Crise ukrainienne : un bras de fer engagé entre l’Occident et la Russie

Lundi 3 Mars 2014 - 16:02

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

La Crimée, une République autonome ukrainienne où est basée la flotte russe de la mer Noire, est devenue l’épicentre de la crise en cours en Ukraine depuis que le président Viktor Ianoukovitch, proche du Kremlin, a été évincé par le Parlement ukrainien le 22 février

Depuis lors, la tension est montée d’un cran, notamment suite à des manifestations visant à garder le pays hors de l’influence de la Russie qui a déjà déployé des  milliers de soldats sans insignes en Crimée. L’Ukraine qui s’est déjà déclarée « au bord d’une catastrophe » en raison de cette situation, a elle aussi mobilisé l’ensemble de ses réservistes pour se préparer contre une éventuelle agression russe. Avec ces bruits de bottes, et à l’allure où vont les choses, plus personne ne doute de voir la guerre éclater d’un moment à l’autre entre les deux camps puisque des soldats russes bloquent depuis quelque temps les casernes des militaires ukrainiens dans cette péninsule russophone du sud du pays.

En attendant d’éventuelles représailles des pays occidentaux, les États-Unis ont déjà clairement laissé entendre qu’ils n’envisageaient pas une option militaire pour régler ce différend. Washington se contente pour l’heure de brandir des sanctions économiques et diplomatiques à l’encontre de Moscou. Malgré cela, et selon un communiqué, le chef de la diplomatie américaine John Kerry doit se rendre mardi à Kiev afin d’afficher le soutien de Washington aux nouvelles autorités ukrainiennes.

Alors que les pays occidentaux cherchent une issue à cette crise, l’une des plus graves avec la Russie depuis la fin de la guerre froide, la Russie, qui est accusée par l’OTAN de « menacer la sécurité de l’Europe », tente de justifier sa position en menaçant de lancer une action militaire dans ce pays voisin. Dans un entretien téléphonique avec son homologue américain Barack Obama, le président russe a déclaré que son pays avait le droit de protéger ses intérêts, ceux des Russes et des Ukrainiens d’origine russe vivant en Ukraine si les violences se propagent dans les régions de l’Est et la Crimée.

Devant la persistance des dirigeants russes de maintenir la présence militaire de leur pays en Crimée, sept pays européens les plus industrialisés condamnent l’intrusion de la Russie en Ukraine. Ils ont finalement décidé d’annuler les préparatifs du sommet du G8, qui inclut la Russie, et qui devait avoir lieu en juin à Sotchi, la station touristique russe où se sont tenus les Jeux Olympiques d’hiver.

« Ce que la Russie est en train de faire en Ukraine viole les principes de la Charte des Nations unies et menace la paix et la sécurité en Europe. Il faut que la Russie arrête ses activités militaires et ses menaces », a déclaré le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, peu avant les réunions du Conseil de l’Atlantique Nord et de la Commission OTAN-Ukraine. Il a souligné que cette situation mettait effectivement en danger la souveraineté de l’Ukraine. « Nous soutenons l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine (…) L’Ukraine est notre voisin, l’Ukraine est un partenaire précieux pour l’OTAN. Nous appelons toutes les parties à continuer d’urgence tous les efforts pour sortir de cette situation dangereuse. En particulier, j’appelle la Russie à faire baisser la tension », a ajouté Anders Fogh Rasmussen.

De son côté, le Secrétaire général des Nations unies qui continue de suivre de près la crise en Ukraine après la dernière réunion du Conseil de sécurité sur ce pays, se dit très inquiet de la détérioration de la situation en Crimée. « Le Secrétaire général répète son appel à un respect complet et à la préservation de l’indépendance, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Il appelle à un retour immédiat au calme et à un dialogue direct entre toutes les parties prenantes pour résoudre la crise actuelle », a déclaré le porte-parole de Ban Ki-moon.

Lors de leur dernière rencontre, les membres du Conseil ont souligné l’importance de respecter l’unité, l’intégrité territoriale, la souveraineté indépendante de l’Ukraine. De même, ils ont appelé « toutes les parties à faire preuve de retenue et à s’abstenir des actions et rhétoriques qui pourraient aggraver la situation ».

La crise actuelle en Crimée provoque actuellement de sérieux problèmes dans les rangs des forces armées gouvernementales ukrainiennes. Il en est déjà résulté le limogeage du chef de la marine, Denis Berezovsky, qui a prêté allégeance aux autorités pro-russes de la Crimée. Il a été remplacé par le contre-amiral Sergey Hayduk.

Notons que la Crimée, région autonome au Sud de l’Ukraine, a été donnée à cette dernière par la Russie en 1954 comme symbole d’alliance amicale entre les deux camps. Elle n’est devenue partie intégrante de l’Ukraine indépendante qu’après la désintégration de l’ex-Union soviétique en 1991.

 

 

Nestor N'Gampoula