Pour ces scientifiques, la protection des droits civils et politiques repose sur la capacité des ONG des centres universitaires de recherche et des mouvements citoyens à lutter pour les libertés publiques.

Dans son bulletin électronique du 6 mars, l’Institut de recherche en droits humains (IRDH) a noté que ses chercheurs du « Projet d’application des droits civils et politiques » (PAD-CIPO) ont réfléchi sur « l'incapacité des partis politiques de la RDC à résoudre la crise qui s’amplifie au jour le jour ». Dans leur conclusion, ces scientifiques ont, selon l’Institut, estimé que les ONG, think tanks universitaires et mouvements citoyens devraient repenser des nouvelles voies et moyens de soutenir les efforts de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cénco) et de la communauté international  afin de résoudre la crise politique persistante dans le pays.

L’IRDH a, en effet, rappelé qu’en vue de remédier à une situation de fait des partis politiques ont signé, le 31 décembre 2016, sous l’égide des évêques de l’Église catholique du Congo un accord organisant une transition vers la tenue des élections, en partageant le pouvoir entre la majorité présidentielle et l’opposition. « En effet, les animateurs d’institutions publiques n’ont plus de mandat du peuple. Celui des sénateurs a expiré depuis 2012, le deuxième et dernier accordé au président Kabila est terminé en décembre 2016, et celui des députés nationaux, a expiré en février 2017 », a souligné cet institut.

Obstacles à l’accord de la Saint-Sylvestre

Pour les chercheurs de l’IRDH, la mise en œuvre de l’Accord politique global et inclusif du Centre interdiocésain de Kinshasa souffre à cause de certaines positions des acteurs politiques. Il s’agit, à en croire cet institut, des stratégies de conservation du pouvoir des partis qui s’y accrochent, de la confusion que crée l’opposition qui ne cesse de diviser sa délégation à l’Accord et de l’attitude de la Communauté internationale face à la violation des principes de la démocratie et de la bonne gouvernance.

Parlant des stratégies de conservation du pouvoir, l’IRDH a noté qu’il n’y a pas d’indicateur de mise en œuvre des politiques d’édification d’institutions solides sur base des principes de l'État de droit. Les dirigeants d’institutions publiques, appuie-t-il, rendent compte à un groupe d’individus et ne démontrent aucun sens de redevabilité envers le peuple. « Il s’entrevoit ainsi des signes de confiscation de l’appareil de l'État et des efforts permanents de déstabilisation de tout mécanisme de transfert du pouvoir de manière civilisée. La tentative de saper l’Accord du 31 décembre 2016 n’est qu’une illustration parmi tant d’autres », a souligné cette structure.

Alors que de la confusion qui règne au sein de l'opposition, il est noté que depuis le décès d’Étienne Tshisekedi des nombreux dirigeants de l’opposition se battent afin de faire partie de toute forme de conciliabule de partage du pouvoir de l’État capturé par l’élite dirigeante. « Nombreux sont ceux qui travaillent à la division de leur propre délégation à l’Accord du 31 décembre, créant ainsi une confusion qui exacerbe la situation chaotique de gestion de l’État en dehors du cadre constitutionnel », a fait remarquer l’IRDH, qui a noté que ce comportement met en évidence la dérive idéologique et la poursuite d’intérêts personnels au détriment des principes constitutionnels justifiant le pluralisme politique, maillo- clé d’un État de droit.

Par ailleurs, sur l’attitude de la communauté internationale, les chercheurs de l'IRDH se sont également dits préoccupés par le fait que l’amplification du phénomène d’hommes forts et l’affaiblissement d’institutions publiques se soit opéré tout au cours des 18 années de la forte présence de la mission de l'ONU de maintien de la paix et de la stabilisation de la RDC (Monuc / Monusco).

Repenser les voies et moyens

Pour ces chercheurs, cette réflexion démontre, en somme, l’importance de la participation citoyenne à l’édifice démocratique et le besoin de tenir les politiciens responsables de leurs actions. Elle rappelle, ont-ils souligné, que la protection des droits civils et politiques repose sur la capacité des ONG, des centres universitaires de recherche et des mouvements citoyens à lutter pour les libertés publiques. Il en est de même du rôle proactif des structures de base, dans la construction d’institutions démocratiques solides, qui ne peut être abandonné au gouvernement ni aux partis d’opposition ni à la communauté internationale.

Selon ces chercheurs de l’IRDH, les organisations de la société civile doivent élargir le cercle de mobilisation aux groupes de réflexion plus importants pour repenser des voies et moyens de sortir la RDC de la crise politique actuelle. Les centres de recherche affiliés aux universités et les barreaux des avocats, ont-ils conclu, devraient faire partie des producteurs des matériels intellectuels, offrant des pistes de solution pour la mise en œuvre de l’Accord du 31 décembre 2016 visant l’édification d’un état de droit. « De même, les think tanks africains et internationaux devraient encourager l’innovation intellectuelle qui aiderait les Congolais à surmonter la crise politique sans fin, observée depuis l’indépendance jusqu’à ce jour. Ainsi, le pays pourra mieux préserver la paix, la sécurité et la stabilisation des institutions », ont-ils averti.

Lucien Dianzenza

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